« Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Or la terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l’abîme, un vent de Dieu tournoyait sur les eaux. »

Au commencement donc, il n’y avait pas grand-chose hormis Dieu qui crée. L’histoire aurait d’ailleurs pu commencer plus simplement par « Au commencement, il y avait Dieu. »

Il crée un tas de choses et en peu de temps. Les journées sont plus ou moins chargées et si l’on considère la Genèse, la majeure partie du boulot est abattue en six jours. À chaque fois, en fin de journée, Dieu valide son ouvrage avant de poursuivre (Dieu vit que cela était bon).

· Jour 1 : création de la lumière, séparation du jour et de la nuit

C’est malin de commencer par une alternance jour/nuit. Ça permet de prendre un peu de repos entre les créations et c’est plus pratique pour organiser l’agenda. Bon, ça parait pas si compliqué de distinguer la lumière de l’obscurité, mais pour un premier jour c’est déjà pas mal. Surtout si Dieu réussit à faire ça tandis que le soleil n’est créé qu’au quatrième jour…

· Jour 2 : création du ciel en séparant les eaux en deux, en dessous et au-dessus du ciel.

Là, on doit avouer que ce n’est pas très clair. Ok, Dieu crée le ciel en séparant les eaux. Ce qui signifie qu’il y a déjà des eaux. C’est manifestement Lui qui les a créées (comme toutes choses), mais cette étape n’est pas détaillée… Apparemment, Il crée une « zone tampon » entre deux zones d’eaux dont on ne comprend pas encore trop la nature.

· Jour 3 : séparation de la terre et de la mer en regroupant les eaux d'en dessous du ciel en un même lieu pour faire apparaître le sec. Création des végétaux.

Le troisième jour, c’est une grosse journée. Voilà donc à quoi était destinée la zone d’eau placée sous le ciel ! C’est la création des mers et terres (avec tous les détails côtiers). Il faut reconnaitre qu’il fallait y penser à créer des zones sèches – les continents – à partir de l’eau. Et comme si ça ne suffisait pas, Dieu crée tous les végétaux dans la foulée. Les arbres, les plantes, les algues, les fruits … Bon, Il n’a pas encore résolu le problème de la pollinisation en créant les insectes idoines, mais il l’a probablement déjà inscrit dans son rétro-planning, tout comme le développement ultérieur de la phytothérapie et des huiles essentielles.

· Jour 4 : création des deux luminaires et des étoiles

En fait le soleil et la lune ne sont que les plus visibles. On pourrait se dire que c’est peu pour une journée divine, mais à priori dans le même temps, Dieu crée l’ensemble de l’univers (les autres luminaires). Du coup, c’est quand même la plus grosse journée de la semaine. Dieu a une grosse capacité de travail.

· Jour 5 : création des poissons et des oiseaux.

C’est là qu’on se dit que Dieu a un coup d’avance ! Il aménage son programme. Clairement une petite journée de récupération. Les espèces vivant dans le ciel et la mer ont globalement peu d’interactions entre elles. Ok, il y a des problèmes à résoudre ; qui mange qui, qui vit dans l’eau douce ou salée, est-ce que je fais les mammifères marins et les tortues en fin de journée ?

· Jour 6 : création des animaux terrestres (reptiles, mammifères...) et création de l'homme et de la femme. Dans la Bible « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. » Dans la Torah : « Dieu créa l'homme à son image; c'est à l'image de Dieu qu'il le créa. Mâle et femelle furent créés à la fois. »

Voilà une journée intéressante et qui donne tout son sel à la suite de l’histoire. Le créateur parachève son œuvre et instaure une hiérarchie dans le vivant. Dieu aurait pu faire les animaux terrestres la veille, mais il y consacre une partie de la matinée du sixième jour pour finir par créer l’homme et la femme à son image. Le fait de créer l’Homme le même jour que les autres animaux terrestres pourrait faire croire à une sorte de mise à égalité entre eux, en dehors de l’aspect. Mais en fait non. Tout de suite on change de braquet. L’Homme est là pour dominer le reste, soit l’ensemble de la création.

Le texte est assez étonnant parce que contrairement à ce qu’on pourrait croire, Il ne crée pas Adam et Ève, qui viendront plus tard, mais Dieu crée un couple anonyme. Tous les autres animaux sont créés en multitude. Seuls l’homme et la femme apparaissent comme un unique couple, mâle et femelle à égalité. Peut-être est-ce seulement la création du concept de l’homme et de la femme (prolongement de Dieu), créés pour emplir et soumettre la terre et qui s’incarneront ultérieurement en Adam et Ève.

Qui plus est, Dieu crée l’homme à son image. Cela peut être entendu comme similarité physique ou sur le plan émotionnel ou psychique. Il est peu probable et même cela présente peu d’intérêt qu’il y ait entre Dieu et l’Homme une proximité physique, puisque notre condition nous limite, tant en finitude qu’en pauvreté de nos capacités, tandis que Dieu est omnipotent. Par contre, à la lecture de la suite des évènements, si l’on considère la propension de Dieu à laisser libre cours à sa colère, à la vengeance, la jalousie, la cruauté et parfois à de nobles sentiments… nous pouvons observer une certaine proximité avec l’Homme. En tout cas les écritures s’accordent, dans la Bible ou le Coran, Dieu crée l’Homme pour dominer le reste.

À la lecture de ce passage, j’ai repensé au quatrième jour de création, lorsque Dieu crée les étoiles. Il crée donc l’ensemble des multitudes de galaxies qui les contiennent et dont la plupart sont plutôt loin. A-t-il consacré sa journée à dessiner des trous noirs, des naines rouges et des pulsars sans une idée derrière la tête ? Est-ce pour la beauté du décor nocturne ou pour connaitre les horoscopes ? Si l’on garde la logique précédente, alors Dieu souhaite apparemment que l’Homme domine les étoiles. Dieu soutient la conquête spatiale.

Voilà pour les six premiers jours. L’activité de création se réalise à partir de rien, ou par séparation d’éléments existants. La création ex nihilo est principalement condensée au début de la genèse. Sorti de cet épisode, la plupart du temps « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. »

· Jour 7 : « Dieu acheva au septième jour son œuvre, qu'il avait faite: et il se reposa au septième jour de toute son œuvre, qu'il avait faite. Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia, parce qu'en ce jour il se reposa de toute son œuvre qu'il avait créée en la faisant. »

Le septième jour, Dieu se repose. C’est à peu près tout ce qu’on en sait. On peut imaginer ce qu’on veut. En tout cas, ce qui est particulièrement intéressant, c’est que Dieu, créateur omnipotent, ressent apparemment une forme de fatigue en fin de semaine. De mon point de vue, c’est presque l’information la plus incroyable de toute cette première partie. Même en essayant d’être le plus neutre possible et en adoptant une lecture naïve et littérale de ces textes, le repos de Dieu le septième jour est-il crédible un instant ? J’aurais compris qu’on me dise que Dieu passe la dernière journée à se satisfaire de son œuvre. Mais la nécessité d’un repos hebdomadaire, ressemble davantage à une recommandation tirée d’un manuel à l’usage des dirigeants pour exploiter les masses qu’à une nécessité divine. Ok, ok… trêve d’incrédulité. Revenons à l’idée initiale et attachons-nous aux enseignements directs qui peuvent être tirés de la lecture de cette partie. Pour ce septième jour, nous pourrions accepter le fait, qu’à un moment, Dieu en a assez de créer et qu’il prend, à minima, un peu de recul sur la situation. Lui et nous avons ceci en commun ; il faut savoir se préserver et avoir une journée libre de temps en temps. Dieu a besoin de se reposer.