Le temps

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Le temps est versatile.

Il est illusoire.

Il est relatif.

Il peut s'allonger indéfiniment et nous restons à le contempler...

Une minute, encore une minute, encore une minute.

Sont-elles mortes ces aiguilles ? Non, c'est impossible !

Elles sont arrêtées.

Et il peut devenir rapide, plus rapide que la respiration, plus rapide que le battement des cils.

Là, on s'affole contre l'écoulement du temps qui nous rapproche.

Arrêtez-le ! Faites quelque chose !

Pitié !

Pitié !

Pitié !

***************************

Fanny regardait les aiguilles de la pendule qui décorait la salle de repos.

Elle les fixait et en était hypnotisée.

Le temps.

On lui avait confisqué son téléphone.

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Ce fut d'abord considéré comme un caprice.

Un caprice.

On ne le releva pas.

Juste une remarque en passant. Un sourire d'une infirmière et un sourcil levé.

Ce fut ensuite considéré comme une atteinte.

Une critique.

On s'opposa fermement.

Des plateaux déposés sur ses genoux et des admonestations.

Et les aiguilles avançaient si lentement.

Il fallait des années pour faire une heure.

Des siècles pour une journée.

Mais Fanny restait intraitable.

***************************

Le temps est une invention humaine.

En réalité, il n'existe pas.

Chacun vit une journée différente et une heure de mesure différente.

L'heure d'un homme d'affaire ou d'une mère de famille ne correspondait pas à l'heure de l'élève gardé dans son collège ou du prisonnier derrière ses barreaux.

Pourtant, c'était le même temps et la même heure.

Au-dessus de la porte de la salle de repos, il y avait une pendule.

Dans sa chambre, Fanny voyait se dérouler le temps par la couleur du ciel.

Tiens ? Le matin ? Mais voici le soir qui tombe ?

La neige, le soleil, la pluie, le froid, la chaleur...

Elle était là depuis ?

Des temps immémoriaux.

On lui avait confisqué son téléphone.

********************************

Ce qui avait commencé comme une plaisanterie devint un jeu dangereux.

Le médecin vint visiter Fanny et la mettre en garde.

Les infirmières se firent plus douces.

En vain.

On l'attacha et on lui glissa une intraveineuse.

Ses mains étaient devenues diaphanes, ses poignets étaient si fins et son visage...n'existait plus.

Son corps absorba des nutriments.

Car il fallait manger.

Et son âme ?

*******************************

Le temps est illusoire.

Il est changeant et versatile.

Il n'a pas la même durée et la même qualité.

Fanny se surprit à compter les secondes.

Le temps...de respirer...

Mais pour quoi ?

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