Chapitre 2

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Le trentenaire, musclé comme un boxeur, prit place à la gauche de sa supérieure. La présence des deux policiers surprit Alice.

 -Commissaire Teunié, Raoul ! Dit-elle d’un ton chaleureux. Qu’est-ce qui vous amène à cette heure ?

 -On vient prendre notre repas Alice.

Répondit du tac au tac la commissaire avant d’ajouter d’un ton neutre.

 -Et j’aimerais parler à Tobias s’il est là.

Cette demande fit perdre son sourire à la barmaid, mais les paroles de Valérie ne surprirent guère le jeune homme, qui mangeait dans la salle du personnel derrière le comptoir. En effet, depuis deux ans environ, il avait pris l’habitude que la commissaire vienne le questionner sans crier gare. Sans que son patron n’ait besoin de l’appeler, Tobias délaissa son repas et vint se placer face aux deux policiers.

 -Bonjour commissaire, capitaine Rameau. Que puis-je pour vous ?

Comme à chacune de leurs conversations, la commissaire planta ses yeux bleus dans ceux de Tobias qui étaient d’un vert émeraude.

 -Tu sais que ça fait plusieurs jours que des gens subissent des agressions dans le comté.

Tobias confirma, les réseaux sociaux et les médias locaux ne parlaient que de ça.

 -Tous ces gens sont à l’hôpital dans un état quasi végétatif.

 -D’accord, répondit Tobias, mais je ne vois pas en quoi je pourrais vous aider.

Un sourire ironique se dessina sur le visage de la commissaire, le jeune homme savait ce qu’il signifiait.

 -Je voulais juste te tenir au courant, dit Valérie avant de prendre sa commande et celle de son    coéquipier.

Les deux enquêteurs quittèrent le bar comme ils étaient venus. Dehors, Valérie et Raoul montèrent dans la vieille Renault du commandant. Une fois installé, Raoul prit son sandwich et l’attaqua à pleines dents. Entre deux bouchées, le commandant demanda :

 -On va encore tenter de le prendre en filature, commissaire ?

Valérie mâcha longuement la bouchée de son sandwich avant de répondre :

 -Bien entendu Raoul. Sinon pourquoi viendrait-on au Grand-Duc ?

 -Pour les meilleurs sandwichs de la ville ?

La commissaire reconnut que son subalterne avait raison, elle eut un petit rire avant de reprendre son repas.

***

Vers 19h00, Tobias prit la fin de son service et laissa place à l’équipe du soir. Avant même de sortir dans la rue, il sentit l’aura de la commissaire Teunié et du commandant Rameau. Il percevait leur respiration, leur âme et même leur pensée en se concentrant. Mais il n’en avait pas besoin, il avait su ce que les deux policiers avaient l’intention de faire dès l’instant où ils avaient franchi le seuil du Grand-Duc.

À chaque affaire criminelle un peu étrange se produisant, Valérie soupçonnait le jeune Crow d’y jouer un rôle. Ses cernes étaient, pour la commissaire, la preuve de l’intense activité nocturne de Tobias. Teunié et son coéquipier, tentaient donc de le suivre afin de savoir ce qu’il faisait toutes les nuits, sans jamais y arriver.

Tobias sortit du bar par la porte de service comme toujours, et prit le chemin de retour vers son appartement. Aussitôt, la commissaire et le commandant se mirent en mouvement, l’un sur le même trottoir et l’autre sur l’opposé, les deux à une vingtaine de mètres derrière leur cible. Valérie et Raoul suivirent Tobias sans problème, mais au premier croisement, ce dernier se volatilisa. La commissaire jura :

 -Et merde ! Encore raté.

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