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Gregor n’attendit pas les ordres de son chef et ami et chargea sans retenue, repoussant ses adversaires par sa seule force physique. Dans sa façon de combattre, Andreìs pouvait lire tout à la fois le désespoir et la haine, le génie martial laissant place à la colère sans fin et à la force brute, le pistolet déchirant les chairs et armures à bout portant tandis que l’épée à vibrolame découpait les métaux comme du papier. Soudain, au bout du couloir, un groupe de guerrier surgit. Andreìs leva son arme à feu, et les gardes levèrent une main en signe de paix, tout en continuant leur course. Le premier percuta de l’épaule un traître s’apprêtant à frapper Gregor dans le dos, le jeta au sol avant de l’achever d’une balle dans la tête, tandis que ses camarades démembraient les autres avec sauvagerie. Une fois les traîtres neutralisés, les nouveaux venus se présentèrent à leur Capitaine.
— Lieutenant Edwin Mutarhod, Mon Capitaine. Mon escouade et moi-même sommes à votre service.
Dévisageant le guerrier, Andreìs murmura.
— Votre nom ne m’est pas inconnu.
— J’ai conçu la Prison Royale pour mes seize ans.
Andreìs acquiesça.
— Ah, le Roi du Génie. Justement, on doit tenir un siège. Votre savoir-faire serait le bienvenu…
Edwin afficha un large sourire.
— Pas de soucis. Néanmoins, je dois vous avertir… Les Mechanics sont lâchés, et leurs chefs d’escouades se sont retournés contre nous…
Andreìs pinça les lèvres quelques secondes.
— Bien…
La nouvelle plongea Andreìs et Gregor dans le désespoir le plus profond. Ces hommes qui n’avaient plus rien d’humain étaient devenus de véritables machines à tuer que seule la mort arrêtait. Et devoir affronter de tels guerriers était plus que problématique. Du fond de la salle, une voix appela l’Officier.
— Andreìs !
Se retournant, le Géno-modifié courut vers le champ stasé en cours de déploiement.
— Votre Majesté ?
— Il ne reste qu’une ou deux minutes avant la stase. Je voudrais te demander une faveur.
— Oui Mon Roi.
— Une fois que nous serons dissimulés, sauvez-vous… Ne revenez que quand vous serez sûrs de pouvoir emporter la victoire…
— Mais, Mon Roi…
— C’est un ordre… Ton baroud d’honneur serait noble, mais inutile… Je sais que tu sauras réaliser une merveilleuse contre-attaque, même s’il te faut mille ans pour la préparer. Tu sauras ramener la paix dans ce monde. Mais seulement si tu survis… Ai-je été clair ?
Dos voûuté, tête baissée, le combattant capitula.
— Il sera fait selon votre volonté…
— Je te remercie…
Le visage du roi se détendit, alors que son teint devenait de plus en plus pâle malgré les soins apportés par son trône. ÀA ses côtés, le prince prit la parole.
— Andreìs… Quoi qu’il puisse arriver, je voudrais te remercier.
— Pourquoi ?
— J’ai été heureux d’avoir de vrais amis…
Les larmes aux yeux, Andreìs répondit.
— Et j’ai été honoré d’être le tien, Valeur…
Le visage du prince s’étira d’un large sourire avant de s’immobiliser, comme si le temps venait de suspendre sa course, alors qu’une voix synthétique résonnait dans la salle.
— Champ stasé activé. Dissimulation et déplacement effectifs dans H moins dix minutes.
Les yeux ruisselants de larme, Andreìs se retourna face à ses camarades renforcés depuis peu par d’autres troupes.
— Vous avez entendu, les gars ? La partie n’est pas encore gagnée ! Faites honneur à Notre Roi, et à nos amis morts au combat ! Que la Mort se donne à nous, et que le sang coule à flots !
Le seigneur de Guerre leva sa hache en hurlant, imité de tous ses camarades.
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