Le bowling, un sport merveilleux
S'il y a bien un sport que je ne supporte pas, c'est le bowling.
Imaginez, vous entrez dans une salle de bowling, accompagné par des amis (oseriez-vous les appeler encore ainsi après cette sortie ?) ayant décidé que ça pourrait être marrant, et que vous allez passer une bonne soirée (la blague).
Déjà, tout commence quand il faut changer de chaussures. Bien évidemment, une paire de baskets ne peut pas se frotter au beau parquet de l'aire de lancer. Après avoir changé trois fois de paire, car la pointure ne va jamais, arrive le moment fatidique, le choix de la boule de bowling. Elles sont belles, bien rondes, de toutes les couleurs (et comptez sur elles pour vous en faire voir), mais rangées n'importe comment. Du coup, on se retrouve à glisser nos doigts dans tous les trous pour trouver boule à sa main. Après une dizaine de minutes à avoir parcouru toute la salle à la recherche du Graal, on revient sur une des trois premières testées, car en fait, ça allait à peu près. Et je ne parle pas du poids, loi de Murphy oblige, votre boule est forcément plus lourde que nécessaire, mais pas au point de vous motiver d'en choisir une autre.
Enfin, vous voilà installé, prêt à jouer. Non, non, non, pas encore. Vous êtes six, vous ne jouez qu'en quatrième position, il faudra attendre votre tour (et ce ne sera pas le seul moment d'attente, j'y arrive). Qu'à cela ne tienne, vous en profitez pour commander à boire, parce qu'après toutes ces aventures, vous avez déjà soif.
Forcément, quand les boissons arrivent, que vous allez pouvoir vous désaltérer, un collègue vous annonce : "C'est à toi". Raah, vous n'avez même pas commencé à jouer que ça vous gonfle déjà.
C'est parti, vous allez récupérer votre boule. Surprise, elle a disparu. Vous la cherchez, et très vite, vous la retrouvez dans les mains du joueur qui partage la zone de sélection centrale. Deux choix s'offrent à vous, soit attendre que la boule revienne et dévisager par un regard noir votre Némésis, soit en prendre une déjà présente sur le plateau (quitte à devenir le Némésis de quelqu'un). Un regard vers votre verre fraîchement arrivé vous incite à lancer de suite. Vous montez sur la petite estrade, en faisant attention de ne pas trébucher (encore que là, vous êtes sobre). Enfin, le grand moment arrive, le lancer.
Si c'est votre première fois, on vous a vite fait expliqué comment faire, vous avez pu voir les autres, vous avez à peu près compris le principe. Vous vous élancez, vous déposez la boule sur le sol huilé, votre pouce fait un petit "pop" en quittant son trou, la trajectoire est correcte, vous attendez, et miracle, toutes les quilles tombent, c'est le strike, appelé aussi, à ce moment là : "chance du débutant".
Si toutefois, vous êtes un masochiste revenant se flageller, ça se passe presque pareil. Vous vous élancez, vous déposez la boule sur le sol huilé, votre pouce fait un petit "pop" en quittant son trou, sauf que là, la trajectoire n'est pas correcte, vous voyez de suite que votre boule va juste toucher la quille la plus à droite, et pourtant vous attendez, seul au milieu des pistes, que votre boule daigne atteindre le bout des dix-huit mètres vingt-neuf de la piste. Au ralenti, ce ne serait pas rigolo sinon, afin de bien poireauter, et vous dire que votre tir était nullissime. Arrivée au bout, une quille vacille, et tombe, la récompense ultime de votre patience.
De retour à la zone de sélection, vous attendez, encore. Parce que pour revoir cette boule (oui, finalement, elle n'est pas si mal que ça cette boule improvisée), toute une machinerie complexe s'est mise en branle pour nettoyer l'emplacement des quilles, et vous rendre votre boule. Comme dans toute machinerie, les bugs arrivent, et vous priez fort pour que ça ne tombe pas sur vous. Instant de grâce, la boule de bowling est aspirée pour le retour. Vous la voyez passer à toute vitesse dans la petite ouverture en bout de piste. Par contre, dans le passage souterrain, c'est l'heure de pointe, parce qu'elle met beaucoup, mais vraiment beaucoup de temps à réapparaître. Et vous attendez, toujours, la main devant l'orifice, comme si, par un mystérieux pouvoir de télékinésie, elle reviendrait plus vite dans votre main. Enfin, la voilà qui arrive, vous vous jetez dessus comme un mort de faim (de soif, dans notre cas). Et vous recommencez le même cirque qu'auparavant. Ce jeu est tellement formidable qu'il vous impose de jouer deux fois quand vous êtes mauvais.
Rebelote, vous vous élancez, vous déposez la boule sur le sol huilé, votre pouce fait toujours un petit "pop" en quittant son trou, et comme une grosse quiche vous avez fait exactement le même lancer que la première fois. Toujours au ralenti, vous voyez votre boule se diriger vers la quille de droite, celle qui n'est désormais plus là. Vous attendez quand même pour confirmer l'évidence. Vous voilà désormais libre, vous pouvez retourner vous asseoir, trinquer avec vos collègues, et passer une bonne soirée. Ne soyez pas si naïf.
En effet, une fois enfin installé inconfortablement, vous sirotez votre verre et entamer une discussion avec votre voisin. L'échange est intéressant (vous ne parlez pas de bowling). Tout se passe bien, sauf que patatras, c'est son tour de jouer. Je vous passe les mésaventures de son lancer. Quand il revient, vous avez tous les deux oublié le sujet du dialogue précédent. De toute façon, il aurait fallu, à un moment ou à un autre, que vous retourniez vous débarrasser de la boule, la discussion ne tiendrait pas longtemps, hachée de cette façon.
A la fin de la partie. Vous y avez passé du temps, mais pas suffisamment pour partir, du coup, le meilleur joueur de la partie, celui-là même qui a proposé ce lieu de débauche pour passer la soirée, demande : "On en refait une ?". Et vu que personne ose dire non, bah, nouvelle partie.
Si après ça vous aimez toujours le bowling, on peut parler du bruit. Entre la musique de fond, les quilles qui tombent (car chez certaines personnes, elles sont nombreuses à tomber), les boules qui frappent le sol, et les voix des gens qui essayent de couvrir les autres sons, c'est une sacrée cacophonie. On peut aussi parler des petites animations rigolotes sur l'écran qui vous expliquent ensuite où viser. C'est important qu'il le précise parce que quand il reste toutes les quilles ou juste une seule, vous pourriez avoir un doute.
Bref, j'aime pas le bowling.
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