Prologue
Ils allaient la laisser là.
Ils n’avaient plus le choix de toute façon : toutes leurs tentatives s’étaient soldées par un échec… Elle ne leur était plus d’aucune utilité. Ils avaient tout essayé, absolument tout ! Des semaines qu’ils réfléchissaient en vain pour trouver une nouvelle approche, une nouvelle idée. Mais rien… Et ils n’étaient pas les seuls à s’être penchés sur le sujet, d’autres équipes étaient passés avant eux. Cette fois-ci ils déclaraient forfait !
Cette curiosité de la nature leur avait coûté beaucoup de temps, beaucoup d’argent, et leur santé mentale à tous. Une seconde de plus sur ces recherches et ils finiraient par perdre définitivement la raison. Elle n’avait plus aucune importance pour eux, ils n’avaient aucun moyen de s’en débarrasser et l’ennemi approchait. Il fallait faire vite ! Bientôt les soldats fondraient sur leur laboratoire et tous leurs travaux de recherches tomberaient entre leurs mains ! Ils avaient peut-être échoués, mais rien ne garantissait que leurs assaillants seraient aussi démunis qu’eux devant l’incroyable condition de cette créature.
Il fallait la faire disparaître et toute l’installation avec. Ils ne pouvaient pas l’éliminer, et ils ne pouvaient décemment pas l’emmener avec eux : elle ne serait qu’un fardeau et une bouche de plus à nourrir dans une fuite déjà bien assez dangereuse sans sa présence.
Ils allaient la laisser là.
Rien n’avait pu en venir à bout. Ils n’avaient pas d’autre option. Ils avaient enchaîné ses chevilles au fond du dispositif. Ils s’y étaient mis à plusieurs, elle s’était débattue, pressentant bien le sort qu’ils lui réservaient. Une fois liée, ils avaient pu refermer à la hâte l’épaisse porte de métal sécurisée. Ils ne s’étaient pas retournés. Ils avaient simplement saisi leurs maigres affaires, enfilé leurs blouses et quitté les lieux. Ils l’entendaient crier, hurler à la mort, tambouriner contre le battant avec fracas. Elle devait avoir tout juste assez d’espace pour cogner…
Même ses appels ne les firent pas se retourner. Ses plaintes. Ses prières. Même à l’extérieur, ils arrivaient encore à distinguer ses lamentations étouffées. A ce moment-là, certains s’étaient brièvement retournés, les remords peut-être. Puis les sirènes d’alarme de la ville avait retenti. Leur aboiement strident couvrit les pleurs de la malheureuse créature et détruisit tout espoir de salut pour elle. La panique les rattrapa. Ceux qui avaient hésité ne pensaient alors plus qu’à sauver leur peau. Les soldats arrivaient, ils étaient même déjà là. Ils n’avaient plus le temps.
Ils déclenchèrent le compte à rebours.
5.
Et détalèrent.
4.
S’éloigner du bâtiment.
3.
A tout prix.
2.
Avant que tout n’explose.
1.
Et elle ?
…
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