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            Dans la tente qui lui avait été attribuée, Andreìs posa ses armes sur la table avant de sortir une pochette en peau tannée de ses affaires, de l’ouvrir et d’en répandre le contenu qu’il utilisa pour démonter, nettoyer et entretenir son pistolet et sa hache avec précaution et professionnalisme pendant plus d’une heure, agissant au réflexe, laissant son corps faire son travail, et en profitant pour écouter ce qu’il se passait autour de lui.

            Les nomades récupéraient tout ce qui pouvait être utile sur leurs adversaires et commençaient à dépecer les lézards géants. Leurs peaux feraient un cuir de qualité, et leur chaire assurerait de nombreux repas, dont celui de ce soir qui s’annonçait festif. Mais presque tous les guerriers des sables commentaient l’action de leur sauveur, et il y en avait quelques-uns qui avaient peur de lui, voir qui souhaitaient son départ, le qualifiant de démon guerrier, ou encore d’incarnation du dieu de la guerre et de la mort, Harès. Andreìs sourit en même temps qu’il effectuait les mesures de sécurité, se disant que ce n’était pas le pire surnom qu’il ait pu recevoir, avant de remettre son arme de poing dans son holster puis de tester sa hache. Quand il fut assuré que tout fonctionnait normalement, il la reposa sur le lit et se dirigea vers le fond de sa tente pour hotter ses vêtements maculés.

             — Je peux enter ?

            Tournant la tête, Andreìs se retrouva face à Assya dans sa tenue de guerrière. Se penchant humblement, le guerrier répondit à sa requête.

— Héritière, je vous présente mes respects. Vous êtes chez vous ici et êtes libre d’y aller et venir à votre guise.

            La jeune femme afficha un sourire en coin en entrant dans la tente, posant son fusil d’assaut et son gilet de combat sur une chaise et révélant au passage son torse nu face au guerrier. Celui-ci baissa immédiatement les yeux et la tête, avant de se racler la gorge tandis qu’elle demandait d’une voix espiègle.

— Un problème, puissant guerrier.

— Héritière, vous êtes… C’est indécent et gênant…

— Allons, Andreìs, nous, les Méhariés, ne sommes pas gênés par la nudité. Les Malguaregs sédentaires encore moins…

— Moi non plus, Héritière, mais vous êtes l’héritière, et je ne suis qu’un invité. Vos us et coutumes, s’ils ne me sont pas inconnus, ne sont pas les miens, et celui-ci me gêne énormément…

— C’est parce que vous ne connaissez pas la coutume que je m’apprête à appliquer…

            D’une démarche féline, la jeune femme s’était rapprochée du colosse, sa voix se faisant de plus en plus suave. Lorsqu’elle eut fini sa phrase, elle posa sa main étonnamment fine et délicate sur le torse de son invité, qui se décala immédiatement.

— Si, Héritière, je connais cette coutume. Les femmes se réservent le droit de s’offrir au guerrier de leur choix à l’issue d’une victoire. J’en ai déjà… Jouie, lors des campagnes visant à libérer l’ancienne Magrafrique de l’emprise des Arkols, pour ensuite fonder l’État Malgauareg… Et je ne peux accepter votre offre…

            La jeune femme, les bras croisés sur la poitrine, haussa un sourcil, décontenancée que son butin lui échappe.

— Et pourquoi donc ?

— Je n’en suis pas digne. Je n’ai pas été le meilleur guerrier. Je suis génétiquement modifié pour être la pire menace existante au monde dans le cadre d’un conflit armé. Un de vos hommes serait plus désigné, digne et méritant que moi…

— Mais ils ne m’attirent pas autant que vous !

            En disant cela, elle tenta d’enlacer le colosse qui l’esquiva avec une vivacité que sa carrure ne laissait pas deviner.

— Dans ce cas, c’est pire. Vous êtes la fille de mon hôte, ET la fille du Chef. Deux motifs qui peuvent me valoir la peine de mort…

— Sauf si j’ai son accord…

            En disant ces mots, excédée par les refus successifs qu’elle subissait, la princesse guerrière jeta un bijou sur la table. Le bracelet était fait d’or finement ciselé et serti de quelques émeraudes, alors qu’en son centre trônait une griffe de krokogator au sein de laquelle un saphir rouge comme le sang avait été inséré. Quand le guerrier quitta le bijou des yeux pour reporter son attention vers la jeune femme, le regard de celle-ci était assez intense pour pénétrer son âme.

— Tu sais ce que ceci signifie, guerrier. Tu connais nos règles. Le bracelet seul signifie l’accord de mon père. Le saphir signifie qu’il souhaiterait que nous enfantions, et la dent…

— Signifie que c’est un ordre punissable de peine capitale en cas de refus… Cette tradition a été mise en place pour faciliter l’obtention d’héritiers et héritières forts et intelligents avec les meilleurs guerriers et les plus grands érudits de tous horizons venant chez vous… Mais…

            La jeune femme posa un doigt sur la bouche de son interlocuteur.

— Je me moque que tu en as envie. Je ne te demande même pas de participer. Allonge-toi simplement, et laisse-moi faire ce que j’ai envie de faire depuis trop longtemps. C’est un ordre du Chef, et nous devons nous y conforter tous les deux.

            Alors que l’Héritière le repoussait vers le lit, Andreìs marmonna.

— Et vous n’avez pas vraiment l’air d’être peinée par cet ordre…

            Minaudant pendant qu’elle s’allongeait sur lui, Assya répondit en lui mordillant le cou et un lobe d’oreille.

— Je lui ai peut-être suggéré avec beaucoup d’insistance pendant une heure jusqu’à ce qu’il craque…

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