Déclenchement du travail

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Une nuit, un peu après les fêtes de fin d’année, Valentine ne trouva pas le sommeil ; elle avait déjà eu des contractions ces deux derniers mois, surtout lorsqu’elle était fatiguée, mais elles finissaient par passer avec un peu de repos. Cependant, à présent, cela lui sembla plus régulier… Et de plus en plus fort.

Elle se tourna et se retourna dans le lit au point de réveiller Sébastien.

À demi-réveillé, il lui dit,

— Dis… Encore un peu et tu me pousses hors du lit… Qu’est-ce qu’il se passe ?

— Dis tout de suite que je suis grosse et que je prends de la place !

Elle avait été vive dans sa réponse puis, Valentine ne bougea plus et se tut, Sébastien alluma la lampe de chevet et termina de se réveiller. Il vit alors Valentine adossée au ciel de lit, fermée, des larmes coulant sur ses joues.

Il s’approcha d’elle et toucha son ventre, il était dur comme de la pierre.

— Val ? Est-ce que ?

Elle se relâcha, son ventre aussi, elle souffla,

— Oui, c’est une contraction.

— Mais, depuis quand Val ? Elles se rapprochent ?

— Oui…

— Oui, mais de combien Val ?

— Arrête Seb !

Elle avait répondu agressivement, Seb était un peu interloqué. Elle s’écroula alors en pleurs.

Il s’approcha et la prit par les épaules. Elle sanglota en s’excusant de lui avoir parlé sur ce ton, puis souffla avant de lui expliquer qu’elle avait des contractions depuis 23h la veille, mais que depuis une bonne heure, les contractions étaient régulières, à plus ou moins dix minutes d’intervalle.

— Mais Val, tu es en plein travail là ! Pourquoi est-ce que tu ne m’as pas réveillé plus tôt ?

— Je ne voulais pas te réveiller Seb, c’est mon premier, ça va durer…

— Valentine, il est 4h du matin, ça fait 5h que tu souffres toute seule !

Il soupira et lui demanda,

— Est-ce que tu as contacté la sage-femme ?

— Non.

— Non ?! Mais… Ok, je l’appelle tout de suite et je vois avec elle ce qu’on fait.

Ce qu’il fit, armé des renseignements que lui avait donnés Valentine. Il entra dans la chambre et prit la valise préparée pour l’occasion et lui dit,

— Prépare-toi Val, on y va, elle nous attend là-bas.

Valentine arriva tout doucement jusqu’à la voiture du couple et s’assit péniblement à l’avant. Sébastien la trouva un peu penaude.

— Eh, Val, tu vas accoucher ma puce… Tout va bien.

— Mais… Non, je m’en veux Seb… Pourquoi je t’ai parlé comme ça ?

Il lui caressa la cuisse avant de se préparer à démarrer et lui dire,

— Valentine… Tu souffres depuis cinq heures, tu appréhendes ce qui va se passer, je comprends que tu aies été vive là tantôt. C’est normal, rappelles-toi ce que la sage-femme nous avait dit, que tu allais probablement m’envoyer sur les roses pendant le travail, et que c’était normal, tu es en train de permettre à une nouvelle vie d’éclore en ce bas monde.

Valentine pleura en l’écoutant. Elle serra la main qu’il avait encore sur sa cuisse et souffla,

— C’est beau ce que tu dis Seb…

Elle fut coupée par une contraction qui reprit et serra très fort la main de Seb qui grimaça et fut heureux de la récupérer en un seul morceau lorsque la contraction s’apaisa.

— Ok, je mets le contact Val, tiens le coup.

Arrivés à la maison de naissance, la sage-femme prit Valentine en charge et lui proposa plusieurs façons d’aider l’enfant à continuer à descendre.

Valentine opta pour le ballon sur lequel elle s’assit et roula un peu, Sébastien lui massant doucement les épaules et le bas du dos.

— Arf, ça fait du bien Seb… Elle a dit que j’étais déjà à 3 cm, que je suis rapide pour un premier accouchement.

— C’est bien, non ?

— Oh, oui, qu’on en finisse ! Purée, j’en ai déjà marre !

Le travail dura encore quelques heures et, vers 14h, elle mit au monde leur fille ; elle accoucha assise, comme elle l’avait désiré et, en cinq poussées, l’enfant était née.

Valentine tendit les mains vers sa fille et la porta à hauteur de sa poitrine où elle la déposa, à même sa peau.

Sébastien la regarda faire et l’aida à frotter un peu des sécrétions qui la recouvrait. Valentine dit alors à sa fille qui se calmait après avoir pleuré,

— Bienvenue sur terre, Alice !

— Elle est superbe, Valentine.

— Elle est encore toute fripée, mais elle est là… Viens ma petite.

Elle la recouvrit du tissu propre que lui tendit la sage-femme qui en profita pour mettre un petit bonnet sur la tête de l’enfant pour qu’elle ne prenne pas froid.

Les nouveaux parents étaient perdus dans la contemplation d’Alice lorsque la sage-femme proposa à Sébastien de couper de cordon.

— Euh, oui…

Sébastien parut tout d’un coup un peu perdu, il regarda sa femme et sa fille, puis il finit par lâcher,

— C’est complètement con ce que je vais dire, je le sais bien, c’est vraiment débile, mais j’ai peur de vous faire mal, à Alice et à toi en coupant le cordon.

La sage-femme intervint, souriante,

— Je vous rassure, Sébastien, cela ne fera mal ni à Alice ni à Valentine.

— Oui, je le sais bien…

Il s’adressa à Valentine

— Mais avec ça, elle sera vraiment là, Valentine, je la sépare de toi.

— Vas-y Seb, de toute façon, elle est là, notre fille, tu dois la séparer de moi, mon amour.

Elle sourit en le voyant hésiter. Il ferma les yeux un bref instant puis s’appliqua à couper le cordon, en poussant un petit soupir.

La sage-femme leur proposa d’effectuer les soins de l’enfant en attendant que Valentine expulse le placenta, Sébastien la suivit et découvrit les mensurations de sa fille ; 50 cm, 3kg250 et des réflexes au top-niveau. Il la porta alors que la sage-femme fut de retour auprès de Valentine.

Une fois tous les soins effectués, la sage-femme proposa à Valentine de tenter de l’allaiter et les laissa ensuite se retrouver à trois.

Le couple regarda l’enfant qui commençait à s’endormir,

— Elle est enfin là, Seb. Une petite blonde, comme toi.

— Oui et elle est parfaite, Valentine.

— Elle va s’endormir, je crois, elle est tout à fait relax en tout cas.

— Et toi, ça va ?

— Pff, je suis crevée, mais là, je ne sais pas la lâcher… Une fois qu’elle dormira, je tenterai de dormir aussi un peu. Il est quelle heure ?

— Quasi 17h.

— Oh, déjà…

Valentine ne s’était visiblement pas rendu compte du temps passé.

— Oui, je te propose de te reposer Val, et même, si tu es d’accord, de ne pas avoir de visite avant deux jours, comme ça, on accueillera les visites à la maison, quand nous aurons eu le temps de faire connaissance avec Alice… Nous d’abord. Est-ce que tu es toujours d’accord ?

Elle hocha positivement la tête. Elle n’avait pas envie de voir défiler tout le monde avant d’avoir fait, elle-même, connaissance avec sa fille. Elle devait d’abord l’adopter et se faire adopter par elle.

— Oh oui, tout à fait d’accord… Je n’ai vraiment aucune envie de faire la conversation pour le moment, c’est clair ! Même si ce n’est pas dans les habitudes sociales …

— Oui, et ça, on s’en fout, c’est Alice et toi qui comptez ! Ok, je préviens tout le monde qu’Alice est là et du programme de visite qui est postposé.

Ils en avaient discuté, durant la grossesse, ils savaient que cela ferait grincer les dents de certains, mais ils avaient décidé de passer outre cela, pour permettre à Valentine d’appréhender le fait d’être mère. Sébastien, lui, défendit un besoin, celui d’être seul, avec sa femme et leur bébé, dans le but, non seulement, de faire connaissance, mais aussi de soutenir Valentine qui allait avoir besoin de lui.

Il caressa le front de sa fille et dit,

— Regarde, elle dort. Passe-la-moi, que je l’installe dans le petit berceau que nous avons apporté, elle s’y habituera déjà.

Valentine lui passa l’enfant et le regarda faire, amoureusement. Lorsqu’il se retourna, elle lui tendit les bras, il s’y réfugia et lui dit en l’enlaçant,

— Merci Val, je t’aime.

— Moi aussi, je t’aime, reste un peu près de moi, j’ai envie de te sentir contre moi.

— Viens.

Il se repositionna pour être plus à l’aise et l’accueillit dans ses bras où elle finit par s’endormir.

Sébastien contacta alors famille et amis, sa mère tenta d’obtenir un passe-droit pour pouvoir admirer sa petite fille avant tout le monde, mais Sébastien tint bon.

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