Genèse 18 - Dieu visite Abraham et Sara
Ce chapitre présente une scène singulière qui semble se dérouler très peu de temps après la précédente. L’Éternel vient voir Abraham chez lui. Contrairement à ce qui se produit d’habitude, il n’est pas question ici d’une apparition. Trois hommes viennent visiter Abraham, parmi eux il y a Dieu. Les deux autres ne sont pas présentés, mais participent aux discussions. Étrangement, parmi ces trois touristes, Abraham reconnait immédiatement son Seigneur et l’accueille chez lui. Il lui propose de prendre un peu de repos, de se restaurer, de lui laver les pieds… Abraham, c’est quand même un gars accueillant avec ses hôtes. Mon hypothèse comme quoi il tenait un restoroute à Charan avant de rencontrer Dieu était peut-être fondée (voir chap. 12).
Les trois hommes annoncent la naissance d’un enfant l’année suivante, au sein du couple formé par Abraham et Sara. Cette annonce faite, les visiteurs se lèvent pour partir. Dieu marque un temps d’arrêt et se demande s’il doit révéler à Abraham son prochain projet. Voici l’extrait : Alors l'Éternel dit : Cacherai-je à Abraham ce que je vais faire?.../ Abraham deviendra certainement une nation grande et puissante, et en lui seront bénies toutes les nations de la terre. / Car je l'ai choisi, afin qu'il ordonne à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie de l'Éternel, en pratiquant la droiture et la justice, et qu'ainsi l'Éternel accomplisse en faveur d'Abraham les promesses qu'il lui a faites.../ Et l'Éternel dit : Le cri contre Sodome et Gomorrhe s'est accru, et leur péché est énorme. / C'est pourquoi je vais descendre, et je verrai s'ils ont agi entièrement selon le bruit venu jusqu'à moi ; et si cela n'est pas, je le saurai. / Les hommes s'éloignèrent, et allèrent vers Sodome.
Ce n’est peut-être pas limpide, mais Dieu est en train de se demander s’il va informer Abraham – son élu qui doit gouverner une puissante nation dans la droiture et la justice – qu’Il projette d’aller voir si la ville de Sodome mérite d’être détruite en raison des nombreux péchés de ses habitants.
La suite du texte est encore plus déroutante. Abraham demande à Dieu si tout cela est bien raisonnable. Il négocie avec Lui le salut de Sodome, au prétexte qu’il y a peut-être au moins cinquante habitants sympas, qui ne méritent pas de mourir dans la destruction de la cité. Dieu en convient, s’Il trouve cinquante « justes », Il ne la détruira pas. Mais Abraham poursuit sa négociation. De cinquante, il passe à quarante-cinq, puis vingt, puis dix justes. Dieu accepte de baisser ses exigences. S’Il trouve au moins dix justes dans toute la ville, Il ne la détruira pas et accordera son pardon.
Dans ce chapitre, Dieu se présente maintenant sous forme humaine et se déplace avec des compagnons. Il voyage à pied, avec les inconvénients que cela présente, pour aller voir Lui-même les situations qui nécessitent un arbitrage. C’est à se demander s’Il n’a pas un peu rétrogradé au niveau des compétences… En plus de cela, Il hésite sur la décision à prendre et négocie le tarif de la punition divine. On peut en déduire que Dieu est indécis et Il est influençable.
C’est également la première fois, que Dieu précise qu’Il attend d’Abraham de la droiture et de la justice. Il n’en dit pas plus. Cependant, si l’on considère les exemples de comportements validés par Dieu et la conception de la justice divine pratiquée jusqu’à présent… On est en droit d’être un peu dubitatif sur ce qui est attendu d’Abraham.
Annotations