Chapitre 8 - Hippies au Monte Verità (6)
Dimanche 9 août 1964, Monte Verità, Ascona
Nikolay laissa tomber son carnet d’esquisses sur l’herbe afin de se concentrer sur son plaisir qui montait. Il voulait profiter de son séjour chez les hippies pour réaliser un vieux rêve qui le hantait depuis longtemps : avoir une relation sexuelle avec un homme. Les modèles masculins qui se succédaient à l’école d’art l’avaient toujours troublé, il s’était demandé comment ils pouvaient poser nus sans bander, entourés de jeunes filles et de jeunes hommes.
Chloé, qui avait vu sa compagne branler un homme sans gêne, décida de l’imiter, elle rapprocha sa main de l’entrejambe de Dominique et l’effleura, ses gestes étaient hésitants. Dom sourit et l’encouragea à continuer. Le pénis durcit rapidement. Chloé ne put s’empêcher de le comparer à ceux de Flavio et de Nikolay, elle n’avait pas pensé qu’il y avait de telles différences entres les organes masculins. Elle eut soudain envie de prendre le gland circoncis dans sa bouche, ce serait plus facile avec un membre de petite taille pour une première fellation.
Flavio savait s’y prendre, Yvette se demandait combien il avait déjà eu d’amantes et d’amants malgré son jeune âge. Elle était toujours restée fidèle à son amie jusqu’à présent. Elles avaient bien réfléchi avant de réserver un séjour, les envies de faire des découvertes, de connaître d’autres personnes, de sortir de leur routine quotidienne, l’avaient emporté. Yvette n’avait pas imaginé que tout irait aussi vite et qu’elles auraient aussi des relations avec des hommes, relations qui resteraient sans suite, sauf peut-être avec Dom et Daniel.
Nikolay jouit. Daniel, qui ne voulait pas avaler le sperme d’un inconnu, avait libéré le gland juste avant l’éjaculation. Les jets de semence échouèrent sur son visage.
— Tu as aimé ? demanda-t-il à Nikolay.
— Oui, c’était la première fois.
— La première fois qu’on te suçait ?
— Non, la première fois que c’était un homme.
— Tu n’es pourtant pas gay.
— Qui sait ? Je vais profiter de ce séjour pour y réfléchir. J’ai peut-être refoulé mes pulsions afin d’être comme tout le monde.
— Tu as une petite amie ? demanda Daniel.
— Non, pas en ce moment. Celle que j’avais n’aurait jamais accepté de venir ici. Tu permets que je te suce ? Ce sera aussi une première.
— Oui, mais Flavio nous a branlés tout à l’heure, je ne sais pas si je vais bander. Ne t’inquiète pas si ça ne marche pas, ce ne sera pas de ta faute.
Les deux hommes se couchèrent sur la couverture et Nikolay et débuta la fellation. L’ambiance très érotique de la soirée avait redonné du tonus à Daniel et son membre se redressa.
Dominique et Daniel mirent assez longtemps pour éjaculer, ce qui permit à Chloé et Nikolay de bien se familiariser avec cette nouvelle possibilité de donner du plaisir à un homme. Quant à Yvette, elle jouit plusieurs fois en gémissant pendant que Flavio lui léchait le clitoris.
Ils restèrent ensuite quelques minutes couchés sur le dos, sans se parler, contemplant les étoiles. Yvette rompit le silence et demanda au Tessinois :
— Tu aimes mieux faire l’amour avec un homme ou une femme ?
— Je n’ai pas de préférence.
— Est-ce vraiment faire l’amour ce que nous faisons ce soir ? demanda Yvette, ou est-ce seulement pour nous détendre, pour libérer des tensions sexuelles ?
— Vous êtes trop compliquées, vous demanderez à L’Américain ce qu’il en pense. Je préfère la pratique à la théorie. J’aimerais bien mettre encore ma queue dans un vagin ou un anus ce soir, une ou un volontaire ?
Les deux couples se regardèrent sans réagir. Ce fut Nikolay qui accepta :
— Je suis d’accord que tu m’encules, mais cela m’ennuie de le faire dans le jardin, j’ai l’impression qu’on nous regarderait. Ce ne doit pas être courant, deux hommes ensemble de cette manière.
— Tu as raison, dit Flavio, c’est plutôt rare. Tous les préjugés n’ont pas encore disparu, même chez nous. On va dans ta chambre ?
— OK.
Les deux hommes prirent congé et s’éloignèrent. Dominique et Daniel se rapprochèrent l’une de l’autre, toujours couchés, et échangèrent un baiser. Yvette dit à Chloé :
— Il n’y a que toi qui n’a pas joui ce soir.
— Ne t’inquiète pas pour moi. Il commence à faire frisquet, je propose de rentrer.
D’autres participants avaient déjà eu la même idée, s’étaient rhabillés et avaient pris place au bar à l’intérieur. Les deux couples préfèrent se retirer dans leurs chambres respectives pour un dernier moment d’intimité avant de s’endormir.
Mardi 11 août 1964, Vallemaggia
Le lendemain, Dom et Daniel avaient consacré leur matinée au nettoyage des douches et des toilettes. Daniel avait pris l’habitude puisque c’était lui qui faisait le ménage dans l’appartement de son amie pendant qu’elle travaillait. L’après-midi, ils avaient visité la ville de Locarno avec leurs nouvelles amies et étaient montés au sanctuaire de la Madonna del Sasso. Le soir, ils étaient restés les quatre entre eux. Nikolay et Flavio semblaient inséparables. Le temps des échanges était-il déjà terminé ?
Le surlendemain, les deux couples voulurent quitter la ville pour aller dans le Vallemaggia. Ils désiraient se baigner dans une rivière, comme Chloé l’avait fait sous la cascade de Piumogna. Ils demandèrent conseil à Flavio.
— N’allez pas dans les lieux où il y a des touristes, leur dit-il, ce serait mal vu de se baigner à poil.
— Qui t’a dit que nous voulions nous baigner à poil ? demanda Yvette en riant.
— J’ai deviné. Je connais un endroit isolé près du village où habite ma grand-mère, j’allais souvent en vacances chez elle et je m’y baignais tous les jours.
— À poil, je suppose ? fit Chloé.
— Qui te l’a dit ? Bien sûr, et je me branlais si tu veux tout savoir. Je vous prêterai une carte et je noterai l’endroit. Mais cela reste entre nous, je ne voudrais pas que tous les pensionnaires de l’hôtel s’y retrouvent. Vous laisserez la voiture au village et vous irez à pied.
Yvette et Chloé étaient venues en train, ils prirent donc la deuche de Dom pour se rendre dans le village où ils arrivèrent vers dix heures, ils prévoyaient ensuite de manger dans un grotto, un restaurant typique du Tessin. Les filles avaient l’habitude de faire des randonnées, elles trouvèrent sans problème l’endroit indiqué sur la carte. Le chemin n’était pas entretenu comme les itinéraires pédestres, il était recouvert à plusieurs endroits par de la végétation. Ils arrivèrent au bord de la rivière qui formait une petite anse, l’endroit était entouré d’arbres.
Flavio ne devait pas être le seul à connaître ce lieu puisqu’un homme se lavait dans la rivière.
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