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— Vous avez bien compris ? Quand le champ de stase sera actif, il aura besoin de temps pour disparaître. Mais personne dans le camp adverse ne doit savoir qu’il est simplement caché. Ce qui signifie qu’il ne faut pas de survivant chez nos ennemis !
Les paroles d’Andreìs semblèrent choquer ses hommes répartis dans tout le château. Un chef d’escouade osa poser la question qui brûlait toutes les lèvres.
— Mon Capitaine, nous parlons bien des Guerriers de Jade ? Ce sont nos frères d’armes, et des Géno-modifiés, comme nous…
— Je comprends votre surprise… Mais ce sont surtout des traîtres à la famille royale, et ils tentent de prendre le pouvoir par les armes. Soldats, il est temps pour vous de choisir où va votre loyauté ! À ces hommes qui sont vos semblables, auprès desquels vous avez combattu et souffert ? Ou envers notre roi et le peuple, que vous avez juré de défendre jusqu’à la mort par trois fois durant votre formation, q ? Quand vous vous êtes engagé, quand vous avez été transformé, et quand vous avez été rattaché à votre unité ! Dois-Je vous rappeler votre serment, soldats ?
Dans les transmissions, les réponses fusèrent, se superposant et rendant le tout inaudible, jusqu’à ce qu’un coup de feu fasse taire tout le monde.
— Ici escouade Lacryma ! Berder vient d’abattre le Sergent, je répète Berd…
Un second coup de feu mit fin à la conversation, tandis que d’autres commençaient à inonder le réseau. Activant son affichage tactique, Andreìs vit ses unités commencer à s’entretuer au fur et à mesure que certains de ses hommes changeaient d’allégeance, et ce fut la gorge serrée qu’il hurla ses derniers ordres.
— Abattez les traîtres aussi vite que possible et rejoignez-nous en portant main forte aux unités en détresse !
Gregor murmura pour lui-même.
— Quelle tragédie !… Les frères s’entretuent, nous sommes devenus nos propres ennemis… Comment en sommes-nous arrivés là ?
— Comme ça !
Se retournant pour comprendre d’où venait la réponse, Gregor vit une épée-tronçonneuse s’abattre sur lui. Par réflexes, il se jeta en arrière, mais la lame rotative lacéra son visage du front au menton, manquant de peu de lui trancher la tête en deux. Andreìs voulut courir à son secours, mais deux détonations l’obligèrent à se jeter derrière une immense colonne de la salle du trône.
— Désolé, Mon Capitaine. Mais tout ceci vous dépasse…
— Bande de chiens !
Dans la sphère de pré-stase, la famille royale était prise de panique à l’idée que leurs gardes les plus fidèles soient devenus des traîtres tandis que Gregor tirait son épée de son fourreau pour parer un nouvel assaut et qu’Andreìs dégainait son pistolet.
— Fury, sauve-toi !
Le Fenris dévisagea son maître en le foudroyant du regard.
— Je te retrouverais plus tard. Mais là, c’est trop dangereux !
L’animal fit un mouvement semblable à un hochement de tête avant de sauter par la fenêtre sous les tirs des traîtres. Saisissant l’opportunité que lui offrait cette diversion, Andreìs sorti de son couvert et fit feu par deux fois, éliminant les deux hommes qui lui avaient tiré dessus, alors que Gregor repoussait son adversaire d’un coup de pied pour se relever ensuite. Se saisissant de sa hache, Andreìs vint se mettre aux côtés de son adjoint, essayant de servir de barrière entre ses hommes et la famille royale.
— Cessez cette folie ! Rien ne justifie cette traîitrise !
— Nous avons été créés pour devenir des dieux vivants, incarnation de la guerre, de la force et de l’autorité ! C’est à nous que revient la domination de ce monde !
Le porte-étendard avait hurlé cette phrase comme un soldat bien endoctriné, et Andreìs blêmit. Depuis quand ses hommes étaient-ils passés à l’ennemi ? Et comment n’avait-il pu jamais s’en rendre compte ? Serrant les poings autour de ses armes, il planta ses jambes dans le sol, prêt à lancer comme à recevoir une charge.
— Très bien, alors je vais devoir appliquer la sanction destinée aux traîtres dans votre genre !
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