Chapitre 13 - La Confrérie de Vincelard (13)
Samedi 12 septembre 1964, château de Vincelard, Blonay
Septième alcôve, Hollywood
Djibril avait passé au vestiaire pour mettre un tee-shirt blanc, un jean et des baskets. Séverin, le Chancelier, l’avait ensuite conduit vers la septième alcôve.
Le danseur découvrit une pièce éclairée par des lampes électriques, avec une baie vitrée dans le fond. Le paysage était celui d’Hollywood : la célèbre colline et ses lettres géantes. À gauche, un sofa ; à droite deux fauteuils et une caméra sur un trépied. Un jeune homme en combinaison bleue faisait des essais de lumière, l’intensité de celle-ci pouvait varier. Séverin, vêtu d’une chemise hawaïenne bariolée et de shorts, expliqua :
— C’est un nouvel aménagement et tu auras l’honneur de l’inaugurer. Je suis un réalisateur connu, Jerome Wise, et je fais des auditions pour mon prochain film, East Side Story, un remake gay de West Side Story.
— C’est simple, dit Djibril. Et qui est la personne en combinaison bleue ?
— C’est notre Machiniste, Marc. Il est chargé des installations techniques de la cave. Tout fonctionne ?
— Oui, à part la caméra, dit Marc. Elle n’a pas de film.
— Il est interdit de filmer et la pellicule serait trop chère. Ce sera symbolique.
— Bon, je vous laisse.
— Attends, j’ai besoin d’un assistant. Tu peux rester ?
— Je n’ai pas d’autre problème technique en ce moment. Je devrais faire quoi ?
— Donner ton impression sur le déroulement de la scène, me suggérer s’il y a des améliorations à faire. Assieds-toi dans un fauteuil, Djibril sur le sofa. Prêts ? Action !
Le réalisateur s’assit également dans un fauteuil.
— Vous désirez devenir acteur, Mr Djibril, dit-il. Avez-vous déjà joué dans un film ?
— Mon père avait une caméra 8 mm et il nous filmait à Noël et pendant les vacances au bord de la piscine, en noir et blanc.
— Expérience intéressante, je ne sais pas si cela sera suffisant. Mais vous êtes aussi danseur d’après votre CV ?
— Exactement.
— Pourriez-vous nous faire une démonstration ?
Djibril se leva et exécuta quelques pas.
— Attendez, fit Jerome Wise, je pensais que les danseurs étaient nus.
— Pas entièrement, nous avons une gaine et une culotte, il ne faut pas choquer le public.
— Excusez mon ignorance, je tourne d’habitude des pubs de croquettes pour chats. Elle sert à quoi cette gaine ?
— Comment dire… Pour éviter que le service trois-pièces balance dans tous les sens et distraie le public.
— Vous en avez une ?
— De bite ? fit Djibril en riant. Oui, j’en ai une.
— Je pensais à une gaine…
— Non, je ne savais pas que j’aurais cette audition. Le Culottier a trouvé autre chose.
— Alors, montrez-nous, et déshabillez-vous sensuellement, imaginez que votre amant vous regarde.
Le danseur enleva ses chaussures, son jean et son tee-shirt, les jetant élégamment sur le sofa. Son corps était fin et musclé. À la place de la gaine, il avait un jockstrap blanc. Le cinéaste se leva et se rapprocha.
— Sous-vêtement original, tournez-vous.
Djibril s’exécuta, Séverin contempla les fesses, passa sa main sur les globes.
— Joli cul, dit-il, on reprendra l’idée du jockstrap dans le film. C’est beaucoup plus courant aux States que chez nous, ils doivent en mettre pour faire du sport dans les universités. Vous pouvez continuer à faire des mouvements.
Djibril leva une de ses jambes presque à la verticale en s’aidant d’un bras, le réalisateur fut étonné de la souplesse du corps du danseur, il y eut quelques applaudissements parmi les confrères arrêtés devant l’alcôve.
— Nous allons maintenant passer aux choses sérieuses, dit Séverin. Vous comprendrez que je dois aussi voir si vous êtes à l’aise devant la caméra sans aucun habit.
— Il y aura des scènes de nu dans votre film ?
— Euh, oui. Il sera réservé à un public averti.
— Vous avez déjà vu ma queue tout à l’heure.
— Dans un état que vous auriez pu monter dans un pensionnat de jeunes filles pour un cours d’éducation sexuelle. Mon film ne sera pas présenté dans ces établissements.
Djibril baissa son jockstrap. Son long membre était à moitié érigé, pointant toujours vers le bas, le prépuce recouvrant encore le gland.
— Bel organe, très photogénique, dit Jerome Wise, en le touchant et l’examinant sous toutes les coutures. Pourriez-vous vous masturber ?
— Me masturber ?
— Oui, dans le film il y aura une scène où le personnage sera seul devant son miroir et il se branlera en pensant à son futur amoureux.
Djibril n’avait pas d’amoureux, il chercha à qui penser pour combler les souhaits du cinéaste. Pas les jumeaux, ils étaient inséparables ; pas Koen, beau gosse, mais trop cérébral et déjà en couple avec Frédéric ; ni l’Anglais, ni le Japonais, trop exotiques. Il ne restait que François-Xavier, le fils du banquier. Cela pourrait être utile, les danseurs étaient payés au lance-pierre. Non, Djibril rejeta toute idée mercantile, il appréciait beaucoup le petit cul de FX. Il ferma les yeux et débuta des caresses. Son membre ne grossit pas énormément, étant déjà de fort belle taille au repos.
Séverin eut de la peine à résister à la tentation, il aurait voulu aider Djibril à se branler en le suçant, mais il devait respecter le scénario pour ce premier essai. Son tour viendrait plus tard, tout comme celui du Machiniste Marc, dont le sexe formait déjà une belle bosse sous sa combinaison bleue, il ne mettait jamais de slip lors des réunions de la confrérie. Séverin ne savait pas s’il en mettait sur les chantiers.
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