Chapitre 1 - Le jour d’après (4)

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Samedi 18 juillet 1964, maison de Frédéric, Lausanne

Frédéric se doucha le premier puis partit seul en direction de la maison. Urbain, le chauffeur, vint à sa rencontre. Malgré la chaleur il avait mis une veste et une cravate.

— Bonjour Monsieur, je suis désolé de vous surprendre dans cette tenue.

— Bonjour Urbain, je suis sûr que tu n’es pas désolé, tu dois être au contraire très content.

— C’est exact, je ne vous avait jamais vu nu depuis que vous êtes… comment dire, plus un enfant. Mais, Monsieur, nous avions convenu de ne pas nous tutoyer lorsque nous n’étions pas seuls, et je n’aimerais pas parler de mon orientation sexuelle devant vos sœurs.

— Tu as… Vous avez raison, Urbain. Que pensez-vous de ma bite ?

— Je ne me permettrais jamais de faire une appréciation sur les organes génitaux de mes employeurs. Je vais vous chercher des linges de bain ?

— Bonne idée, prends-en huit, ou neuf si tu veux te baigner avec nous.

— Jamais pendant le service, j’ai juré de ne plus me déshabiller en étant payé pour le faire.

Urbain avait raconté à Frédéric qu’il avait quitté ses parents, avait vécu dans un bordel et s’était drogué. Il avait été tiré d’affaire par une fondation du père de Frédéric qui l’avait ensuite engagé comme chauffeur.

— Et après le service ? demanda Frédéric.

— On pourrait en discuter.

— Vous comprenez, j’ai un ami qui aime bien examiner les organes génitaux masculins, c’est un scientifique, il fait des statistiques.

— Je comprends, fit Urbain en riant.

— Avant que vous alliez chercher les linges, j’aimerais vous présenter à mes invités.

Frédéric soupçonnait Urbain d’être un amant occasionnel de son père, il n’en avait jamais eu la confirmation. Il demanda encore :

— Vous êtes libre ce soir ? pas pour nous montrer votre bite, pour nous conduire à Cully au restaurant.

— Oui Monsieur.

— Parfait.

Les autres les avaient rejoints et ils se rendirent sur la terrasse. Les sœurs de Frédéric étaient hilares, les deux petits amis avaient l’air embarrassés. Frédéric fit la bise à ses sœurs. Marie dit en regardant l’entrejambe de son frère :

— Il y a longtemps qu’on ne s’est pas vus, il me semble que tu as encore grandi pendant les vacances.

— Cela ne fait que deux semaines et je ne suis pas en vacances. Fais plutôt les présentations.

— Je m’appelle Marie, ma sœur Michèle, nous sommes une année plus âgées que Frédéric et jumelles dizygotes. À ma droite, Guy, mon petit ami, et, à la gauche de ma sœur, Jacques, son petit ami. Nous avons fait ensemble le camp des Jeunesses Paroissiales à Crêt-Bérard et Urbain est venu nous chercher.

— C’est officiel maintenant ? demanda Frédéric, on pourra le dire à nos parents quand ils rentreront ?

— Tu sais, expliqua Michèle, nous ne voulons plus respecter les traditions : nous fiancer d’abord et rester vierges jusqu’au mariage. Et surtout pas demander leur avis à nos parents. Mais au camp il n’était pas possible de… de faire ce que tu penses. Les garçons et les filles étaient séparés.

— Dans notre école c’est plus simple, dit Koen, il n’y a pas de filles.

— C’est pour cela que les garçons couchent ensemble ? demanda Marie.

— Oui, ça fait moins de complications, on ne peut pas avoir d’enfants. Je pense que Guy et Jacques se sont masturbés dans leur chambre avec les autres.

Il y eut un silence, puis un éclat de rire. Frédéric pensa une fois de plus que Koen était insortable. Il aurait encore beaucoup de progrès à faire pour évoluer dans le grand monde. Guy et Jacques avaient l’air gênés. Marie demanda des précisions à Koen :

— Qu’est-ce qui te fait dire cela ?

— J’estime que 96,92% des garçons dans une chambre d’internat se masturbent en commun. Il n’y aurait donc que 3,08% de chances que vos amis ne l’aient pas fait.

— Alors, dit Marie en se tournant vers Guy, qu’as-tu à dire pour ta défense ?

— Euh, rien, je pense que ce monsieur à raison.

Nouveaux éclats de rire. Les sœurs se gardèrent bien de dire qu’elles avaient assisté à une séance de masturbation avec les deux cousins. Frédéric présenta ses amis :

— Dominique, infirmière à la clinique Beaumont de Glion, amie de Daniel.

— Attends, l’interrompit Marie, tu as bien mis les mots au féminin ?

— C’est exact, les apparences sont trompeuses, mais Dominique est une femme. Ensuite Daniel, mon cousin, rentré récemment des États-Unis, fils d’ambassadeur, puis Koen, professeur en pénisologie appliquée à l’école Hinterhoden, comme vous avez pu le deviner, fils du Premier Ministre des Pays-Bas.

— Pas encore professeur, précisa le Néerlandais, seulement étudiant.

— C’est ton petit ami ? demanda Michèle.

— Il y a 96,92% de chances qu’il le soit et que nous nous soyons branlés ensemble. Et enfin Urbain, notre chauffeur depuis des années.

— Merci, dit celui-ci. Elle est bien à vous la voiture parquée devant la maison ?

— Oui, c’est la mienne, répondit Dominique.

— J’avais peur que quelqu’un l’ait laissée là pour s’en débarrasser.

— Bien, normalement mon père aurait fait un discours, comme il n’est pas là je vais le remplacer. Bienvenue à tous dans notre demeure, oubliez tout le luxe qui nous entoure, nous sommes des êtres humains comme vous, nous mourrons aussi sans rien emporter avec nous. Je propose de vous inviter tous ce soir au Major Davel à Cully pour souper, j’ai réservé une table à tout hasard. Tout le monde peut venir ? sinon je libérerai les places vides. J’inviterai aussi Urbain.

— Seulement s’il ne boit pas d’alcool, ajouta Koen.

— Je connais mon métier, Monsieur Koen, fit le chauffeur, vexé. Je vais chercher les linges.

— Enlevez votre veste et votre cravate, dit Frédéric, il fait vraiment trop chaud.

— Comme vous voudrez, Monsieur.

— La partie officielle est terminée. Maintenant je vous propose de vous prélasser cet après-midi, de vous baigner si vous le désirez. On prendra l’apéritif à 17 heures.

Les deux amis des filles auraient préféré aller tout de suite faire l’amour dans les chambres, ils attendaient le moment de perdre leur virginité depuis le début du camp, mais elles n’étaient pas pressées. Michèle proposa :

— On se baigne ?

— Je n’ai pas de slip de bain, objecta Guy.

— Et alors, tu n’as pas vu la tenue des autres garçons ? Pardon, des autres garçons et de Dominique.

— C’est que…

— J’aimerais bien regarder vos organes génitaux, dit Koen à Guy, c’est pour faire des comparaisons.

Frédéric soupira.

— D’abord je propose qu’on se tutoie tous. Ensuite, Guy, je te prie d’excuser mon ami. Tu fais comme tu veux.

— Allons, dit Jacques, ce n’est pas difficile de se déshabiller devant d’autres personnes. Je fais du naturisme au camp de la Venoge.

— C’est pour cela que tu es bronzé partout, dit Guy, je me demandais.

Jacques montra l’exemple en se déshabillant, suivi des sœurs et enfin de Guy qui se décida enfin. Koen les suivit des yeux et constata avec plaisir que Guy avait un début d’érection, ce qui pouvait expliquer sa gêne. Il mit sa main devant son pénis. Marie la retira et le rassura :

— Ne t’inquiète pas, tu as bien vu qu’ils étaient en train de baiser quand nous sommes arrivés. Il y a 96,92% de chances qu’ils soient homosexuels et que la vue d’un sexe bandé ne les trouble pas.

— 97,21%, corrigea Koen. N’oubliez pas de prendre des préservatifs.

— Tiens, c’est une bonne idée, fit Michèle. C’est utile d’avoir un expert en péniso je ne sais plus quoi.

— Pénisologie, précisa Koen, je suis à votre entière disposition si vous avez des problèmes avec votre zizi. Je vais vous en chercher. Quelle taille ? Petit, moyen, grand ?

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