Chapitre 16: Inquiétudes parentales (3)
La chambre d'hôpital fut silencieuse près d'une minute. Durant ce court laps de temps, mademoiselle Parker qui était plutôt nerveuse s'interrogeait sur ce dont ses parents voulaient parler avec elle. Elle se demandait notamment si cela avait un rapport avec ce qu'elle avait vu lorsqu'elle était rentrée chez elle ou si cela concernait ce qui s'était passé dans sa chambre. S'il agissait de la première option, alors elle appréhendait une conversation extrêmement gênante. Il était vrai qu'elle avait vu quelque chose qu'elle n'était pas supposée voir et aurait même préféré de ne jamais voir, mais elle n'avait vraiment pas envie d'en parler avec eux. D'ailleurs, pourquoi avait-il fallu qu'elle rentre chez elle sans les prévenir au préalable ? Si elle avait fait cela, peut-être qu'elle n'aurait jamais été témoin de cet affreux spectacle.
- Merde, je n'arrive toujours pas à me sortir cette image de la tête, pensa-t-elle alors qu'elle se remémora la scène avec son père dans cet horrible accoutrement.
Chérone espérait de tout son cœur qu'il ne s'agisse pas de cela. Elle ne saurait vraiment pas comment aborder le sujet avec eux. Cependant, le possible second sujet de conversation n'était pas également présent à discuter, d'autant plus qu'elle ne savait pas vraiment ce qui s'est passé. Un instant elle se trouvait dans sa chambre et le moment d'après elle ouvrait les yeux dans une chambre d'hôpital.
Madame Parker, dont le regard sérieux était rivé sur sa fille, lui demanda si elle prenait de la drogue.
- Q...quoi ?! s'exclama la demoiselle.
Chérone était visiblement surprise par la question que sa mère venait de lui poser. Elle se demanda même pourquoi celle-ci lui demandait ce genre de choses.
- Je suis très sérieuse, Chérone. Est-ce que tu te drogues ? reprit-elle par la suite.
- Mais non, maman ! Pourquoi je ferais une chose aussi stupide ?
- À toi de nous le dire. Tu débarques à la maison sans prévenir et l'instant d'après tu nous fais une sorte de crise d'épilepsie.
- Quoi ?!
Harold intervint à son tour en racontant à Chérone qu'il l'avait trouvée en train de convulser lorsqu'il était rentré dans sa chambre. Il ajouta ensuite qu'elle avait même de la bave qui était sortie de sa bouche et du sang qui s'était échappé de son entrejambe. Monsieur Parker poursuivit en expliquant par la suite à sa fille tout ce qui s'était passé, du moment où les ambulanciers avaient été appelés à celui où elle avait été hospitalisée.
- Les médecins t'ont fait passer des examens pour déterminer ce que tu avais et tout est revenu négatif. Les médecins n'excluent cependant pas qu'il puisse s'agir d'une toute nouvelle drogue qu'ils n'ont jamais rencontrée.
La jeune femme était vraiment abasourdie par ce qu'elle venait d'entendre. Elle venait littéralement d'apprendre que son cauchemar avait eu une incidence sur son corps dans le monde réel. Il n'y avait aucun doute possible. La bave qui était sortie de sa bouche et le sang de son entrejambe, tout ceci correspondait exactement à ce que les tentacules lui avaient fait subir lorsqu'elle s'était endormie. Ce n'était clairement pas quelque chose de plaisant à attendre, car ça voulait simplement dire qu'elle ne pouvait pas échapper à l'empire de vieil ouvrage.
- Je te le demande pour la toute dernière fois, Chérone. Est-ce que tu prends une quelconque drogue ? poursuivit Agatha.
- Non ! J'te promets que je ne prends rien du tout.
- Alors, qu'est-ce qui s'est passé dans ta chambre ?
- Je...
Mademoiselle Parker s'arrêta un bref instant, réfléchissant sur ce qu'elle pouvait dire à sa mère. Elle ne pouvait décidément pas lui révéler l'existence du vieux livre qu'elle avait trouvé dans la bibliothèque et lui raconter tout ce qui s'est produit par la suite. Son père et elle la prendraient immédiatement pour une folle, ce qui confirmerait également leurs soupçons vis-à-vis de sa consommation de drogue. Il fallait qu'elle trouve autre chose à lui dire et quelque chose de plausible.
- Chérone, tu sais que tu peux tout nous dire, n'est-ce pas ? Tu es notre seule et unique enfant, et nous t'aimons énormément. Alors, s'il te plaît, si quelque chose ne va pas, dis-le-nous. Nous ferons tout notre possible pour te venir en aide, rétorqua Agatha devant le silence de sa fille.
Les mots de sa mère étaient très touchants, mais également très difficiles à entendre. La jeune femme savait que ce qu'elle venait de lui dire était vrai, qu'ils feraient toujours tout leur possible pour l'aider. Cependant, il n'y avait rien que ces deux-là soient en mesure de faire compte tenu de la situation dans laquelle elle se trouvait. De plus, même s'ils étaient réellement en mesure de lui venir en aide, Chérone ne comptait absolument pas les mêler à cette histoire. Elle ne voulait pas que cette créature s'en prenne également à eux. De ce fait, mademoiselle Parker décida de mentir à ses parents, à la fois pour les protéger, mais également pour préserver une certaine dignité.
- Je sais, maman. Je sais que je peux compter sur vous deux en cas de problème. Vous n'avez pas à vous inquiéter pour ce qui s'est passé dans ma chambre. À vrai dire, je ne sais pas moi-même ce qui s'est passé. Je sais juste que je me suis endormie dans mon lit avant de me réveiller ici. Je ne prends pas de drogue et je n'en prendrai jamais. Tu en as ma parole, maman.
En écoutant les mots de sa fille, Agatha avait l'intuition que cette dernière ne leur disait pas toute la vérité. Elle était certaine que son enfant n'avait touché à aucune drogue, mais savait qu'elle omettait de dire quelque chose d'important, quelque chose qui pourrait expliquer pourquoi elle avait eu cette soudaine crise.
Alors qu'elle observait l'expression faciale de sa mère, Chérone ressentit une certaine pression au niveau de sa poitrine. C'était comme si quelque chose faisait pression contre son cœur. À vrai dire, il s'agissait de la culpabilité qu'elle éprouvait à ce moment vis-à-vis du mensonge qu'elle venait de lui dire. La jeune femme n'avait pas l'habitude de mentir à ses parents et surtout pas à sa mère, mais cette fois-ci, elle n'avait pas le choix. Elle ne voulait pas les entraîner dans cette histoire et ne voulait surtout pas que sa maman subisse la même chose qu'elle. Si cela venait à se produire, non seulement elle ne se le pardonnerait jamais, mais un évènement pareil pourrait également la pousser à commettre l'irréparable.
- OK, je comprends mieux maintenant. Ton père et moi allons te chercher quelque chose à manger, ensuite nous allons te laisser te reposer.
Agatha se leva de son siège et sortit de chambre avec son mari. Se retrouvant désormais toute seule, des larmes coulèrent le long du visage de Chérone alors que cette dernière demandait pardon à sa mère d'être une enfant aussi égoïste.
A suivre !!!
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