Chapitre 21 : Caleb (2)
Chérone observait cet étrange jeune homme qui prétendait pouvoir lui fournir ce qu'elle convoitait beaucoup plus facilement. Elle ne savait pas s'il disait la vérité et le sourire narquois qu'il affichait lui laissait penser le contraire. Cependant, s'il s'avérait qu'il était véritablement en mesure de lui procurer des médicaments contre le sommeil, alors elle devait se saisir de l'occasion. De toutes les façons, quels choix s'offraient à elle ? D'un côté, elle pouvait toujours essayer avec le pharmacien et risquer de finir en prison ou bien elle faisait confiance à cette personne qu'elle venait à peine de rencontrer et espérait qu'elle ne tombe pas dans un piège sordide.
- Qu'est-ce que tu vas me demander en échange... ? questionna-t-elle.
Mademoiselle Parker n'eut pas le temps de finir de poser sa question que le jeune homme l'interrompit brusquement, lui disant que ce n'était pas le bon endroit pour parler de ce genre de choses.
- Ce serait mieux que l'on trouve un coin beaucoup plus tranquille pour en discuter, continua-t-il.
- Un coin plus tranquille, dis-tu ?
Il n'y avait pas à dire, toute cette situation ressemblait fortement à un piège pour Chérone. Toutefois, il marquait un point. Même s'il se faisait tard, il y avait encore du monde autour d'eux. Qui sait ? Peut-être qu'une des personnes présentes en informerait la police.
- OK, je te suis. Mais à la moindre entourloupe, je me casse, rétorqua Chérone.
Le jeune homme esquissa un sourire moqueur, lui disant par la suite qu'elle n'avait rien à craindre de lui. Bien évidemment, mademoiselle Parker ne le crut pas. Les deux finirent néanmoins par s'éloigner de la pharmacie vers une destination inconnue.
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Sur le trajet, le jeune homme ne put s'empêcher de remarquer à quel point Chérone était perturbée. En effet, cette dernière était très nerveuse et regardait dans toutes les directions comme si elle avait peur de quelque chose.
- Tu m'as l'air bien nerveuse. Est-ce que tout va bien ? demanda-t-il alors.
- Pourquoi tu poses la question ? Quoi, tu vas aussi me refiler quelque chose contre ma nervosité ?
Mademoiselle Parker était visiblement sur la défense. Cependant, sa réponse ne manqua pas de faire rire le jeune homme qui lui dit qu'il ne possédait pas ce genre de produit dans son inventaire.
- Donc tu ferais mieux de te mêler de ce qui te concerne. D'ailleurs, on va où comme ça ?
- Dans un endroit plus sûr, répondit-il.
- Ça ne répond toujours pas à ma question. Je te l'ai déjà dit, à la moindre entourloupe, je me casse. En plus, tu ne m'as toujours pas dit ce que tu voulais en échange. Si c'est autre chose que de l'argent, n'espère rien obtenir de moi.
Le jeune homme se mit de nouveau à rire, pensant qu'il avait déniché une cliente particulièrement drôle. Il lui répondit alors, mais pendant qu'il le faisait, l'attention de Chérone fut attirée par la présence de ses parents dans le hall de l'hôpital. Lorsque son regard croisa celui de sa mère, mademoiselle Parker détourna immédiatement le sien, s'excusant mentalement auprès d'elle pour le terrible comportement que sa fille avait affiché.
- C'est quoi ton nom au fait ? demanda soudainement Chérone en interrompant son interlocuteur.
- C'est vrai qu'on ne s'est pas présenté. Tu peux m'appeler Caleb. Et c'est quoi le tien ?
- Dépêchons-nous, Caleb. Je n'ai pas envie de traîner ici plus longtemps.
Caleb et Chérone pressèrent donc le pas, et ce pendant que la jeune femme ignorait les nombreux appels de sa mère et son père.
- Tu les connais ? demanda le jeune homme.
- Je ne les ai jamais vus de ma vie, répondit-elle.
Chérone ne voulait pas mêler ses parents à toute cette histoire, ils ne le méritaient pas. Une fois de plus, elle s'excusa silencieusement auprès d'eux, se promettant par la même occasion de tout faire pour se faire pardonner d'eux lorsqu'elle aurait tout réglé.
-----*-----
Les jeunes gens arrivèrent finalement devant une vieille voiture garée sur le parking de l'hôpital. Caleb entra immédiatement dans le véhicule avant de déverrouiller la portière côté passager pour mademoiselle Parker.
- Il se passe quoi exactement ? Je pensais qu'on était venu dans un coin tranquille pour discuter. Il est hors de question que je monte dans ta caisse, rétorqua la jeune femme qui était extrêmement méfiante.
- Justement, c'est un endroit tranquille. Ça fait plus naturel de voir deux personnes discuter dans une voiture que sur le parking d'un hôpital. Ne trouves-tu pas ?
- On me la fait pas à moi.
Mademoiselle Parker prit donc la direction de l'entrée de l'hôpital, se parlant à elle-même en disant qu'elle aurait mieux fait de continuer avec son plan au lieu de suivre un parfait inconnu. Son geste poussa également Caleb à sortir brusquement de sa voiture et à partir à sa poursuite.
- Attends ! s'exclama-t-il.
- Je n'ai rien à te dire. Tu ne fais que perdre mon temps.
- Attends ! dit-il cette fois-ci en attrapant soudainement son bras, je peux te fournir le médicament que tu veux. C'est juste que je ne l'ai pas sur moi en ce moment.
- Et je suppose que tu dois aller chercher ça quelque part et que tu veux que je t'accompagne.
- On va dire.
Mademoiselle Parker le força à lâcher sa main tout en déclarant qu'il était hors de question qu'elle monte dans sa voiture pour se rendre dans un lieu inconnu.
- Je ne te connais pas et tu veux que je monte avec toi. Tu me prends pour une conne ou quoi ? Je préfère tenter ma chance avec le pharmacien, continua-t-elle en prenant de nouveau la direction de l'hôpital.
Caleb observa la jeune femme pendant quelques instants avant de finalement retourner à sa voiture. Néanmoins, il trouva cela dommage qu'elle n'ait pas voulu avec lui, mais se dit qu'il finirait par trouver un autre client.
Alors qu'il venait de démarrer son véhicule et s'apprêtait à s'en aller, il entendit la voix de Chérone qui lui demandait d'attendre et de ne pas partir sans elle. La jeune femme, qui courait en direction de la voiture, la rattrapa de justesse et grimpa à l'intérieur.
- Est-ce que tu vas bien ? demanda le jeune homme en la voyant.
- Oui ! Oui ! Allez, fonce ! répondit-elle.
- Tu n'as plus peur de te rendre dans un lieu inconnu avec moi ?
- Peu importe, roule !
Mademoiselle Parker était visiblement essoufflée, mais elle était surtout très effrayée. Et pour cause, peu de temps après leur séparation, et ce alors qu'elle était sur le point de rentrer dans l'établissement médical, la jeune femme avait de nouveau été témoin d'un phénomène surnaturel horrifique. En effet, les ampoules de l'entrée du bâtiment s'étaient soudainement mises à vaciller et, pendant un bref instant, elle avait cru apercevoir Andrew Tipney. Ne voulant pas prendre le moindre risque, elle était donc retournée auprès de Caleb.
Toutefois, depuis son entrée dans la voiture, Chérone n'arrêtait pas de regarder dans les rétroviseurs. C'était comme si elle cherchait à fuir quelqu'un ou quelque chose. Peu importe ce que cela pouvait être, Caleb ne voyait absolument personne derrière eux. Il commença même à croire que sa cliente devait souffrir de problèmes mentaux.
- Peu importe, tant que j'ai mon fric, le reste n'a pas d'importance, se dit-il à lui-même.
- Qu'est-ce que tu attends ? Roule ! rétorqua soudainement la jeune femme.
- OK ! OK ! C'est bon, on y va.
Caleb lui demanda au préalable d'attacher sa ceinture de sécurité, puis se mit en route.
Alors que cela faisait plusieurs minutes qu'ils s'étaient mis en route, le conducteur du véhicule ne pouvait pas s'empêcher de penser à ce qui s'était passé sur le parking de l'hôpital. Il se demandait notamment ce que sa passagère avait bien pu voir pour changer aussi vite d'avis. C'était très intrigant et il voulait savoir de quoi il retournait.
- Dis, il s'est passé quoi tout à l'heure à l'hôpital ?
- De quoi tu parles ?
- Je parle de toi qui montes soudainement dans ma voiture en me demandant de rouler alors que tu ne voulais pas le faire quelques instants auparavant.
- Les gens changent d'avis. Ça arrive très souvent.
- Foutaises ! J'y crois absolument pas. T'étais très claire là-bas et je cite, « Je ne te connais pas et tu veux que je monte avec toi. Tu me prends pour une conne ou quoi ? Je préfère tenter ma chance avec le pharmacien. ».
- Je vois que tu as une bonne mémoire. On dirait que quelqu'un consomme sa propre came, dit-elle sur un ton sarcastique.
La jeune femme ajouta qu'elle pensait qu'écouler sa marchandise et se faire de l'argent était la priorité pour les gens comme lui, ce à quoi il répondit que c'était bel et bien le cas.
- Alors, concentre-toi sur ça. Ce qui se passe hors de ton domaine de compétence ne te concerne absolument pas.
Sa façon de le dire était très énervante, mais Caleb ne pouvait pas s'empêcher de constater qu'elle avait raison. Il ne la connaissait pas et n'avait clairement pas envie de le faire. Tout ce qui l'intéressait était son argent et rien d'autre. Il décida donc de ne plus poser question et de se concentrer sur ses affaires.
A suivre !!!
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