Chapitre 14 - Voyage en Allemagne (5)
Dimanche 4 octobre 1964, Baden-Baden
Les Belges parlaient en français entre eux, Frédéric résuma la conversation en allemand à Koen qui demanda ensuite :
— Tu es sûr d’avoir bien compris ? Nous devons nous branler avec eux ?
— Je suis sûr d’avoir bien compris, malgré leur accent, mais je ne parle pas non plus comme à Paris. Tu ne veux pas te branler ? Tu es malade ?
— Non, je l’ai déjà fait cet après-midi.
— Je pensais que ton temps de latence entre deux érections était très court, tu m’as fait une fois une remarque à ce sujet. Et ce n’est pas obligatoire d’éjaculer.
— Bon, je vais essayer, pour leur faire plaisir.
Richard éteignit les plafonniers, il ne restait qu’une veilleuse qui éclairait faiblement la pièce et donnait une ambiance plus érotique. Cela pourrait motiver les indécis, pensa le Belge qui se devait de montrer l’exemple s’il voulait gagner son pari. Il baissa son slip blanc jusqu’aux genoux, rien d’extraordinaire puisqu’ils s’étaient déjà tous vus nus aux bains l’après-midi. Il commença ses caresses en faisant coulisser son prépuce.
Les autres le regardaient, mais personne ne l’imitait. Richard se demanda s’il avait bien fait de proposer ce pari, ce qui était un jeu entre ados dans un camp de vacances pouvait être plus ambigu entre des collègues de travail, certes encore en formation mais déjà plus mûrs. Penseraient-ils qu’il était homosexuel ? Le Suisse et le Néerlandais devaient l’être, mais aucun de leurs gestes en public ne laissaient le deviner. Et lui, l’était-il ? Il était encore puceau, il s’était dit que rien ne pressait et que sa formation était prioritaire sur l’amour.
La branlette collective menaçait de se terminer prématurément en une branlette individuelle, Koen se dit qu’il devait sauver la situation, il se rapprocha des Belges réunis en cercle et baissa lui aussi son slip bleu, il bandait déjà. Frédéric fut rassuré quant à la bonne santé de son ami, ses glandes de Cowper devaient déjà être pleines à ras bord.
— Suivez l’exemple de notre invité, dit Richard. Du courage !
Denis, qui n’avait pas voulu se déculotter le premier car il ne voulait pas avoir l’air trop intéressé et dévoiler ainsi son homosexualité, exhiba aussi son pénis et le caressa. Frédéric l’imita, il était plutôt excité après tous les événements de la journée.
Koen, tout en ayant l’air très concentré sur son propre plaisir, matait les bites des autres en essayant de se souvenir de leurs caractéristiques. Rien à signaler pour les deux premières, longueur dans la moyenne. Il faudrait qu’il demande à Denis pourquoi il avait été circoncis et à quel âge.
Les autres se dirent qu’ils passeraient pour des dégonflés s’ils ne se joignaient pas au groupe. Joël baissa son slip, il avait déjà bandé aux bains. Il n’avait pas une très longue bite, sa copine ne s’était jamais plainte, mais il pensait que celle-ci n’était pas toujours fidèle lorsqu’il n’était pas avec elle. Il se souvint de la jeune fille qu’il avait vue au vestiaire, ce qui augmenta la dureté de son érection.
Déjà trois, se dit André, pourvu que les autres renoncent, sinon il perdrait son pari. Serge qui était petit et assez timide, sortit sa queue de son slip. Elle n’attirait pas l’attention au repos, mais se révéla la plus longue de toutes en érection. Les autres la matèrent peu discrètement, osant même quelques commentaires.
— Elle en a de la chance, ta petite amie, fit Joël, sans même savoir s’il en avait une.
— Elle en est très satisfaite, en effet, répondit Serge en riant.
— Je n’en ai pas une si grosse, dit Patrice, mais je n’ai pas peur de vous la montrer. Ce serait un comble, alors que je fais du naturisme.
— Je ne pense pas qu’on bande sur ce genre de plages, fit Joël.
— Il y a toujours des exceptions pour confirmer la règle.
André comprit qu’il avait perdu son pari. Il fit contre mauvaise fortune bon cœur et baissa son caleçon pour se branler aussi, à la grande joie de Koen qui avait une vue d’ensemble complète, ce qui ne lui permettait cependant pas de tirer une conclusion sur la longueur des bites des Belges par rapport aux Néerlandais et aux Suisses, l’échantillon n’était pas assez représentatif. Il renonça donc pour une fois à observer ces jeunes gens d’un point de vue scientifique, mais considéra simplement la beauté de leurs corps nus en pleine action.
— On peut juter ? demanda Serge.
— Chacun fait comme il veut, répondit Richard, j’ai déjà gagné le pari.
— Eh… on le fait dans un mouchoir ?
— Le parquet est en linoléum, il ne risque rien et a dû subir bien des outrages, nourriture, boissons, et pire.
Koen interrompit ses va-et-vient pour aller chercher une pièce de cinq marks dans son portemonnaie et la posa au milieu du cercle.
— Respectons la tradition, dit-il, celui qui l’atteindra pourra la garder.
— Je ne connaissais pas cette tradition, fit Patrice.
— L’Éveil du printemps, de Franz Wedekind, expliqua Frédéric, la pièce de théâtre préférée de Koen, avec Woyzeck, de Georg Büchner, où le soldat pisse contre un mur.
— Vous êtes des vrais littéraires, je pensais que Koen était plus scientifique.
— C’est à notre portée en allemand et moins chiant à lire que le Faust de Goethe.
Tout ce petit monde finit par éjaculer et, ironie du sort, ce fut André, le perdant du pari, qui atteignit la pièce. Il prit une serviette et nettoya le sperme répandu sur le sol. Il alla la laver dans un lavabo situé à côté de l’entrée de la chambre.
Ils se couchèrent ensuite rapidement après avoir vidé leurs vessies dans un long urinoir et s’être lavé les mains. Koen, prétextant un intérêt scientifique quelconque à voir des hommes pisser, les avait regardés faire. Au point où ils en étaient, ils n’avaient plus rien à cacher de leur intimité et Koen avait perdu toute inhibition.
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