Chapitre 1 : L'Institut Cyberca
Edern ouvrit les yeux lorsque son réveil se mit à diffuser une musique de Chopin. Elle vit plusieurs onglets s'ouvrir dans son champ de vision.
♦ Samedi ; 6 h 30
♦ Réveil : Repousser / Arrêter
→ Arrêter
Le réveil s'arrêta. Elle appréciait la musique classique, mais elle devait se préparer.
♦ Ouvrir les volets ? Oui / Non
→ Oui
Les volets s'ouvrirent automatiquement, la lumière remplit doucement sa chambre. Elle se leva et prit sa tenue de sport, qu'elle avait préparée la veille. Un pantalon gris et une veste à longues manches, blanche puis grise en dessous de la poitrine, à la fois à l'avant et à l'arrière. Elle mit ses chaussures de sport, grises aussi, elle n'oublia pas de prendre sa ceinture blanche, prévue pour porter sa gourde. C'était l'uniforme de sport standard des classés A de l'Institut. Elle fit une natte. Elle sortit de sa chambre et afficha les nouvelles dans son champ de vision, Edern soupira en voyant les gros titres, tous parlaient de l'Institut Cyberca et de son fondateur Jean De Nable.
Jean De Nable était un grand chercheur et inventeur, son génie et son travail lui avaient déjà rapporté richesse et célébrité. Il avait construit son propre institut de recherches et de créations, l'Institut Cyberca, dans une grande forêt clôturée lui appartenant, et avait recruté lui-même son personnel.
Marié et père d'un garçon, Jean savait que son fils n'aurait aucun obstacle pour réussir dans la vie, contrairement à d'autres enfants, qui malgré leur potentiel, avaient un ou plusieurs désavantages dont le plus souvent l'argent, le soutient, ou encore la famille. Il s'était donc lancé dans son plus grand projet : accueillir des orphelins et devenir leur responsable légal, leur offrir un lieu de vie sécurisé et la meilleure éducation qu'il soit. Depuis, il avait adopté des enfants à travers le monde entier, les élevant et les éduquant dans son institut, ayant au préalable construit des bâtiments supplémentaires pour eux.
Jean adorait chacun de ses enfants, il les surnommait affectueusement les « cybersis », qui en retour, l'appelaient « baba ». Encouragés dans un environnement stable et affectueux, les cybersis s'épanouissaient à l'institut, bien que beaucoup de personnes en doutaient.
Edern, 14 ans, était la première cybersis. Elle avait été adoptée à sa naissance avec son frère jumeau Electe et avait donc passé toute sa vie dans l'institut. Elle marchait dans les longs couloirs de son dortoir en lisant quelques articles, les mains dans les poches de sa veste.
♦ L'Institut Cyberca, entre recherches et éducations
L'Institut Cyberca, construit et dirigé par De Nable Jean est au centre des nouvelles depuis quelques jours. En effet, l'institut est au centre de nombreuses polémiques…
→ Effacé
Des polémiques ? Edern avait toujours vécu dans l'institut comme tous les autres enfants qui étaient avec elle. Elle savait donc tout ce qu'il s'y passait. Cela n'avait jamais posé problème jusqu'à ces dernières semaines. Jean essayait de les régler sans impliquer les cybersis, car il n'aimait pas les exposer. Les cybersis étaient encore jeunes.
♦ Jean De Nable : L'homme au grand cœur ou adoptant compulsif ?
Jean De Nable a-t-il adopté ces enfants parce qu'il voulait les aider ? Ou parce qu'il voulait avant tout de nouveau être père ? Si c'est le cas, saura-t-il s'arrêter un jour ?
→ Effacé
Jean avait toujours donné aux associations humanitaires, il avait commencé longtemps avant de construire Cyberca. Il ne s'en était jamais vanté mais cela avait été mis en avant lors d'une interview qui avait eu lieu deux ou trois ans après la construction de l'institut. Mais tous ces dons n'étaient pas suffisants à ses yeux. Jean voulait faire plus.
♦ Institut Cyberca : Les enfants en danger ?
L'Institut Cyberca n'a jamais été ouvert au public. Cet institut mène de nombreuses recherches et son fondateur et propriétaire, Jean De Nable, a recueilli plusieurs enfants et les élève dans l'institut depuis leur plus jeune âge. Cependant, ces enfants ne sortent que très rarement de l'institut. Nous ne savons donc pas comment ils sont traités. Sont-ils maltraités ?
→ Effacé
Si les cybersis ne sortaient pas très souvent de l'institut, c'est tout simplement qu'ils avaient tout ce dont ils avaient besoin sur place. En plus, la plupart de leurs sorties passaient inaperçues, ce n'était pas comme s'ils devaient sortir pour s'exposer. Mais aussi, à chaque fois qu'ils sortaient et qu'ils étaient remarqués, les gens les regardaient bizarrement, cela mettait facilement les plus jeunes mal à l'aise.
Jean avait insisté, ces derniers mois, pour que les enfants multiplient leurs sorties, s'assurant qu'ils avaient toujours des véhicules et des chauffeurs pour les accompagner, afin de montrer qu'ils n'étaient pas séquestrés ou blessés. Ce n'était qu'une tentative pour faire taire des rumeurs.
♦ Les adoptions des cybersis sont-elles légales ?
De Nable Jean, l'homme qui a adopté plus de cent-trente enfants à travers le monde au cours de ces dernières années, mais ces adoptions sont-elles légales ? De Nable Jean n'a jamais fourni les papiers d'adoption de ces enfants. Ces enfants ont-ils été kidnappés ?
→ Effacé
Si les papiers d'adoption n'avaient pas été publiés, c'est parce que c'était personnel. Cela ne concernait pas des étrangers. Jean s'était assuré de n'adopter que des enfants orphelins ou abandonnés, afin d'éviter les conflits avec les parents biologiques. Il avait même réussi à créer une nouvelle forme d'adoption pour son projet : tous les cybersis étaient reconnus comme étant les enfants de Jean, coupant tous liens avec leurs familles biologiques, et portaient ainsi son nom de famille, même s'ils n'étaient pas reconnus comme frères et sœurs entre eux.
♦ Nos enfants ne sont pas assez bien pour lui !
Jean De Nable éduque ses enfants dans l'institut, mais refuse de partager cet enseignement avec des enfants qu'il n'a pas adoptés. Nos enfants ne sont-ils pas assez bien pour lui ?
→ Effacé
Jean avait un objectif à atteindre, il ne pouvait pas s'occuper des enfants qui n'avaient pas besoin de lui. Certaines personnes pouvaient venir pour de rares occasions mais avec des autorisations. Même David, son fils biologique, n'était pas scolarisé à l'institut. De plus, il avait un an de plus que les plus vieux cybersis, s'il devait intégrer l'institut, il faudrait ouvrir une classe de son niveau. De ce fait, les cybersis ne connaissaient pas vraiment David, ni sa mère.
♦ Signez la pétition pour obtenir des journées portes ouvertes de l'Institut Cyberca !
→ Effacé
Pas besoin d'en lire plus. Qui avait envie de voir des inconnus venir chez soi ? Observer et juger les moindres détails de leur vie ?
Edern ferma toutes ces nouvelles, elle en avait lu assez. Elle descendit et rejoignit les autres cybersis de son âge, de sa promotion comme le disaient les chercheurs. Pour eux, tous les cybersis nés la même année formaient une promotion, cette appellation permettait aussi de mieux classer ses documents.
Edern, Electe, Kiraka, Basme, Elodine, Dustin, Rosha, Robin, Sohan et Nahéma étaient les dix enfants de la première promotion, classés dans cet ordre. Dix enfants, comme à chaque promotion. Electe et Kiraka étaient des classés A comme Edern et avaient donc la même tenue. Les autres étaient des classés B, pour eux, le bleu clair remplaçait le gris de l'uniforme de la tenue de sport.
Chacun prit sa gourde, remplie d'eau. Ensemble, ils partirent faire leur jogging matinal. Trente minutes de sport, comprenant l'échauffement devant le dortoir de leur promotion suivi d'une course à pied dans la forêt. Cette séance de sport avait lieu tous les mardis, jeudis et samedis. Le parcours à suivre s'affichait dans leur champ de vision, en bas à droite.
Comme tous les jours depuis quelques mois, Dustin essayait de parler avec Robin, qui l'ignorait. Elodine et Nahéma tentaient régulièrement de faire la même chose, sans avoir plus de succès. Les autres n'intervenaient pas, du moins, tant que ça ne devenait pas agaçant.
« Allez Robin, faisons la course comme avant ! »
Edern, qui courait à l'arrière, voyait et surveillait la scène. En tant que première des cybersis, elle devait s'assurer que tout se passe bien. Elle savait quand ça allait dégénérer, Robin était de plus en plus patient mais il restait extrêmement explosif et il n'allait plus tenir très longtemps. Elle jeta un coup d’œil à Kiraka, qui comprit rapidement ce qu'il avait à faire.
« Il ne veut pas. Lâche-le.
– De quoi tu te mêles ? »
Dustin s'arrêta brusquement. Les autres le firent progressivement, se questionnant les uns les autres du regard. Dustin était naturellement bagarreur. Tous savaient ce qu'il allait se passer entre Kiraka et lui, et c'est pour ça qu'Edern avait décidé que ce soit lui qui intervienne. Electe emmena les autres finir leur parcours pendant que sa jumelle surveillait le combat à venir. Ils savaient comment ça allait finir. Dustin était impulsif mais prévisible. Kiraka était très vif et réfléchi, il savait analyser et prévoir les mouvements de son adversaire durant un combat.
« J'en ai marre que tu nous empêches de parler. Je ne veux plus te supporter, alors réglons tout ça avec nos poings, Kiraka ! »
Ce dernier retira sa veste et la lança à Edern. Elle savait qu'il n'y aurait pas de coups, de bleus ou de blessures. Ils se mirent tous les deux en position, Dustin fonça. Kiraka attrapa son bras et le plaqua facilement au sol. Dustin piqua une crise, exigeant d'être relâché.
♦ Conversation : « Tout le monde »
→ 06 - 01 Thadée : Des personnes ont escaladé le mur.
→ 06 - 01 Thadée : Coordonnées GPS
Jean avait pris soin de transformer la clôture entourant la forêt de l'institut en mur, suffisamment haut, pour décourager d'éventuels intrus. Il avait peur que des chasseurs tirent sur l'un des cybersis en pensant qu'il s'agissait d'un animal. Il avait peur que des journalistes les espionnent pour les exposer dans leurs prochains articles. Mais des petits malins arrivaient toujours à passer au-dessus, alors il avait trouvé d'autres moyens pour renforcer la sécurité.
♦ Conversation : « Tout le monde »
→ 01 - 01 Edern : Kiraka et moi allons voir. Allez prendre votre petit-déjeuner.
→ Sécurité : On arrive sur place.
Dustin rentra en râlant tandis que Kiraka et Edern partirent voir. Ils étaient plus proches que la sécurité et ils devaient rapidement s'assurer que la promotion de Thadée ne soit pas suivie. Cela ne prendrait pas beaucoup de temps, la sécurité prendra vite la relève. Kiraka remit sa veste, cachant son collier. Celui-ci était semblable à une plaque militaire sur laquelle il était écrit :
De Nable Kiraka
A
01 - 03
Cette plaque leur était offerte à l'année de leur troisième anniversaire. Elle servait à les identifier rapidement. Ce numéro n'était pas qu'un simple numéro de série, il permettait de retrouver les informations plus facilement. C'était plus simple que de classer par ordre alphabétique. La première partie du numéro était celui de la promotion, la seconde était celui du cybersis. Cette plaque pouvait être mal vue si elle était aperçue dans ces circonstances.
En s'approchant du mur, aucun des deux n'avait été surpris. Les intrus étaient tout simplement David, le fils biologique de Jean, et deux de ses amis. Ils étaient face à face. Les intrus savaient que si deux cybersis étaient là, c'est que la sécurité était forcément au courant de leur présence et bien sûr, Jean le saurait. Cela ne servait à rien de s'enfuir, les chiens les retrouveraient.
« Comment avez-vous su qu'on était là ? Demanda un des amis.
– Les petits vous ont vus. Répondit Kiraka. »
David était visiblement en colère, il avait été attrapé trop vite à son goût, il espérait voir plus qu'un petit bout de forêt. Les chiens arrivaient en courant et encerclaient les intrus, profitant au passage de quelques caresses des cybersis. La sécurité arriva juste après eux et conduisit les étrangers à l'accueil, veillant à ne pas passer devant certains bâtiments.
David essayait sans cesse de découvrir comment c'était à l'institut, persuadé qu'il y avait un secret. Il n'avait jamais réussi à aller plus loin qu'à quelques mètres du mur, mais il avait déjà fouillé le bureau de son père à son domicile. Une chance que Jean ne ramenait jamais le boulot à la maison, après tout, il rentrait rarement.
De retour à leur dortoir, ils allèrent au réfectoire pour prendre leur petit-déjeuner. Dans chaque dortoir, il y avait deux équipes, composées chacune d'un majordome et d'un agent d'entretien. Lorsqu'une équipe travaillait, l'autre était au repos, l'inversion avait lieu toutes les deux semaines. L'agent d'entretien, qui venait tous les jours à neuf heures et repartait à seize heures, devait aider le majordome à entretenir le dortoir, que ce soit du ménage ou des réparations. Le majordome devait en plus s'occuper des repas en faisant attention aux heures et aux menus fixés et des courses. Afin de veiller sur les cybersis, il logeait dans la chambre de garde. Tout était fait pour veiller à leur bien-être.
Le petit-déjeuner était prêt dès sept heures trente, comme tous les jours. Plusieurs pichets isothermes étaient sur la table et avaient des étiquettes indiquant leur contenu : de l'eau, froid et chaud ; quelques jus de fruits ; quelques smoothies ; du lait, froid et chaud ; du café ; du chocolat chaud ; du lait chocolaté. Sur la table, il y avait plusieurs choses sur la table : des sachets de thé ; différents pains ; des crêpes ; des fruits ; des biscuits ; du sucre ; de la confiture de différents parfums ; de la pâte à tartiner au chocolat ; des compotes de différents parfums ; des céréales de différentes sortes. Chaque cybersis avait à sa place un verre, une tasse, un bol, une assiette, un couteau et une cuillère. Sur les comptoirs du réfectoire, il y avait différentes machines, comme des bouilloires, des machines à café, des grille-pains et autres. Dans les armoires, il y avait de la vaisselle et des emplacements prévus pour de la nourriture et des boissons devant être rapidement accessibles. Il n'y avait que l'embarras du choix.
♦ Conversation privée : « Baba - Edern »
→ Baba : Bonjour Edern, j'ai besoin d'un service.
→ 01 - 01 Edern : Bonjour, que dois-je faire et pourquoi ?
→ Baba : Plusieurs personnes croient les articles et prévoient d'entrer de force à l'institut. Je ne veux pas que ça dégénère, ça nous ferait de la mauvaise pub. J'ai besoin que tu sortes en ville afin de montrer que tu n'es pas maltraitée, emmène d'autres cybersis avec toi si possible.
Edern regarda une nouvelle fois ce qu'il y avait sur table. Maltraités ? C'est bien ce qu'ils disaient ? Elle savait qu'il lui demandait à elle parce qu'elle avait suffisamment de répartie pour sortir de toutes situations problématiques. Mais elle n'avait pas envie de sortir, elle allait refuser.
♦ Conversation privée : « Baba - Edern »
→ 01 - 01 Edern : Je n'ai pas envie. J'ai prévu de jouer à l'ordinateur et d'aller monter à cheval avec les petits.
→ Baba : Tu pourras manger une tarte à la rhubarbe, entièrement seule.
Il savait négocier.
♦ Conversation privée : « Baba - Edern »
→ 01 - 01 Edern : Marché conclu.
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