La convalescence de Françoise
Françoise sortit de l’hôpital et fut raccompagnée à son domicile par son père. Grégory les accueillit, Nathan dormait.
— Venez, entrez tous les deux ! Passe-moi ton sac, Fran.
— Tiens, mais ça va, tu sais, je sais encore porter mon petit sac à main, Greg.
Grégory fit une petite moue triste… Il voulait l’aider. Il invita alors son beau-père à prendre un rafraîchissement, tous les trois.
Le père de Françoise rigola de la situation et accepta le rafraîchissement proposé par Grégory.
En s’asseyant dans le divan, Françoise lança, soulagée,
— Enfin de retour chez moi !
Elle fronça les sourcils, elle avait encore des douleurs au ventre. Elle souffla longuement puis reprit deux grandes respirations et s’apaisa.
Grégory vit son manège, le père de Françoise posa sa main sur son épaule et lui dit, discrètement,
— Oui, elle a encore du mal à se mobiliser, mais c’est une battante, tu le sais… Elle mord sur sa chique et n’admettra pas d’être vue comme quelqu’un de diminué.
— C’est clair… Oui, c’est Françoise !
Les deux hommes se sourirent, le père de Françoise était rassuré, il savait que Grégory allait bien s’occuper de sa fille.
— Viens, on va la rejoindre, tu veux que je prenne quelque chose ? Les verres ?
— Oui, moi, je prends le thé glacé maison que j’ai préparé ce matin, elle l’adore.
— Ok, on y va parce que moi, je dois encore rentrer à l’autre bout de la ville, avant l’heure de pointe.
Le père de Françoise les quitta effectivement au bout d’une demi-heure.
Une fois seuls, Françoise lui demanda,
— Montre-moi notre fils Greg… Il dort toujours ?
— Je pense, oui, viens, il est dans notre chambre.
Il lui montra le système qu’il avait construit avec son beau-frère, Françoise apprécia et trouva cela très astucieux.
Nathan, dans son lit, les regardait. Françoise le prit dans ses bras et s’assit sur le bord du lit. Elle le détailla et souffla,
— Mon bébé…
Elle sentit des larmes monter… Elle regarda Grégory qui s’était approché d’elle. Il lui caressa l’épaule et lui dit,
— Fran, merci pour ce bébé que tu nous as offert, je t’aime ma poulette.
Il posa un doux baiser sur sa tempe.
Nathan commença à s’agiter, Grégory le vit et la prévint,
— Ah, là, il va te montrer qu’il a du coffre ; tu vas l’entendre hurler ! Il a probablement faim.
Passant le regard de son fils à Grégory, Françoise sembla un peu désemparée ; elle sentit Nathan s’agiter de plus en plus, se congestionner… Il devint tout rouge puis commença à hurler.
Françoise laissa couler des larmes sur ses joues et dit, en regardant son fils, mais à l’adresse de Grégory,
— Je ne sais pas quoi faire, Greg…
— Passe-moi le porte-bébé qui pendouille à côté de toi et passe-moi Nathan après.
Elle s’exécuta et lui dit,
— Tiens… Dis-moi ce que je peux faire, Greg…
Une fois Nathan casé dans le porte-bébé, il se calma un petit peu, Grégory se dirigea vers la porte pour sortir de la chambre et lui dit,
— Viens, tu pourras préparer le biberon pour ce petit ogre affamé.
— Ok, tu devras me donner les dosages.
Elle essuya ses yeux et prépara le biberon dans la cuisine. Grégory lui proposa de donner le biberon, mais elle refusa, prétextant qu’elle préférait le regarder faire.
Il obtempéra et nourrit Nathan, au grand contentement de ce dernier. Par la suite, Françoise, un peu plus à l’aise, pris son fils dans ses bras et le berça.
— Tu vois, il est bien dans tes bras. Là, quand il chipote ses mains comme cela, c’est qu’il est content.
Françoise sourit et se mordit la lèvre inférieure lorsqu’elle regarda son compagnon.
— Merci Greg, ça me rassure, tu sais…
Il se hissa sur le divan et s’installa à ses côtés pour pouvoir la prendre dans ses bras. Elle posa sa tête contre son torse. Il lui susurra,
— Je t’aime, Françoise !
Françoise leva la tête vers lui, déposa un doux baiser sur sa joue et chuchota
— Moi aussi, je t’aime.
Ensuite, elle lui demanda,
— Dis, Greg, qu’est-ce que tu as préparé à manger ? J’ai une faim de loup !
Il rigola puis lui expliqua,
— Alors, je t’ai préparé des crevettes au curry et au coco, avec un riz basmati, puis, comme dessert, je ferai des beignets de bananes « minute ».
— Aaah oui ! J’adore !
Nathan réagit à l’émotion qu’il ressentit chez sa mère, elle le regarda et lui caressa la tête en lui disant,
— Oui, Nathan, ta maman est super contente de ce que ton papa a préparé pour elle.
Il l’écouta, attentif et poussa un soupir.
— Oh et bien, tu soupires toi… Il te faudra attendre un petit peu avant de pouvoir manger ça, effectivement, mais tu pourras profiter de l’odeur.
Nathan réagit à ce que lui dit sa mère. Grégory soupira d’aise, cela semblait bien se passer, malgré les craintes que Françoise lui avait avouées.
Le repas et la soirée se passèrent sereinement, Françoise mangea avec appétit. Fatiguée, elle proposa d’aller dormir en même temps que Nathan.
— Ce n’est pas de refus, Fran, même si je ne dors pas immédiatement, je pourrai te tenir dans les bras… Cela m’a tellement manqué.
— Et moi donc… Tu vas faire tes soins puis je prépare Nathan ? Et moi aussi, par la même occasion.
— Ok, je me dépêche.
— Ou pas, on a le temps, je reste dans le salon avec bébé en attendant.
Finalement, une fois tous les trois parés, ils grimpèrent dans le lit, Grégory lui proposa,
— Tu veux le border ?
— Attends, il faut encore qu’il s’endorme.
— Tu veux que je te montre ce que je fais pour qu’il s’endorme ?
— Oui, montre, tu fais quoi de particulier ?
Elle lui passa Nathan qui bâilla entre-temps,
— Regarde, et écoute…
Il le cala dans ses bras, Nathan ouvrit les yeux et fixa son père en gigotant. Françoise, étonnée, entendit Grégory entonner une comptine et commencer à bercer son fils.
Une fois endormi, Grégory lui proposa de lui montrer comment il le bordait, Françoise acquiesça et le regarda faire.
— Tu vois, avec tout à côté de moi, c’est super pratique, tu ne trouves pas ?
— Oui, je vois, c’est avec Sébastien que tu as concocté ça ?
— Oui, et avec Val, aussi.
Il plaça son fils dans son lit et dit,
— Voilà, petit poulet est bordé !
Françoise pouffa, étonnée, et lui demanda
— Petit poulet ?
— Oui, le bébé de la poulette…
Françoise rigola franchement puis sourit et se pelotonna contre lui, elle avait de petits yeux et avait du mal à retenir ses bâillements.
— Tu dois être morte épuisée.
— Je le suis Greg, mais j’ai envie d’être avec toi, contre toi.
Il se coucha sur le dos, Françoise plongea sur lui et respira plusieurs fois, profondément.
— Je suis heureuse d’être enfin rentrée à la maison.
— Moi aussi, Fran, j’ai eu si peur.
Il la serra fort dans ses bras et sentit un sanglot monter en lui… La peur qu’il avait ressenti le jour de l’accouchement remontait.
Françoise se redressa un peu et lui caressa les lèvres puis embrassa son torse.
— Moi aussi, j’ai eu peur Greg.
Elle ferma les yeux, puis lui dit,
— Quand tu as suivi Nathan pour ses soins, je me sentais de plus en plus épuisée, je pensais que c’était à cause de la durée de l’accouchement, mais quand j’ai vu la tête de la sage-femme puis celle du gynéco, j’ai compris que quelque chose n’allait pas. Ils m’ont clairement et rapidement dit que je risquais de perdre mon utérus, j’ai eu peur et je les ai suppliés d’essayer de le conserver, puis je ne me souviens plus de rien.
— Ils ont pu te le laisser, heureusement… Et tu es en vie, moi, j’ai eu peur de te perdre Fran, tellement peur…
Elle se recoucha sur lui, il lui caressa les cheveux,
— Je suis là, de retour Greg, je t’aime tant mon amour… Tu m’as manqué, tellement manqué.
Il respira profondément,
— Fran, je t’aime, je ne veux plus être séparé de toi…
Il bougea, il voulait voir le visage de Fran. Une fois les yeux dans ses yeux à elle, il lui demanda,
— Fran accepterais-tu de m’épouser ?
Françoise le regarda, les sourcils haussés et un sourire aux lèvres. Elle ferma les yeux puis les rouvrit et lui dit, sur un ton solennel,
— Oui, je le veux,
Avant de plonger sur lui et l’embrasser.
Elle dut cependant abréger ses baisers, elle était encore faible et le sentait bien, là, maintenant.
— Ça va ? Tu as l’air épuisée, Fran…
— Je suis épuisée Greg… Mais tellement heureuse.
— Viens, repose-toi, ma poulette.
Il l’invita à rester sur lui pour s’endormir.
Lui-même s’endormit rapidement après elle, heureux et serein ; ils étaient réunis, tous les trois, pour cette nouvelle vie.
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