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            Le géant ouvrit lentement ses sens à ce qui l’entourait. Il perçut autour de lui diverses surfaces de tissus légèrement molles ainsi que des peaux de bêtes, lui permettant ainsi de deviner qu’il était sur un couchage de la nation nomade du pays, puis huma l’odeur de nourriture qui flottait tout autour de lui. S’il savait qu’il pouvait passer des mois sans se nourrir, le parfum de cuisine le mit malgré tout en appétit. Il pouvait entendre au loin le tumulte d’un campement et de ses montures qui couvrait presque les deux respirations à ses côtés. Une personne d’environ cinquante ans, une autre qui devait en avoir moins de trente. Se concentrant sur l’état de son corps, il évalua les dégâts liés à la tempête de sable et aux privations qu’elle avait entraînés, et put estimer la durée de son inconscience à plus d’une semaine. Sentant que son corps n’était pas entravé, qu’il avait été hydraté et même lavé, il en déduisit qu’il n’était pas en danger et entreprit d’ouvrir lentement les yeux pour s’habituer à la lumière. Le soleil devait s’être couché, car la tente n’était éclairée que par des bougies laissant s’échapper des volutes d’une fumée épaisse. Tournant la tête vers les respirations qu’il entendait, il vit deux personnes assises dos à lui devant une table, un homme âgé et une jeune femme, correspondants à ses déductions. Il voulut parler, mais seul un son rauque sortit de sa gorge. La jeune femme tourna alors la tête vers lui, s’attendant sûrement à le voir faire un cauchemar, mais quand elle le vit les yeux ouverts et tentant de se redresser, elle s’écria.

— Père ! Il s’est réveillé ! *

            La jeune femme semblait paniquée, tandis que le vieil homme affichait un visage souriant et chaleureux.

— Calme-toi, ma chérie. Tu vas effrayer notre invité. Donne-lui plutôt une outre d’eau, tu veux bien ? *

            La jeune femme se leva et tendit précautionneusement à boire à l’inconnu qui s’en saisit d’une main maladroite et encore endormie tout en baissant respectueusement la tête. Après quelques courtes gorgées, il fit un drôle de bruit avec sa langue et se redressa complètement dans son lit, puis, d’un Commun parfait, il prit la parole.

— Je vous remercie de m’avoir porté secours, je vous dois sûrement la vie. Et je vous remercie de votre hospitalité.

— Vous n’avez pas à nous remercier. Je suis Morad Bent, de la lignée Bent.

            L’étranger fronça les sourcils comme s’il réfléchissait avant d’affirmer.

— Vous êtes le dirigeant de l’état Malgauareg. Et donc voici votre fille, Assya.

            Le chef d’État acquiesça.

— En effet. Vous êtes ici dans ma tente. Je préfère vous prévenir que si vos intentions sont mauvaises, ma garde prétorienne est postée autour de cet abri, prête à vous descendre.

            Le géant sourit avant de répondre aussi amicalement que possible.

— Mes intentions ne sont pas hostiles.

— Tant mieux. Car aux vues de vos affaires, ma garde ne serait que peu voire pas efficace.

            Le sourire du vieil homme était confiant et chaleureux, et l’étranger hocha la tête pour confirmer ses dires.

— Donc vous êtes un Géno-modifié ?

— Oui… Je me nomme Andreìs. Et je ne peux pas rester auprès de vous, de peur de vous mettre en danger…

*Traduit du Malgauareg

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