Prologue

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  • Que faisons-nous ?

L'homme en blouse blanche se tourna vers son collègue en blouse noire.

  • Quelque chose que personne ne devra savoir. Personne.

L'homme en blouse noir déglutit. Il tremblait devant ce qu'ils étaient entrain de créer. Mais ce tremblement n'était pas dû à la peur. Plutôt à l'excitation. Devant ses yeux, il voyait tous les écrans de contrôle qui clignotaient. Ils affichaient du rouge. La couleur du sang. Mais jamais cette couleur n'avait été annonciateur d'une aussi bonne nouvelle. Il sentait dans son ventre des papillons se battre. Comme s'il était amoureux. C'était peut-être bien ça. Il était amoureux de ce qu'ils créaient, lui et son comparse en blouse blanche.

  • Et c'est bien, ce que nous faisons, n'est-ce pas ? demanda-t-il dans un souffle.
  • Oui. Oui, ce que nous faisons est bien. Que se passe-t-il ? Tu as des doutes ?
  • Non, non. Je trouve ça jouissif de l'entendre. C'est comme si c'était déjà réel.
  • Tu es trop impatient, ça te jouera des tours, répondit l'homme en blouse blanche distraitement en continuant à configurer quelques choses sur son ordinateur.

L'homme en blouse noir ne dit rien, sourit simplement. Il se remit lui aussi au travail. Il avait hâte de terminer pour pouvoir admirer son œuvre. Cette œuvre d'art allait être magnifique. Il avait hâte de la voir aboutie. Elle allait être éphémère, il ne pourrait l'admirer que quelque seconde. Il se préparait depuis toujours pour cette poignée de seconde. Il ne vivait que pour elles et pour le monde qui les suivra. Il savait que l'homme en blouse blanche à ses côtés partageaient avec lui ce but, cet unique rêve. Bien qu'il ne le manifeste pas autant que lui. Ils avaient donné leur vies à ce projet. C'était le prix à payer. Mais ils étaient prêts.

  • C'est terminé... souffla l'homme en blouse blanche.

L'homme en blouse noire regarda son écran, d'un air satisfait. Oui. C'était terminé. Ils venaient de compléter les dernière lignes de calculs. Les dernière lignes de codes qui se dressaient entre eux et leur idéal. Son comparse fit craquer ses doigts, comblé par le résultat de leurs années de recherchent. Il se leva de son siège. Ils s'étaient accordé sur ce point. Ce serait lui qui feraient le discours. Leur dernier discours. Il était le plus éloquent. Et l'homme en blouse noire le savait. Ce dernier ne se lassait jamais de l'écouter. Il savait qu'il allait prendre la parole. Alors il s'était levé, et avait fermé les yeux, une main sur son cœur, prêt à acceuillir en lui le discours de son compère en blouse blanche.

  • Aujourd'hui, nous écrivons l'Histoire. Celle que nos ancêtres ont portée haut. Celle que notre monde actuel s'acharne à détruire. Celle que nous sauvons aujourd'hui. Les autres Hommes ne comprendront pas. S'ils découvrent dans le futur ce que nous faisons dans le présent, ils nous haïront. Mais nous sommes prêts. Nous sacrifions tout pour donner ce tout aux générations futures. Nous...
  • Papa ? Papou ? Qu'est ce que vous faîtes ?

L'homme en blouse blanche se tourna vers l'entrée du laboratoire. Une petite fille ensommeillée se tenait sur le pas de la porte. Elle portait une chemise de nuit blanche qui flottait autour de son corps fin et fragile. De sa main droite, elle frottait son oeil encore endormi, de sa main gauche, elle retenait un ours brun. Elle semblait si frêle que l'homme en blouse blanche ne pu s'empêcher d'avoir un pincement au coeur.

  • Nadia, que fais-tu ici mon ange ? Tu sais que c'est le grand jour. Tu devrais être dans ta chambre.
  • Mais, Papa, je voudrais venir avec vous...
  • Nadia, ma puce... fit doucement l'homme en blouse noire. Nous t'avons d'ors et déjà expliqué n'est ce pas ? Tu ne voudrais pas que tout soit perdu par ta faute ?
  • Non, Papou, répondit la jeune fille, en séchant ses larmes. Je serais courageuse ! Comme vous me l'avez demandé.
  • Alors retourne te coucher ma puce. Demain sera un autre jour. Et nous serons avec toi, pour toujours.

Nadia acquiesça et sortit de la pièce, le sourire au lèvre malgré les larmes qui coulaient sur ses joues. Elle faisait confiance à ses pères. Il lui avait promis une belle surprise demain, pour son anniversaire, si elle était sage. Nadia avait déjà le coeur en joie en songeant à ce que pouvait bien être cette fameuse surprise. Ses deux parents la regardèrent partir, le visage légèrement pâle et déconfis, mais aussi renforcé dans l'idée que ce qu'il faisait été la meilleure chose à faire.

  • Oui, pour toujours... souffla l'homme en blouse blanche.

En comprenant que le moment était venu, l'homme en blouse noire appuyant sur un bouton. Une simple pression.

Et les meilleurs secondes de leurs vies commencèrent.

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