Course poursuite hivernale
Le cœur battant contre mes tempes je courais à en perdre haleine, le bruit de mes pas frappant le pavé résonnait dans toute la rue. La peur exécutait une danse macabre au fond de mon estomac. Le souffle court, j'essayais en vain de semer mon poursuivant. Je me souvenais du froid qui s’était soudain emparé de moi, je me souvenais de cette sensation de transe, j’étais seule, perdue dans l’hiver, les lèvres et les doigts gelés. Puis quelqu’un s’était approché de moi, avec une telle discrétion que je ne le vis pas tout de suite. Mais j’eu peur, je pouvais sentir son souffle fétide sur ma joue. Prise de panique je me suis mise à courir.
Je ne pourrai dire depuis combien de temps de cours, peut-être deux heures, peut-être cinq minutes… Mais je suis terrassée de fatigue, je suis au bout, je vais lâcher prise.
Dans une dernière tentative vaine de fuir j’heurta un pavé en relief et m’écrasa de tout mon long sur la route terne. J’émis un feulement de frustration. Alors que j’essayai de me relever les pas se rapprochèrent dans mon dos jusqu’à me rejoindre. Une perle de glace roula sur ma joue quand l’inconnue me tendit la main. C’était une femme aux longs cheveux de jais, aux yeux de charbon et à la peau pâle. Tétanisée, je ne bougea pas d’un millimètre. Elle me chuchota à l’oreille :
- Tu dois me suivre, tu le sais...
- Nonnnnnnnnnnn ! S'il vous plaît… Je vous en prie, laissez moi partir !
- Je ne peux pas, me susurra t elle
- Non... Plus tard, demain, pas maintenant… Plus tard…
Comme un souffle de la brume, elle me caressa la joue et mis pris dans ses bras frêles. Un dernier son ténue s'échappe de mes lèvres gercées puis je m'abandonne.
Le lendemain matin les passant découvrir avec horreur le corps gelé d’une jeune fille emmitouflée tant bien que mal dans une fine couverture verte. Elle était allongé sur le sol blanc comme si elle tenait quelqu’un dans ses bras. Ses cheveux blonds formaient une auréole au-dessus de sa tête et sa peau était translucide. Son corps fut rapatrié et un artiste de rue graffa deux ailes d’anges sur le mur contre lequel étaient adossées les maigres possessions de la jeunes femmes.
On se rend compte toujours trop tard de la présence d’ange vivant sous nos toits.
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