Chapitre 26, partie 2 :

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Will Marx :

DeNil éprouve-t-il les mêmes sentiments ? Est-il amoureux de moi ?

Putain... suis-je sûr de l'être ?

Oui.

Mortellement certain.

Jordan apparaît dans mon champs de vision. Ce rouquin à l'air espiègle est le meilleur pote de Noah mais le parfait contraire de ce dernier.

— Capitaine, t'es blanc comme un cul, sers toi encore. T'as besoin d'un remontant.

J'avise Martens, les yeux plissés. Il a raison. Double dose, triple s'il le faut. Je le laisse remplir mon verre déjà à moitié, observe le liquide clair avec l'envie de me noyer dedans.

— J'ai la dalle, avoue-t-il en mordant dans un quartier de pizza.

Je suis perdu, comme déconnecté, mon esprit s'égare.

D'une démarche peu assurée, je m'éloigne de mes coéquipiers sous leurs regards lourds de sens.

Tout part à vau-l'eau dans ma tête, dans mon cœur. Je suis terrorisé mais accro à DeNil. La vérité m'a frappé, mon corps est en alerte, mon cœur aux abois.

Je traverse le salon, j'entends la musique, les voix, les discussions mais il n'y a qu'Angelo qui parvient à attirer mon attention. Il discute avec Maël. Valentin n'est plus là, désormais plus loin avec Noah et Ethan.

Le visage de DeNil semble détendu, il sourit en écoutant ce que lui dit Tobias. Son regard vert fixe mon journaliste avec beaucoup d'intensité et je finis par me demander s'il est gay.

Ce n'est pas comme si nous avions déjà évoquait un tel sujet, Maël pourrait très bien être intéressé Angelo. Il est beau, mon angelot, avec ses grands yeux bruns qui dépeignent une rage latente, une souffrance palpable ; ses ondulations blondes qui encerclent son visage à la beauté marmoréenne et ses lèvres pleines. Il pourrait plaire à n'importe qui, et ça m'est difficile de l'admettre.

— Tu as raison, admet DeNil, ce serait génial.

De quoi parlent-ils ?

— Ma Rose est très timide, elle n'osera jamais s'approcher de toi, continue-t-il.

Roselyne !

Mon cœur se remet à battre et je respire à nouveau. Maël ne sera pas mon rival, ce n'est pas mon journaliste qui le fait sourire de cette façon niaise mais sa meilleure amie. La conversation ne le concerne pas, voilà pourquoi DeNil est si détendu. Lorsqu'il m'aperçoit enfin, ses iris s'aimantent aux miens alors qu'une chaleur brutale se répand dans mes reins. Mon corps s'embrase pour un simple regard de sa part, davantage que lorsqu'il m'effleure, parce que j'ai compris. Mon obsession, je l'aime, bordel...

— Salut, Will, s'enthousiasme Tobias. Je vais vous laisser, on en reparle plus tard, continue-t-il à l'intention d'Angelo.

Je me contente de hocher la tête, complètement déphasé. C'est une catastrophe, mon monde vient de voler en éclats. Mes certitudes sont désormais de simples mirages, un amas brumeux et chimérique. Si j'ai accepté assez facilement le fait de désirer un homme, désormais je dois me faire à l'idée que mon cœur est épris du sien.

Maël s'éloigne alors que je me laisse tomber près de DeNil, les doigts tremblants autour de mon verre plein.

— Ça va ? s'enquiert-il. Pourquoi on dirait que tu viens de croiser un fantôme ?

Je n'arrive pas à parler, la gorge obstruée par une boule d'angoisse. Mes idées divaguent, je fixe un point face à moi alors que mes oreilles bourdonnent fortement. Angelo s'agite à mes côtés, sa jambe vibre contre la mienne, probablement stressé de ne pas avoir de réponse à la question qu'il vient de me poser. Au même moment, la porte d'entrée de chez Pietro s'ouvre et ainsi s'émiettent les derniers fragments de mon univers. La silhouette de Marianna se dessine dans mon champs de vision, suivie de près par Alexie et j'ai l'impression que le sol se dérobe sous mes pieds.

Je me retourne précipitamment vers Angelo, les yeux exorbités et le cœur en arrêt. Ses mâchoires sont serrées, ses poings également.

— Je ne savais pas qu'elle venait, dis-je à toute vitesse.

— Je me casse, crache-t-il en se relevant déjà.

Ma main attrape son poignet, que je relâche immédiatement lorsque je m'aperçois que mes doigts font pression sur les plaies qui recouvrent sa peau. Je refuse de lui faire du mal, mais j'aimerais pourtant le retenir. La présence de Marianna doit le mettre dans tous ses états.

— Angelo... je suis désolé, murmuré-je.

J'entends Noah ricaner alors qu'il s'approche dangereusement de nous. Il se positionne devant DeNil et l'expression, qu'il arbore me dit que l'enfer ne fait que commencer.

— Tu ne vas quand même pas partir maintenant, on va enfin s'amuser.

— Barre-toi, Carter, grince-t-il. Laisse-moi passer.

Noah rit plus fort et bouscule Angelo. Ce dernier tente un pas en arrière et tombe lourdement sur le canapé. Lorsqu'il relève la tête, ses yeux ne sont plus que deux fentes noires, sans vie, sans espoir.

— À quoi tu joues ? hurlé-je en faisant face à Carter.

Il hausse les épaules, sourit et me tape sur le bras.

— Rien du tout, je dis simplement que la fête va enfin commencer. Il ne va quand même pas nous abandonner maintenant ? Ça va être drôle.

Mon regard dérive vers mon journaliste, un rictus mauvais, presque effrayant étire ses lèvres.

— T'as raison, on va bien rigoler, dit-il froidement. Pourquoi me priverais-je de ça ?

Mon sang se glace, c'est la première fois que je le vois dans cet état et je crois que je n'aime pas ça...

— Stop ! s'écrie Pietro, Faites redescendre la pression, détendez-vous ou cassez-vous !

Le regard qu'il jette à Noah est glacial. Ses mots lui étaient entièrement destinés et il n'a pas besoin de me le préciser pour que je le comprenne.

Marianna s'approche de moi, ses mains se posent sur mes biceps alors qu'elle me sourit.

— Qu'est-ce que tu fais, là ? chuchoté-je en approchant mon visage du sien. Ce n'était pas prévu.

— Je sais, bébé, mais Noah à envoyé un texto à Alexie pour lui dire qu'il y avait une soirée chez Pietro. Tu sais comment elle est, elle n'a pas hésité à le rejoindre.

Je reste de marbre. Justement, je connais Lexi et je sais qu'elle se tient le plus loin possible des soirées de son frère. Marianna se moque de moi et j'ai bien peur que Noah n'y soit pas pour rien.

Je reprends place sur le canapé, collé à Angelo qui bouillonne intérieurement.

— On peut s'en aller, lui dis-je rapidement.

Marianna s'installe sur mes genoux, mon cœur s'arrête et dans un mouvement de tête j'avise Angelo. Il sourit, faussement, froidement.

— On va rester, lâche-t-il d'un ton qui n'annonce rien de bon.

Les doigts de ma petite amie passent dans mes cheveux, caressent mes mèches et fourragent aux travers.

Le corps d'Angelo est plus tendu que jamais, sa cuisse tressaute contre la mienne.

— Je propose un jeu, crie Noah en levant son verre. Maintenant que ma chère sœur et Marianna sont là, on va pouvoir s'amuser.

— Quel jeu ? demande Pietro sur ses gardes.

L'attention de toute l'assemblée se pose sur Carter.

— Action ou vérité, rien de plus simple. Notre hôte va nous amener une bouteille !

Pietro hésite un instant, puis se dirige vers la cuisine. Cette soirée va virer au drame, je peux aisément le comprendre en apercevant le visage déterminé de mon coéquipier.

— Angelo, soufflé-je sans me soucier des autres, viens, on s'en va...

Il secoue la tête sans me regarder et se lève pour s'inclure dans le cercle qui se forme autour de la table basse.

J'ai été bête d'emmener Angelo, c'était une erreur.

Marianna se redresse et s'installe sur le sol. À contrecœur, je prends place entre elle et Angelo, alors que Noah, face à moi, sourit comme un connard. Il pose la main sur la bouteille d'eau à moitié vide sur le centre de la table et nous regarde tour à tour.

— Prêts ? demande-t-il.

Les autres acquiescent alors que je tente de garder mon calme. Il fait tourner la bouteille puis l'immobilise sous le nez de DeNil. La colère s'immisce en moi, ce n'est pas ainsi qu'on joue.

— Action ou vérité, demande-t-il sournoisement.

Angelo n'hésite pas un seul instant avant de choisir l'action.

— Bois un shooter, le défie Noah. Depuis que tu es là je ne t'ai pas vu toucher un seul verre.

— Évidemment puisqu'il ne boit pas ! pesté-je sans laisser le temps au concerné de répondre.

— Arrête de parler à sa place, rétorque-t-il. DeNil ?

Je l'observe rapidement, ses mâchoires sont serrées mais il hoche tout de même la tête.

— Angelo, grogné-je. Non !

Il ne m'écoute pas, attrape le verre que Carter lui tend et le boit d'une traite, sans grimacer, sans se plaindre.

Bordel, c'est la merde !

Angelo fait tourner l'objet qui s'arrête face à Ethan. Le jeu suit son court, je ne parviens pas à me détendre. Je me sens mal, coupable d'être venu avec DeNil. Il est crispé à mes cotés, j'ai envie de le supplier pour qu'on s'en aille. Une fois de plus, Noah a le pouvoir sur la bouteille. Je la suis des yeux jusqu'à ce qu'elle s'arrête devant Marianna. Elle lui sourit, puis opte pour l'action.

— Fais jouir ton mec, fanfaronne-t-il. Tu as dix minutes !

Oh... seigneur !

Ma tête tourne violemment, c'est impossible. Je ne peux pas accepter alors qu'Angelo est juste là, à quelques centimètres. Je sens le regard de Pietro me transpercer, il a l'air désolé mais reste muet. Il ne peut rien dire et moi non plus. On a joué à ce jeu un million de fois et je n'ai jamais protesté face à ce genre de défis. Mes coéquipiers trouvent déjà étrange qu'Angelo soit présent, si je refuse de suivre Marianna, j'ignore ce qu'ils pourraient se mettre à penser et je refuse que la situation dérape davantage. Pourtant, mon journaliste va me haïr et j'ai peur des conséquences.

J'ai envie de hurler, de me mettre à genou devant lui, d'implorer son pardon pour les évènements qui vont suivre. Mon regard cherche le sien mais il m'ignore prodigieusement. Une douleur affreuse me foudroie lorsque je remarque ses ongles enfoncés dans la peau de ses chevilles, sous la table basse.

Marianna se lève en riant, attrape ma main et mon cœur cesse de battre.

— Ça devrait être facile, s'amuse-t-elle en tirant sur mon bras pour m'inciter à me relever.

— Allez dans la chambre d'amis, informe Pietro à contrecœur. Celle au bout du couloir.

J'ai envie de la repousser, de lui ordonner de ne plus me toucher. Elle me traîne à sa suite et j'aimerais disparaître.

Le regard qu'Angelo me lance me brise le cœur.

Non, je ne peux définitivement pas laisser une telle chose se produire. Mon cerveau s'échauffe, je réfléchis à toute vitesse dans le but de trouver une solution alors que Marianna me pousse sur le lit à peine la porte franchise.

Pardon, Angelo !

J'aurais dû régler cette situation plus tôt, je suis désolé.

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