Chapitre 13 - La Confrérie de Vincelard (10)
Samedi 12 septembre 1964, château de Vincelard, Blonay
Cinquième alcôve, la clinique (suite et fin)
Le Dr Frankenstein remit le bandeau sur les yeux de Koen et massa légèrement son pénis en lui expliquant :
— Ce sera plus agréable pour vous si vous avez une légère érection, mais concentrez-vous plutôt sur le plaisir anal.
— Je crains de n’avoir que des érections très dures.
— Ah, la jeunesse…
Le Dr Moreau prit un premier objet dans l’armoire vitrée et l’introduisit dans l’anus de son patient après l’avoir lubrifié, puis lui demanda :
— Qu’est-ce, cher confrère Dr Mabuse ?
— Un thermomètre au mercure, je pense. Le symbole du roman de Thomas Mann, La Montagne magique.
— Exact. Vous l’avez lu ?
— Bien sûr, un roman qui se passe dans un sanatorium. J’ai sauté quelques passages inintéressants, les neuf dixièmes du livre, en fait. Ai-je de la fièvre ?
— Nous n’avons pas le temps d’attendre. Mon confrère a déjà préparé l’objet suivant.
Le Dr Moreau retira le thermomètre et fit couler de l’eau à l’intérieur du rectum.
— Une poire à lavement, dit Koen.
— Toujours exact. Nous devons nous assurer que tout soit propre pour la suite.
— Je vais devoir me lever pour aller aux toilettes.
— Ne vous inquiétez pas, nous ferons le nécessaire.
Une fois que ce fut terminé, le Dr Frankenstein demanda :
— Qu’est-ce qu’on vous a mis dans votre cul maintenant ?
— Facile, un doigt, je le sens sur ma prostate.
— Nous n’allons pas pouvoir le piéger, fit le Dr Moreau. Essayons autre chose.
Il prit un nouvel instrument plus large dans l’armoire et le fit glisser entre les fesses de Koen qui hésita avant de dire :
— Je pense que c’est un tube pour examiner l’intérieur du rectum, un anoscope.
— Encore exact, le Dr Moreau va regarder l’intérieur avec une lampe de poche.
— Pourriez-vous prendre une photo ? Ce serait pour l’agrandir et l’encadrer afin de décorer ma chambre à l’école. Je mettrai également une photo de mon pénis à côté.
— Ils tolèrent ça, dans votre école ?
— Je ne sais pas. Cela pourrait choquer la femme de ménage.
— Oui, certainement. Nous n’avons pas d’appareil photo, le problème est résolu. Il est d’ailleurs interdit de faire des photos pendant les réunions, relisez le règlement.
— Tout est parfait, dit le Dr Moreau qui avait terminé son examen, ni hémorroïdes, ni condylomes, mais faites attention et n’y mettez pas n’importe quoi, il doit servir pendant de nombreuses années.
— Je ferai attention et le traiterai aussi amoureusement que ma bite.
Le Dr Frankenstein tendit l’objet suivant et le Dr Moreau l’enfonça.
— Ça, c’est un moulage de pénis que vous avez pris dans un bocal, fit Koen.
— Vous êtes incollable, dit le Dr Moreau. Pouvez-vous nous dire sur quelle personne nous l’avons moulée ?
— Je suppose que c’est celle du Dr Frankenstein.
— Encore exact, vous êtes un génie, personne n’avait jamais trouvé toutes les réponses.
— Notre patient est trop porté sur le plaisir pénien, dit le Dr Frankenstein, je pense que nous devrions procéder maintenant à une décharge avant de terminer.
— Excellente idée, cher confrère. Essayons cette nouvelle crème, la publicité prétend que personne ne résiste plus de 28 mouvements.
Charles prit un tube dans l’armoire et enduisit le pénis de crème. Il débuta des va-et-vient. Koen les comptait car il voulait absolument tenir plus longtemps. Il ne réussit pas, il laissa échapper sa semence au vingt-huitième.
— Trop rapide, dit le Dr Moreau.
— J’étais trop excité par vos intromissions anales.
— Ah, la jeunesse…
— Dernier objet avant de vous libérer de votre position inconfortable, dit le Dr Frankenstein.
— Pourquoi inconfortable ? s’étonna Koen. C’était très agréable.
— Pourtant cette alcôve n’est pas celle que préfèrent les confrères.
— Il faudra absolument que Frédéric l’essaie, et c’est moi qui intromettrai les objets.
Koen sentit quelque chose qui forçait ses sphincters, il dit immédiatement :
— Ça, c’est un pénis humain en érection entouré d’un préservatif.
— Exact, fit le Dr Frankenstein. À qui appartient-il ?
— Au Dr Moreau, je présume.
— Non, on a enfin réussi à vous piéger.
— Le vôtre ?
— Non, je ne désire pas avoir de relations complètes avec vous car vous êtes l’ami de mon fils. C’est celui du Préfet de Berne, le Franz de votre école.
— Je ne vous crois pas, il n’a jamais de relations sexuelles avec les élèves.
— Tant pis si vous ne me croyez pas.
Koen avait envie d’enlever son bandeau, il n’aimait pas cette incertitude. Il dut faire un effort pour rester tranquille et apprécier les va-et-vient rapides et puissants. C’était peut-être quand même Franz.
Koen ne sut jamais qui l’avait enculé ce jour-là.
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