Conversation entre amis
Préférant ne pas y passer plus de temps, Jarvioss hésita entre raconter son propre vécu, ou présenter son second. Elbar choisit pour lui en désignant leur auditeur du
-Comment peux-tu tolérer cette bête de foire ?
Sous son capuchon, le licornien sourit de toutes ses dents carrées. Jarvioss lui fit un discret signe pour le dissuader de se dévoiler tout de suite, et raconta sa propre histoire. Mais avant, il préféra mettre quelques petites choses au
-Lui est mon second, et figure-toi, officiel, que la vie maritime n'a rien à voir avec la vie des continentaux. Pour nous, peu importe le peuple d'origine. On récupère tout le monde. Qu'il s'agisse d'elfes, d'impériaux, de drows, d'humains, d'yrdeïs, de licorniens, de dragoniens, de dragocorniens ou d'hybrides. Les différences culturelles et religieuses, on se torche avec. Tout ce qui compte, c'est la survie. Et pour survivre, on doit vivre en groupe. On doit connaître quels royaumes prennent les armes, lesquels s'affaiblissent, lesquels s'enrichissent. Et c'est tout. Pour le reste, à nous la
Jarvioss vit Elbar se rembrunir. Il marqua une pause, l'autorisant à en placer une. Son ancien soumis siffla entre les crocs
-Danses-tu à Sonndelayo ?
-Non, se vanta le capitaine.
Elbar se crispa. Sonndelayo était la fête la plus sacrée pour les dragoniens... du moins, pour ceux vivant sur la terre ferme. Pour les déviants comme Jarvioss, ça restait une fête noyée parmi toutes les autres. Le capitaine allait passer à son voyage depuis Nahrcouyss à la ville portuaire de Nahrstuvi, quand son second fondit sur Elbar. En un instant, le front étoilé passa par-dessus la table qui le séparait de sa cible, parcourut les deux enjambées jusqu'à Elbar en un clin d'oeil, et lui saisit le poignet, pour le fracasser contre le mur et y planter un couteau.
Le guerrier de l'aube couina de surprise, et voulut sortir les griffes, se défendre. Toujours caché derrière son capuchon, le licornien lui enfonça un genou dans le ventre pour le plaquer contre le mur, et menaça de lui planter un couteau dans la gorge.
-Qu'as-tu vu ? demanda tranquillement Jarvioss.
Depuis le temps, il se fiait au licornien.
-Il allait dégainer, répondit le front étoilé.
Sa voix ressemblait à un râle. Elbar loucha sur la marque d'engelure au menton de son agresseur. Une marque de torture Sel.
-Première et dernière fois que je tolère ta connerie, Elbar, prévint Jarvioss. Relâche-le, Lui.
Lui obéit, et retourna à sa place. Le Quézermistoss détailla le second. Quelque chose dans sa voix lui donnait une sensation de malaise. Jarvioss le laissa mariner, en reprenant son récit.
-J'allais donc dire, après la destruction de Nahrcouyss... avec la bande, on a longé la forêt, puis en voyant la ville la plus proche avec un drapeau vert, on s'est éloignés des grands chemins. Je t'avoue qu'on s'est vite perdus, mais on avançait toujours vers le nord-ouest. On évitait les batailles en cours et les mouvements d'armées, tout en cherchant des charniers. Au fond, ça nous changeait pas tellement de d'habitude... Quand on est arrivés au lac Nuhssdvia, on s'est incrustés quelques temps auprès des bateliers... Puis quand j'ai senti que la merde approchait, on s'est tirés. Tervoss et Dherrs sont restés. Restaient donc moi, Svida et Galard. On a tracé et erré plusieurs lunaisons, jusqu'à atteindre le bastion de résistance que nous voulions. La traversée des lignes licorniennes a été cauchemardesque...
"Une fois à Nahrstuvi... on a continué comme à Nahrcouyss, au début. On profitait des marées basses pour pêcher dans les trous d'eau, on se battait avec les traîne-guenilles du coin et les mouettes... parfois une amphiptère venait nous faire chier. Puis... Ssseh, Svida a failli nous tuer.
Elbar retira enfin le couteau qui l'épinglait au mur, et fronça les sourcils. Svida avait toujours été faible, plus que lui pour tout dire. Et de nature fuyante. Il la voyait mal mettre quiconque en danger.
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