Les tirs des assaillants ne parvenaient pas à traverser les portes blindées, et si leurs coups de bélier les ébranlaient ils ne les firent pas céder pour autant. Continuant d’empiler des meubles pour les renforcer, Andreìs remercia en son for intérieur la Géno-modification qui lui permettait de devenir cette arme de guerre vivante à la force herculéenne. Une fois que ce fut fait, Edwin appela son Capitaine à le rejoindre.

             — Qu’il y a-t-il ?

— J’ai branché la partie prothétique de mon cerveau sur le réseau sans fil du château et j’ai piraté le système de surveillance.

            Andreìs ouvrit de grands yeux surpris.

— Tu as un cerveau prothétique ?

— Bien sûr… Comment aurais-je pu gérer autant de choses à la fois sinon ?

            Andreìs garda la bouche entrouverte quelques secondes. Il savait que les prothèses cybernétiques n’avaient presque plus de limites, mais il ignorait totalement que le cerveau était devenu remplaçable.

—… Soit, et donc ?

— Donc maintenant nous sommes invisibles sur leurs écrans. Mais surtout, regarde ceci.

            L’œil cybernétique du vétéran projeta une image bleuâtre transparente sur le mur, et on pouvait y voir Armist ainsi que l’Escouade de Commandement des Guerriers de Jade en plein palabre. Lorsqu’ils s’écartèrent, Andreìs hoqueta de surprise. Au milieu du cercle, dans un état physique déplorable, se tenait le premier Grand Maître des Guerriers de Jade, le Saint de Jade en personne,se faisant rouer de coups par les hommes qui avaient juré de le défendre avant de le trahir au profit d’Armist.

— Tu n’aurais pas une prothèse de plus pour mettre le son, par hasard ?

— Si, mais les caméras n’ont pas de micro.

            Andreìs dévisagea son compagnon d’armes, essayant de savoir s’il n’avait pas compris l’ironie de la question ou s’il avait réellement une prothèse pouvant faire office de haut-parleur. Devinant le regard de son chef, Edwin précisa.

— Le haut-parleur est sur mon œil, doublé d’un micro. Je peux tout filmer ou enregistrer. Et c’est ce que je fais actuellement.

— Bien… Ils sont où ?

— À quelques pièces du Balcon officiel.

— D’accord, et qu’y font-ils ?

            Les Guerriers de Jade tenaient leur Grand Maître par les bras, tandis qu’Armist tirait son épée de son fourreau. S’avançant vers le vieux sage, il le décapita d’un coup sec avant de ramasser sa Sainte Crosse de Commandement et de reprendre sa route alors qu’Andreìs pestait.

— Bordel de merde ! Je crois qu’il va faire une annonce mondiale !

— Il n’oserait pas ?

— Jusqu’ici, il a osé beaucoup de choses… Il faut l’arrêter, sinon il donnera sa version de l’histoire, et vu comme nous sommes en sous-effectifs, il deviendra difficile de rétablir la vérité…

            Le Balcon Officiel était relié au réseau de télécommunications mondiales, et le Roi s’y rendait pour les annonces les plus importantes afin de toucher la planète entière en une seule fois, à tel point que les mots qui y étaient prononcés étaient maintenant considérés par le peuple comme vérité absolue. Se retournant vers la porte et ses renforts, Andreìs avisa Gregor.

— Tu as piégé l’accès ?

— Affirmatif. J’ai mis de quoi faire s’écrouler l’aile du bâtiment tout entière.

— Parfait. Direction le Balcon Officiel.

            Comprenant ce qu’il se tramait, Gregor se décomposa.

— Et merde ! Fonçons, vite !

            Les guerriers partirent tous en courant à pleine vitesse, dévorant la distance les séparant de leur objectif trop lentement à leur goût même s’ils n’hésitaient pas à enfoncer des murs entiers pour gagner du temps.

            Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent enfin devant le balcon, coupant la route à Armist et son escouade alors qu’il ne leur restait plus qu’une dizaine de mètres à faire.