~ Le dragon des abysses ~
Myrin était un jeune chevalier elfe, constamment en quête d’aventures épiques et de combats palpitants. Sa réputation était grande, et dépassait les frontières des royaumes. Un beau jour, il reçut une lettre du roi du pays avoisinant le sien : leurs bateaux disparaissaient sans laisser de traces, et le fond de la mer était jonché de carcasses de navires, des squelettes rouillés exposés au milieu des herbes marines, des rochers brisés et des coraux colorés. Un seul coupable pouvait répondre à un massacre d’une telle ampleur, où des équipages entiers perdaient la vie ; il s’agissait de Tylrith, le monstre des mers, la créature vengeresse, le dragon des abysses. Myrin et la bête se faisaient enfin face, dans une grotte sous-marine, le repaire du lézard géant. L’elfe ne recula pas, dégaina son épée d’acier scintillante, et toisa la bête, le front trempé de sueur.
Tylrith était immense. Il possédait un long cou pourvu d’ouïes et de branchies striées, qui crachaient une pluie de gouttelettes à chaque expiration du dragon. Ses écailles étaient argentées, vertes et bleues, elles brillaient des mille reflets de la mer, et miroitaient comme une multitude de saphirs et d’émeraudes. La tête de Tylrith, quant à elle, était allongée et triangulaire. Ses naseaux étaient deux fentes crachant une brume mouillée, de chaque côté de son museau, et ses yeux luisaient comme des perles turquoises aux pupilles verticales. Les crocs du dragon des abysses étaient des poignards nacrés, d’une blancheur éclatante et effrayante, car il s’agissait d’armes parfaites pour tuer et découper la chair. Tylrith possédait également deux paires de cornes noires, longues et torsadées, qui s’allongeaient derrière la tête.
Mais sa véritable puissance reposait dans ses ailes et sa queue. Il possédait deux immenses ailes semblables à des nageoires de poisson géant, grâce auxquelles Tylrith levait les tempêtes et faisait grimper les vagues jusqu’au ciel, noyant ainsi les meilleurs bateaux de marchandage ou de croisière. Sa queue était plate, puissante et large, elle était capable de former des tsunamis plus hauts que les palais elfiques. Quant aux pattes du dragon des abysses, elles étaient dotées de longues griffes de la même blancheur que du diamant, et elles étaient palmées, pour faciliter son aisance aquatique.
Si de la gueule de Tylrith ne jaillissait ni les flammes dévastatrices, ni la glace secrète de l’hiver, c’était à cause du lieu de vie du dragon. L’eau des océans était déjà une arme en elle-même, que la bête aquatique pliait à sa volonté et utilisait pour abattre des navires de métal entiers.
Alors le combat commença. Myrin frappait les écailles luisantes et solides du dragon des abysses, et la bête ripostait en faisant trembler la grotte du sol au plafond. La bataille fut terrible, chaque adversaire montrant un courage et une détermination sans bornes. Myrin était sans doute le meilleur chevalier et combattant de tous les royaumes, mais Tylrith était le monstrueux dragon de l’océan, et la bataille était rude. Mais le dragon des abysses était plus gros, plus puissant, et fit tomber une stalactite de pierre pendue au plafond. Le morceau de roche grise, sombre et humide s’écrasa sur Myrin, transperçant son armure de plates argentée ainsi que sa chair, de par en par. Il mourut, agonisant d’abord dans son sang, puis plongeant ses yeux dans le regard océanique de Tylrith, la dernière chose qu’il put voir de sa misérable existence.
Le dragon des abysses était bien trop fort.
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