Cher Journal
Cher Soleil,
ta lueur n'est plus, ta chaleur s'est égarée lorsque les hurlements de douleurs ont malmené ma gorge nouée. Dans les yeux de ma mère, j'ai pu voir mes sanglots pleuvoir. Ma peine était sienne jusqu'à ce que ses démons surpassent les miens. Dans un râle d'agonie, j'ai perdu l'espoir d'un nouveau lendemain. L'éther s'épanche sur mon âme élimée, dans la nuit, les réminiscences d'un passé effacé brisent mon cœur éploré.
De mes doigts tremblants, j'ai démêlé la chevelure dorée de maman, nettoyé les traces de ses excès en désinfectant ses bras abimés par d'assassines aiguilles. Pourtant, cela fait bien longtemps qu'elle ne panse plus aucune de mes plaies désespérées. Désespoir trouvé un funeste matin qui, jamais ne s'est éteint. Comprends-tu ma peine et mes tourments lorsque je te souille d'encre aussi obscure que ma triste folie ? Vois-tu, dans la noirceur de mes mots, tous ces sombres maux que je hurle dans le silence de ma mélancolique existence ?
Lumière, nostalgiques sont mes rêves lorsque l'astre diurne se lève. Macabres sont mes envies quand Nyx laisse s'étendre son obscurité. Sous mes paupières, un visage se dessine. Beau minois, voilà qu'elle revient, ma si jolie croix. Je crois, que dans mes ténèbres il fait briller ma stèle de mille éclats. L'océan est peiné désormais, je me noie dans le Styx de mon Enfer personnel. J'ai dit non, pourtant mon âme s'écorche la voix pour davantage de ma belle proie.
Ses baisers, envolés, m'étouffent, j'ai perdu mon souffle au fond de sa gorge alors que ses doigts enserrent mon cœur putréfié. J'aurais sûrement mieux fait de l'accepter, mais mon supplice est tel que je ne peux m'y resigner. Plus lumineux seront ses iris opalins s'il reste loin de moi.
Alors, Soleil, je mourrai lorsque maman l'aura cherché, quand mon encre sera effacée et ma fleur tristement fanée ou enfin en paix. Lorsque mon beau capitaine m'aura oublié.
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