Le plan était assez simple, tuer le plus de monstres possibles, les attirer pour les éloigner des civils. Puis les semer et se rendre sur le promontoire pour enquêter.

C’est ce que fit l’Esper, il se jeta dans la mêlé et fit pleuvoir toute sa puissance sur ses ennemis. Une fois de plus une avalanche de foudre, de flamme et de lame déferla dans les rues inondées. Pendant 30 minutes, Tobias couru à toute allure, sautant d’un toit à un autre pour pousser les monstres à l’attaquer un par-par un, puis par paquets de dizaine, esquivant les coups de griffes et les mâchoires claquantes.

Lorsqu’il s’évanoui à nouveau dans sa cape d’illusion, les bâtiments étaient badigeonnés d’un sang noir et poisseux. Entre temps les rescapés avaient rejoint les secours, ils étaient en sécurité à présent. Rassuré, l’Esper sema ses poursuivant et se pressa. Il devait rejoindre le promontoire en vitesse.

***

Il fallut presque une heure à Tobias, pour atteindre son objectif. Toujours dissimulé sous un sort d’illusions, l’Esper gravit la pente du monticule de terre et de roches. À son sommet, il y trouva bien plus qu’il n’espérait : les cendres d’un immense bucher y fumaient, et sous la couche de suie il put voir les tracés d’une étrange figure géométrique.

Si le commun des mortels n’y aurait rien vu de particulier, pour un Esper c’était un cercle mystique. En plus de cela, Tobias sentait clairement que la concentration d’énergie mystiques de la zone était dix fois supérieur à ce qu’il avait perçu en ville. Plus de doute possible, le pouvoir responsable de la catastrophe avait été invoqué ici même.

Un infime picotement et un bruit de pas léger furent le seul avertissement. Tobias dressa son bouclier mental alors qu’une boule de feu fonçait sur lui. Le projectile incandescent s’écrasa sur la barrière mystique dans une bruyante déflagration. L’Esper grimaça sous l’effort, devant lui se tenait une silhouette vêtue d’une tunique vert sombre. Le visage de l’assaillant était dissimulé par un masque grotesque, représentant une caricature de visage, la partie inférieure était décorée par une myriade de tentacules.

Sans hésiter, Tobias riposta et fit pleuvoir une pluie de boule de feu azur sur son agresseur. Le sorcier masqué marmonna une étrange incantation gutturale, une carapace translucide se forma autour de lui. La nué de sphères ignescentes se fracassèrent sur la barrière, qui teint le coup. Mais Tobias avait plus d’un tour dans son sac, l’Esper incanta à nouveau et les flammes bleues tout juste dispersées se rassemblèrent. Un cercle incandescent se forma au pied du mystique tentaculaire, une immense main enserra sa barrière comme un œuf et se mit à le presser comme un citron. Le bouclier résista quelques secondes avant de se briser comme du verre.

Le mystique fut soufflé par la vague de flammes, en poussant un cri de douleur strident, alors qu’une odeur de chair carbonisée se répandait dans l’air. Le cadavre fumant du mage ennemi s’écroula sur le sol du promontoire.

Toujours sur ses gardes, Tobias sonda les alentours. Tous ses sens en alerte ! Rien. Le mage était seul, du moins en apparence. Tout en sueur, l’Esper s’approcha du cadavre de son ennemi et l’inspecta. La robe avait presque entièrement brûlée, dans le doute il en prit tout de même un morceau. Le masque était dans un état plus exploitable, il représentait un visage quasi humain, mais dont la partie inférieure était composée d’une masse de tentacules grouillantes.

Heureusement, le feu n’avait pas attaqué la peau du visage. Le visage dissimulé par le masque était celui d’un homme d’une trentaine d’années. Des yeux verts profondément enfoncés dans ses orbites. Il fouilla le cadavre mais ne trouva aucun élément permettant d’identifier clairement l’individu qui avait tout d’un cultiste ou d’un sectaire.

Abandonnant la dépouille du mage inconnu, Tobias s’en retourna au cercle occulte. Mais alors qu’il s’approchait des cendres du brasiers, l’Esper remarqua quelque chose dans la baie : en effet au centre de la crique s’élevait une colonne de roches noires couvertes d’algues. Tobias avait entendu parlais du récif de Val-Insmmoth, mais aux dernières nouvelles il ne s’élevait pas à dix mètres au-dessus de l’eau.

Le mystique se concentra, sondant chaque parcelle de terrain environnante à la recherche de la plus petite trace d’énergie. À présent il le percevait clairement ! Une magie colossale avait été utilisée sur ce plateau avant d’être dirigée droit sur le récif. Mais le plus inquiétant aux yeux de Tobias, était les auras qui semblaient se cacher sous la colonne de pierre.

Ses monstres…ses…hommes-poissons avaient émergé de ce récif et d’autres horreurs abyssales s’y trouvaient encore.

Il percevait des centaines d’âmes assoiffée de sang et de chair humaine grouiller sous le récif. Des êtres sanguinaire qui ne demandaient qu’à jaillir des entrailles du rocher pour venir se servir dans le buffet à volonté qu’était Val-Insmmoth.

Tobias se mit à réfléchir autant que son esprit le pouvait, mais il lui manquait trop d’information. Il était évident que le sortilège qui avait provoqué la tempête et le séisme était lié à ce mage masqué qui l’avait attaqué.

L’Esper retourna auprès du cadavre, posa la main sur le visage du mort et se concentra. Il invoqua l’énergie qu’il manipulait pour lancer ses sorts et créa un envoutement. Le sorts s’enroula autour du crâne du macchabé puis atteignit le cerveau. Tobias intensifia alors le flux d’énergie mystique, en agissant ainsi il comptait accéder à une fraction de la mémoire du mage.

Il ne fut guère déçu : il vit alors des bribes d’images, les rues du port, une grande bâtisse en galets, des murs recouverts de bas-reliefs étranges.

Puis les images cessèrent d’affluer, Tobias était de retour sur le promontoire accroupit près du cadavre. Le jeune avait réuni suffisamment d’indices pour poursuivre ses recherches. Il retourna sur le rebord du rocher et observa les constructions du port, il reconnut plusieurs rues que les souvenirs du mage mort lui avaient montré.

Mais depuis sa position il ne trouvait pas la bâtisse de galet. Utilisant à nouveau son sortilège de marche aérienne, il se jeta du promontoire et amorça sa descente en douceur vers le port.

***

Dans les premières rues de la ville, la journaliste Sarah Rochelle et son caméraman François Chauvel étaient occupés à interroger le dernier groupe de citoyens à être sortit de Val-Insmmoth. Comme tous les autres, ils parlaient des monstres à face de poissons qui les avaient attaqués avant de les acculer dans une salle des fêtes. Mais cette fois, un nouveau détail apparut dans ce témoignage, les villageois parlèrent d’un homme masqué qui les avaient sauvés. Ils le décrivirent comme un homme lançant des éclairs et des flammes.

La journaliste et son collègue se demandaient sérieusement si les habitants de Val-Insmmoth n’était pas fou. Robert eu l’impolitesse de murmurer cela, et un des adolescents présent l’entendit :

-Et ce qui descends du rocher là-haut, c’est une hallucination sous crack peut-être ? dit le jeune garçon sur ton qui se voulait sarcastique.

Aussitôt le caméraman tourna la tête, sa caméra à la suite, et il manqua de s’étrangler, tandis que Sarah lâchait un cri d’exclamation accompagné d’une dizaine d’autres personne, à la vue d’une silhouette humanoïde encapuchonné.

***