On a faim !

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Sur la grande route, voitures et camions roulent à vive allure, mais ce qui surprend le plus Osmund, c'est l'asphalte :

  • Hovding, on marche sur quoi ? Ces chemins sont tout dur !

Dankard lui répond :

  • Ces chemins ont été faits par les Géants c'est pourquoi ils sont plus durs que les nôtres.

Thorketil n'arrive pas à détacher les yeux des immenses immeubles qui les toisent du ciel:

  • On a raison ce sont des Géants, regardez la taille de leurs maisons !

Grimhild est incommodée par la pollution. Elle s'exclame :

  • Pouah, ça pue, quelle est cette odeur infâme ?

Erik plaisante :

  • Des pets de Géants !

La remarque provoque des rires parmi les vikings.

Osmund s'interroge :

  • Pourquoi Thor nous aurait envoyés chez les Géants ?

Gunnolf l'interrompt sévèrement :

  • Il n'est pas du droit de l'humain d'interroger les dieux.

Asbjörn, dont la parole ne saurait être contestée, explique :

  • Et pourquoi pas ? Odin s'est toujours montré bon avec nous. Pourquoi ne répondrait-il pas à nos questions ? - en se tournant vers Osmund - interroge Odin dans tes prières.

Gunnolf trouve à redire à Osmund :

  • Si tu en as le courage...

Asbjörn se tourne vers ses hommes :

  • Bon, Fredegar, Erik, Grimhild, Dankard, Thorketil, Osmund, Gunnolf et vous huit, ajoute le chef en désignant un groupe de guerriers, vous venez avec moi, nous partons en reconnaissance. Toi Björn je te confie la défense du bateau et de notre butin avec tous les autres.

Etrangement, lorsque les Vikings parlent avec les New-Yorkais, ils les comprennent, mais lorsqu'ils parlent entre eux, ils ne les comprennent plus, et vice-versa.


Maggie Gibson, qui suivait le groupe de loin avec quelques uns de ses confrères, demande à son caméraman :

  • T'avais pas un pote à toi qui a fait des études d'Histoire ?

Ce dernier lui confirme :

  • Oui il est historien mais n'a jamais obtenu ses diplômes car il a défendu une thèse que les autorités n'ont pas acceptée.
  • Contacte-le il va peut-être pouvoir nous dire quelque chose sur ces gens, au moins la langue qu'ils parlent, je crois pas aux extraterrestres pas plus qu'aux terroristes mais il y a un mystère là-dessous et j'aimerais bien pouvoir dire lequel, flaire Maggie.
  • Ouais, mais ça pourrait être dangereux regarde ce qu'ils ont fait à nos forces d'élite avec des armes primitives... se plaint son collègue.
  • Pense au Pullitzer ! l'encourage Maggie.

Thorketil qui a toujours le nez en l'air se fait shooter par une voiture en traversant la route. Il se relève indemne, mais la voiture est cabossée et le conducteur effaré, sort de son véhicule en hurlant.

  • Espèce de salopard, sauvage ! Vous avez vu ce qu'il a fait à ma voiture ? Il est pas normal ce gars-là ! Reviens, il faut faire un constat, qui va payer les dégats ? J'espère que tu as une bonne assurance...

Thorketil, indifférent à la colère du conducteur, se tourne vers son chef :

  • Les géants ont envoyé leurs esclaves dans des fourmilières contre nous, pensant nous vaincre par supériorité numérique.

Asbjörn, abattant son fléau sur le capot de la voiture, faisant taire net l'excité, répond calmement en se retournant :

  • Thor nous protège.

Erik, encouragé par son chef :

  • Garde la foi, tant que Thor est avec nous il ne peut rien nous arriver.

Osmund qui connaît le manque de dévotion d'Erik :

  • T'es mal placé pour nous parler de foi toi qui ne jure que par la guerre.

Mais Erik ne se démonte pas pour autant :

  • Justement Thor est notre dieu guerrier donc celui qui ne croit qu'en la guerre croit en Thor et celui qui croit en Thor gagne la guerre !

Dankard lui envoit un petit sourire cynique :

  • Ce qui est bien avec toi Erik c'est qu'on n'a pas besoin de réfléchir longtemps pour trouver des solutions.

Ewind se met soudain à l'arrêt comme un basset reniflant le canard :

  • ça sent la viande grillée et moi j'ai faim !

Asbjörn approuve :

  • Cet établissement semble livrer de la nourriture, entrons.

Alors que les Vikings poussent la porte du fast-food, beaucoup de gens en profitent pour fuir, laissant sur les tables les repas à moitié mangés. D'autres qui n'ont pas eu le courage de partir, semblent terrorisés et déglutissent difficilement leurs frites.

Fredegar s'approche de la caisse, pose son casque sur le comptoir et commande :

  • Oh là Servante ! Apporte-nous à manger et à boire !

L'employée qui a vu les actualités, tremble un peu dans son costume rouge et blanc :

  • Qu'est-ce que vous voulez ?

Fredegar se tourne vers le groupe comme pour demander son acquiescement :

Viande, céréales et hydromel !

L'employée, visiblement troublée, se tourne vers son directeur :

  • Qu'est-ce que je fais monsieur ?

Le directeur, qui demeure planqué à l'arrière, lui intime :

  • Obéissez, vous avez pas entendu les infos, ces gens-là sont dangereux. Ils ont abattu plusieurs policiers et le Swat n'a pas pu en venir à bout. Donnez leur autant de hamburgers qu'ils veulent.

Une fois plusieurs plateaux remplis, les hommes partent s'asseoir. Hélas, les chaises fixées au sol sont trop près des tables pour permettre aux Vikings de s'installer. En desespoir de cause, ils s'asseoient sur les tables et posent leurs pieds sur les chaises. Les derniers clients ont disparu. La serveuse demande humblement :

  • C'est quoi de l'hydromel ?

Fredegar lui sort son sourire de séducteur :

  • Petite damoiselle, si vous n'avez pas d'hydromel, donnez nous de la bière.

Et Erik d'ajouter :

  • Ouais quelques tonneaux.

La petite serveuse leur ramène plusieurs verres de carton contenant la bière.

Dankard remarque :

  • Les serviteurs des Géants ne sont pas civilisés, ils mangent avec les doigts et ils emballent leur nourriture dans de fines feuilles.

Osmund qui a déjà avalé la moitié d'un hamburger avec l'emballage, crache le tout à terre :

  • Pouah c'est infâme !

Un employé de ménage pose sa serpillère contre le mur et s'avance courageusement vers le groupe. Il prend un hamburger, ôte l'emballage, et le tend à Asbjörn :

  • Ça se mange pas le papier qui est autour.

Asbjörn goûte sans le papier, aime ce qu'il mange et file une pièce d'or à l'employé qui regarde sa main complètement ahuri :

  • Merci mon seigneur, merci.

Asbjörn constate :

  • Au moins, les esclaves des Géants peuvent aussi être reconnaissants.

Fredegar ajoute :

  • C'est peut-être parce que les Géants les traitent mal.

Erik goûte la bière, et recrache tout d'un coup par terre, il brandit sa hache :

  • Que maudit soit le brasseur qui a fabriqué cette pisse de marcassin !

Puis terminant sa phrase, il envoie sa hache se figer dans le personnage effigie en plastique du fast-food.

Une fois leur repas terminé, Fredegar appelle la serveuse :

  • Ça coûte quoi ?

L'employée, tremblante comme une feuille :

  • C'est offert par la maison.

Dankard s'adresse à Fredegar :

  • Tu as raison, les Géants doivent maltraiter leurs esclaves, ceux-ci nous font des offrandes pour les protéger. Ils désirent peut-être changer de maîtres.

Grimhild lui répond d'un air dégoûté :

  • Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse de ces petites natures ? Ils ont peur de tout. Ils ne sont pas civilisés. Ils ne semblent pas instruits.
  • Et en plus ils n'ont aucune force physique, ajoute Erik.

En sortant, Thorketil aperçoit un homme assis devant la porte avec un écriteau sur lequel est écrit "J'ai faim". Intrigué, Thorketil interroge l'homme :

  • Pourquoi dis-tu avoir faim, alors que cet établissement distribue de la nourriture ?

L'homme lève une petite mine vers le Viking :

  • Je n'ai pas de quoi la payer.

Thorketil le prend par le bras d'autorité et l'amène à l'intérieur du fast-food. Il interroge le clochard :

  • Comment tu t'appelles ?
  • Robert, lui répond l'assisté.

La serveuse voyant revenir Thorketil, prend peur. Mais celui-ci lui dit simplement :

  • Toi la servante, donne à Robert tout ce qu'il désire.

L'employée se dépêche de remplir un plateau de hamburgers, de soda et de frites que le clochard emporte. Puis il pose le plateau sur une table et baise la main de Thorketil :

  • Merci, merci monseigneur !

Thorketil voyant tant de dévotion :

  • Ça te dirait de devenir mon esclave attitré ?

Le clochard avale une bouchée de viande avant de répondre d'une voix démotivée :

  • D'accord, de toute façon j'ai rien à perdre.

Thorketil lui explique :

Tu seras mon guide dans ce monde, mais attention, si tu me trahis, il t'en coûtera.

* * *

Quelque part au Pentagone, il y a l'alerte générale. Des dizaines de fonctionnaires marchent à toute allure et dans tous les sens avec des piles de dossiers dans les mains. Assis autour d'une table, des responsables discutent dans une ambiance tendue et un brouhaha général.
Un homme dans la quarantaine, aux cheveux grisonnant, tâche de mettre bon ordre :

  • Mesdames, messieurs, un peu de calme je vous prie et tachons d'y voir plus clair. Depuis ce matin la police de Manhattan est harcelée de coups de téléphone des citoyens concernant la venue des terroristes. On sait déjà qu'ils ont pillé un fast-food, envoyé à l'hôpital plusieurs journalistes mais le plus grave c'est qu'ils ont décimé les forces de police et du swat dont l'un s'est retrouvé avec l'avant-bras tranché net par un coup de hache. J'espère de vous tous des éléments nouveaux, car la maison-blanche attend un rapport d'ici une heure.

Puis s'adressant à un petit rondouillard transpirant dont la chemise sort de son pantalon :

  • Victor, avez-vous du nouveau sur ces personnages, sait-on d'où ils viennent et ce qu'ils veulent ?

L'homme désigné sort un mouchoir de tissu, s'éponge le front, et tente maladroitement de mettre un pan de sa chemise en place :

  • Depuis ce matin nos services ont multiplié par 10 leurs tâches afin d'obtenir de plus amples renseignements sur ces personnages. Le FBI n'a pu cerner jusqu'à présent que le fait que ces gens semblent avoir des vêtements de protection plus solides que nos gilets pare-balles.

Un homme élégant, la trentaine, costar 3 pièces, petites lunettes cerclées d'or, montre rollex au poignet intervient :

  • La CIA pense que certains membres des forces armées iraniennes ont inventé dernièrement des protections blindées contre toutes formes d'armes. Nos meilleurs techniciens sont actuellement à la recherche de la manière optimale d'appréhender ces terroristes.

Une femme en tailleur, mince, la quarantaine, cernes sous les yeux, prend la parole :

  • Bien sûr la CIA voit toujours les ennemis aux portes de l'Arabie, mais soyons sérieux, au département des sciences des comportements, nous avons bien remarqué qu'il ne peut en aucuns cas s'agir d'Arabes. D'après ces photos -elle les étales sur la table-, nous pouvons clairement dire qu'il s'agit de Vikings.

Un chauve en pull-over à col roulé, simple pantalon, s'énerve :

  • Les vikings ? Et pourquoi pas les hommes de Néandertal ? La Nasa a déjà tablé qu'il est fort possible que ces gens viennent de Mars, car on a relevé sur leur passage de la terre tout à fait inconnue sous nos latitudes.


Bientôt, tout le monde parle en même temps, se contredit, et le brouhaha du départ revient.

La nuit tombe sur Manhatan.

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