Chapitre 14 - Voyage en Allemagne (1)

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Dimanche 4 octobre 1964, Baden-Baden

Frédéric et Koen arrivèrent en début d’après-midi à Baden-Baden. Ils avaient mangé un repas léger au wagon-restaurant. Ils étaient accompagnés des jumeaux Sacha et Vania. La tante de ceux-ci les attendait sur le quai de la gare et les embrassa.

— Vous avez encore grandi depuis la dernière fois que je vous ai vus, dit-elle.

— Plus tellement, dit Vania.

— À part nos…, ajouta Sacha.

— Et on ne peut toujours pas vous différencier, sauf la petite particularité.

— Ce n’est plus possible, on t’expliquera.

Ils présentèrent ensuite Koen et Frédéric à la tante, elle s’excusa de ne pas pouvoir les accueillir chez elle.

— Pas de souci, dit Koen, nous serons très bien à l’auberge de jeunesse.

— Je vous y dépose en voiture ? J’ai une Coccinelle, il faudra vous serrer.

— Merci, dit Frédéric, mais nous pouvons y aller à pied, ce n’est pas loin. Nous n’avons que des sacs à dos et cela fera un peu d’exercice.

— Comme vous voudrez.

Ils se séparèrent.

— Heureusement que nos sacs sont légers, dit Koen, et qu’on pourra donner nos slips sales à laver à la pension d’Heidelberg.

— Tu t’embourgeoises, fit Frédéric, tu as pris un kilo depuis les vacances d’été. Pense aussi à ton poids et pas seulement à la longueur de ta bite.

— Ma masse, si tu parles de kg. Mon poids est en newtons. As-tu déjà oublié le dernier cours de physique ?

Frédéric soupira. Cela demandait une certaine dose d’abnégation d’avoir Koen pour ami.

Le réceptionniste de l’auberge de jeunesse les accueillit chaleureusement. Il leur montra leur chambre :

— C’est un dortoir de huit places, avec des lits superposés, les vôtres sont ici. Vous devrez les faire vous-même avec les draps puisque vous n’avez pas de sac de couchage.

— Les autres lits seront-ils aussi occupés ? s’inquiéta Koen.

— Oui, c’est un groupe de six jeunes Belges de la région de Bruxelles qui vont faire des randonnées dans la Forêt-Noire, ils profitent des derniers beaux jours de l’année. Ils sont arrivés peu avant vous et sont partis visiter la ville.

— Nous allons faire la même chose. Que nous conseillez-vous ?

— Le Friedrichsbad, évidemment. On vient pour se baigner à Baden-Baden.

— Zut, fit Koen, nous avons oublié nos maillots de bain.

— Ce n’est pas nécessaire, dit le réceptionniste, c’est un bain naturiste, si cela ne vous dérange pas.

— Nous déranger ? Pas du tout, au contraire.

— Je crois même que c’est mixte aujourd’hui, vous verrez des belles filles nues si vous avez de la chance. Ici, les douches ne sont pas mixtes.

Koen sut tenir sa langue pour une fois et omit de préciser qu’il préférait les beaux garçons.

— Je crois qu’il y a aussi un casino, dit Frédéric.

— Oui, mais d’habitude mes clients n’ont pas les moyens d’y aller.

— Ce serait par simple curiosité et pour jouer seulement une petite somme, dix ou vingt marks.

— Il faut une veste et une cravate pour entrer.

— Zut, dit Koen, nous n’en avons pas.

— Ils vous en prêteront plutôt que de perdre des clients.

Koen et Frédéric prirent le bus pour aller jusqu’au centre de la ville car c’était trop loin à pied. Ils se promenèrent un moment avant d’aller aux bains.

— Regarde ce groupe, fit Koen, ce sont probablement nos colocataires.

— Ils te plaisent ?

— Oui, pas mal. Il faudra voir leurs queues.

— Tu crois qu’ils vont te les montrer ? Ne dis rien pour le moment, nous ne sommes pas sûrs que ce sont eux.

Ils croisèrent les jeunes gens qui avaient l’air indécis. L’un d’eux s’approcha de nos deux héros et demanda :

— Vous parlez français ?

— Oui, je parle français, dit Frédéric.

— Nous avons de la chance. Nous cherchons les bains, les bains de Frédéric je crois, Friedrichsbad.

— C’est mon prénom… Nous y allons aussi. J’ai un plan de la ville, c’est tout près, suivez-nous. Vous êtes français ?

— Non, nous sommes belges.

— Nous devons être dans la même chambre à l’auberge de jeunesse. Mon ami Koen est néerlandais, si vous voulez lui parler dans cette langue.

— Oui, nous savons quelques mots.

Le jeune homme se présenta, ainsi que les autres. Il s’appelait André, il y avait Serge, Patrice, Denis, Richard et Joël. Koen mémorisa tous les prénoms, pas Frédéric. Ils décidèrent de se tutoyer.

Cinq minutes plus tard, ils entraient dans le majestueux bâtiment, construit dans la deuxième partie du dix-neuvième siècle. Frédéric se rendit à la caisse et acheta deux entrées.

— Avec massages ? demanda le caissier.

— Des massages ?

— Un au savon et l’autre à la crème.

— Oui, nous les prenons.

Il revint vers les autres. André avait l’air ennuyé. Koen dit :

— André a fait l’effort de m’expliquer en néerlandais, ils trouvent que c’est trop cher, ils n’ont pas assez d’argent.

— Nous sommes déçus, dit le Belge, nous avions même pris nos maillots de bain.

— Ce n’est pas nécessaire, dit Frédéric. C’est un bain naturiste.

— Naturiste ? Bon, je pense que la douche à l’auberge l’est aussi.

— On peut même voir des jolies filles, c’est mixte, nous a dit l’aubergiste.

— Avec le risque de bander ? fit Joël en riant.

— Tu sais, dit Denis, il y en a qui bandent aussi devant des garçons.

Koen dit en néerlandais :

— Je vous paie l’entrée, enfin mon ami vous paiera. J’irais jouer ensuite au casino pour le rembourser.

— Tu es optimiste, dit Patrice.

— Sinon, je le rembourserai une autre fois.

— J’ai deviné, dit Frédéric en français, Koen désire que je vous paie l’entrée.

— Nous sommes confus, dit André. Je ne sais pas comment vous remercier.

— Ne vous inquiétez pas, il trouvera bien quelque chose.

André se demanda ce qu’ils pourraient bien offrir en contrepartie. Frédéric alla acheter six entrées avec massages, il paya avec des chèques de voyage.

Ils montèrent à l’étage. Les bains étaient symétriques. Certains jours n’étaient pas mixtes et un côté était réservé aux femmes, l’autre aux hommes. Ce jour-là, ils pouvaient aller de n’importe où et choisirent au hasard le côté droit. Dans le vestiaire, ils furent surpris car il y avait effectivement deux femmes qui venaient d’arriver et se changeaient, probablement une mère et sa fille. Ils se déshabillèrent et mirent leurs habits dans des armoires. Ils étaient en slip et personne n’osait l’enlever.

— Tu es sûr que c’est naturiste ? demanda Richard à Frédéric.

— Si j’ai bien compris, l’allemand n’est pas ma langue maternelle.

Les deux femmes les observaient en souriant, devinant leur embarras. La mère montra l’exemple, enleva son soutien-gorge, dévoilant des seins plantureux, et sa petite culotte en leur faisant signe de faire la même chose. Ils obéirent et baissèrent leurs slips. La jeune fille regarda attentivement leurs bites, elle n’était pas la seule, Koen faisait de même. Joël était gêné car il avait un début d’érection.

— Ils ont des belles queues, dit la jeune fille à sa mère en allemand. C’est rare des jeunes aux bains ici, d’habitude ce sont des touristes bedonnants et des retraités.

— Tu sais déjà apprécier les bites de hommes ?

— Maman, je ne suis plus vierge.

— Je sais, ah, la jeunesse… De mon temps on se mariait avant.

Les deux femmes s’entourèrent du linge mis à disposition et se dirigèrent vers l’entrée.

— Tu as compris ce qu’elle a dit ? demanda André à Frédéric.

— Oui, mais je n’ose pas te traduire.

— Ose.

— Bah, elle a dit que vous aviez de belles queues. Et qu’elle n’était plus vierge.

— Elle a bon goût, dit Richard en riant.

— Je confirme ce qu’elle a dit, dit Koen en néerlandais, vous avez de belles queues.

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