Libération
Un hôpital psychiatrique.
Un hôpital psychiatrique.
UN HÔPITAL PSYCHIATRIQUE.
C'était quelque chose de honteux. Une tache sur sa vie.
On n'en parlait jamais, jamais, jamais.
A personne, personne, personne.
Vous imaginez ?
" Bonjour, je m'appelle Fanny Guidez. J'ai été six mois dans un hôpital psychiatrique. Mais vous inquiétez pas ! Je vais mieux !"
Ou alors :
" Bonjour, je m'appelle mademoiselle Guidez. J'ai traversé une période trouble de ma vie durant laquelle j'ai dû rester pendant six mois dans un établissement de santé. Oui, oui, je vais mieux."
Ou aussi :
" Bonjour, je m'appelle Fanny. Je vais très bien. Très bien ! Grâce à un séjour longue durée dans un asile d'aliénés. Mais je vais bien ! Très bien !"
Encore mieux :
" Salut, je suis Fanny. J'ai été enfermée pendant six mois dans une maison de fous. Je vais mieux qu'ils ont dit. Vous y croyez, vous ?"
Elle allait mieux.
Ce fut la conclusion de la psychiatre.
Elle allait mieux.
A cela trois causes :
- elle s'était ouverte aux autres
- elle s'était acceptée
- elle s'était intégrée dans la société.
D'où ont découlé trois conséquences :
- elle n'était plus neurasthénique
- elle ne se faisait plus mal
- elle s'intéressait plus aux autres.
Elle allait mieux.
CQFD
Alors il fallait qu'elle s'entraîne :
Comment présenter cette partie de sa vie ?
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Son frère la regardait avec inquiétude dans le rétroviseur de la belle voiture de luxe qu'il conduisait d'une main de maître.
Il ne savait pas quoi dire.
Elle était vivante et elle était libre.
Merde !
Pauvre connard de frère parfait !
Elle lui fit un clin d'oeil dans le rétroviseur et il fronça les sourcils.
" Et maintenant ?, souffla son frère.
- Maintenant ? Je veux une douche, une pizza et une nouvelle batterie pour Anthéa.
- Anthéa ?
- C'est mon téléphone.
Son frère eut le bon goût de se taire.
Fanny sortait de l'HP, elle avait le droit d'avoir un grain de folie.
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Chez son frère, elle retrouva sa femme et ses enfants.
Tous beaux et bien portants.
Tous avaient bien appris leur leçon et l'accueillirent avec un sourire large et enjoué.
Hypocrites !
Des enfants qui lui jetaient des regards en coin et une femme, furieusement inquiète de ce que Fanny pouvait faire.
La tuer dans son sommeil, pardi !
Elle et ses mômes.
Fanny voulut fuir dés cette première nuit.
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Elle est allée marcher dans les rues de la ville.
Son frère l'a regardée partir avec un visage pâle d'inquiétude.
Mais lorsqu'il fit mine de la suivre, sa femme a secoué la tête lentement, aussi affolée que lui.
Fanny est allée marcher dans les rues de la ville.
Lestée d'une pizza et respirant l'air de la liberté.
Elle retrouva ses planques et ses repères.
Bientôt, elle retrouverait ses dealers et ses bites.
Et le voyage se poursuivrait.
" Salut, je suis Fanny. J'ai été enfermée pendant six mois dans une maison de fous. Je vais mieux qu'ils ont dit. Vous y croyez, vous ? Moi, je n'y crois pas ! "
Et puis, sur un des toits qui lui avait servi de dortoir, elle s'est assise. Il faisait froid. Fanny avait perdu l'habitude du froid.
Elle regardait les étoiles.
Et elle se demandait honnêtement ce qu'elle allait devenir.
" Simplement vivre...," murmura une voix dans le silence.
Dans sa tête, sans nul doute.
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