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Soudain, un pan de mur entier s’ouvrit, libérant Edwin, le champ stasé et son escorte sous le regard surpris d’Assya et Morad. Andreìs tourna la tête quelques secondes et Armist en profita. Lui saisissant le pied, il le déstabilisa le temps de se relever sans le lâcher avant de le lancer vers les loyalistes qui levaient leurs armes dans sa direction, les renversant au passage avant de prendre la fuite. Andreìs, toujours à pleine puissance, se releva pour partir à sa suite, laissant Edwin et ses hommes stupéfaits de la vitesse de réaction alors qu’Assya appelait à l’aide. Lorsque le vétéran tourna la tête, il vit Gregor et courut jusqu’à lui en déployant un bloc opératoire mobile tandis que le champ stasé atteignait sa destination.
Armist venait d’atteindre le bout du couloir quand Andreìs plongea dans ses jambes. Les deux hommes glissèrent sur le marbre tout en échangeant des coups, avant de s’arrêter contre une colonne, essoufflés.
— Regarde-toi, Andreìs. Tu es plus mort que vif.
— Tu peux parler… Tu n’es plus en état diurge, tout comme moi…
Andreìs se releva en titubant et à bout de souffle tandis qu’Armist répondait.
— Mais je peux y retourner.
Armist fut enfin debout alors qu’Andreìs se mettait en garde, sa hache fermement maintenue.
— Tout comme moi, et en mourir, tout comme moi. Alors, finissons-en vite…
Andreìs planta sa hache dans le marbre du sol d’un coup sec avant de presser quelques points de ce qu’il restait de son armure thoracique, et celle-ci se démonta pour tomber au sol, accompagnée des épaulières et des armures des bras, laissant le colosse au corps couvert de cicatrices torse nu et les poings encore recouverts de leurs gantelets. Tandis qu’il reprenait sa hache, Armist fit de même avec son épée puis l’imita, détachant l’intégralité de son armure pour gagner en liberté de mouvement, avant de reprendre son arme et de se mettre en garde, vêtu uniquement de la combinaison de connexion synaptique faisant office de relais nerveux entre les armures Titan et le corps de leurs propriétaires.
Ils restèrent ainsi à se fixer, analysant leurs états respectifs, cherchant la faille dans la défense de l’adversaire, sachant pertinemment que l’attaque qu’ils porteront sera la dernière, la sueur coulant sur leurs visages ne les déconcentrant pas, et leurs bras fatigués restèrent fermes tandis qu’ils commençaient lentement à se tourner autour, ne sachant pas s’ils devaient attaquer ou se défendre.
Dans la salle du trône, Edwin et les médecins qui l’accompagnaient avaient stabilisé l’état de Gregor qui venait de le plonger dans le Grand Sommeil tandis que le champ stasé s’arrêtait complètement. Quand le temps reprit pour la famille royale, le Prince regarda autour de lui, avant de courir jusqu’au Trône.
— Père !
Edwin et les médecins le rejoignirent et déployèrent un second bloc opératoire à l’intérieur duquel ils installèrent le roi. Quand ce fut fait, Edwin ramassa l’Épée Royale et la tendit au Prince en s’agenouillant devant lui.
— Votre Majesté…
Ce dernier regarda tour à tour l’arme et son père, avant de prendre la poignée qui lui était tendue.
— J’accepte… L’intérim. Mon père va survivre.
Sans relever la tête, Edwin répondit.
— C’est notre vœu le plus cher.
— Combien de temps sommes-nous restés en stase ?
— Sept cent cinquante ans…
— Bien, et quelle est la situation ?
— Les Guerriers de Jade et les hommes qui leur sont restés fidèles ont presque tous été vaincus à travers la planète.
Le prince hésita quelques secondes avant de demander.
— Et… Andreìs ?
— Toujours vivant. Du moins pour le moment… Il affronte actuellement Armist…
Valeur observa la pièce et ajouta.
— La nouvelle décoration, c’est donc de leur fait ?
Edwin étouffa un rire.
— Oui, Votre Altesse.
— Et Gregor ?
Edwin tourna la tête vers le bloc opératoire mobile avant de soupirer.
— Nous pouvons dire qu’il a payé cher pour votre libération
Plissant les paupières, Valeur dévisagea Assya qui prenait soin de son père, entourée de deux autres médecins.
— Je connais ces couleurs. La tribu Malguareg ?
— Maintenant, c’est un État. Ils ont été meneurs de la révolution aux côtés d’Armist.
— Bien. Relevez-vous, s’il vous plaît, et venez avec moi.
Valeur se dirigea vers Assya et Morad accompagné d’Edwin, et s’agenouilla devant eux.
— Seigneur et Héritière Malguaregs. Je ne saurais jamais assez vous remercier. Quand tout ceci sera terminé, vous pourrez me présenter la requête de votre choix et elle sera exhaussée.
Serrant les dents, Morad ne put qu’opiner du chef tandis qu’Assya essayait de faire sa plus belle révérence au Prince. Celui-ci se redressa alors en lui tendant la main.
— Mais maintenant, Héritière, nous devons aller prêter main-forte à Andreìs.
Un sourire prédateur se dessina sur le visage de la jeune femme quand elle répondit.
— Avec plaisir !
À travers le monde, les poches de résistance à la solde des Guerriers de Jade fondaient comme neige au sol tandis qu’aux abords du château la situtation était en passe d’être totalement sous contrôle, et lorsque la Famille Royale apparut sur les réseaux la clameur fit vibrer la planète jusqu’au plus profond de la croûte terrestre, les derniers soldats à la solde d’Armist à rendre les armes. À travers les murs du château, l’écho de la joie atteignit les duellistes, et Andreìs cria en bloquant l’épée de son adversaire avec le manche de sa hache.
— Tu vois, Armist, tu as perdu. Rends-toi s’il te plaît. Mets fin à tout ceci.
— Jamais !
Andreìs se recula et rompit l’engagement avant de jeter son arme au sol sans quitter Armist du regard.
— Ce combat n’a plus de raison d’être. Tu es vaincu.
— JAMAIS !
Armist se jeta en avant et planta son épée profondément dans le torse de son ami jusqu’à ce que la garde bute contre la cage thoracique. Face à face, les deux hommes se regardèrent, les larmes coulant abondamment sur leurs joues.
— Regarde, Andreìs… Regarde ce que tu m’as obligé à te faire ! À toujours être bon, à toujours être meilleur que les autres !
Andreìs leva une main tremblante jusqu’au visage de son ami et lui caressa la joue avec tendresse.
— Alors c’est ça ? Tu étais jaloux ? Moi qui étais si heureux d’avoir le plus fidèle des amis… D’avoir un frère depuis mon plus jeune âge…
Il passa ses doigts dans les cheveux de son frère et colla leurs deux fronts l’un contre l’autre.
— Je t’ai toujours plus aimé que je ne m’aimais… Je t’ai toujours plus aimé que n’iimporte qui d’autre sur cette terre… J’aurais donné ma vie pour toi, et jamais je n’ai cherché à t’éclipser… Je suis sincèrement désolé…
Armist pleurait alors que le regard et le ton d’Andreìs se devenaient froids.
— Mais j’ai fait des promesses.
— Et tu es un homme de parole et d’honneur… Fais ce que tu as à faire…
Passant sa main dans son dos, Andreìs attrapa l’épée contrefaite dans son gantelet et brisa la lame d’une torsion du poignet avant de tomber en arrière, laissant la lame brisée se retirer de son corps en créant une nouvelle hémorragie. Jetant la lame au sol, Armist vint lui relever la tête.
— Tu n’as tenu qu’une seule promesse jusqu’ici…
Un sourire fatigué aux lèvres de la commissure desquelles s’échappait un mince filet de sang, Andreìs le corrigea.
— Non… Je suis désolé, mais tu vas mourir. Pas tout à fait de ma main, mais la diversion que j’aurais permis fera de moi un des responsables de ta fin de vie…
— Qu…
Armist ne put finir sa phrase, une violente douleur venait de lui imposer le silence, tandis qu’une longue lame pulsante et effilée traversait lentement et méticuleusement sa nuque puis sa gorge avant de se retirer d’un coup sec. Tombant sur le côté, le traître vit le Prince Valeur accompagnée de l’Héritière Malgauaregue et du Roi du Génie le regarder avec dédains et pitié. Se noyant dans son sang, il peina à articuler en pleurant.
— Gre… Gor…
Edwin se pencha vers lui.
— Il te survivra.
— Bien…
Le vétéran se releva, et le Prince prit la parole.
— Moi, Prince Valeur, Commandant des Troupes de Choc de l’Armée Géno-Modifiée et Intendant du Royaume, déclare le Saint de Jade Armist régicide, Traître à la Famille Royale et au Monde. Pour ses crimes, la sentence est la mort. Et je la donnerais moi-même.
Se positionnant au-dessus du mourant, prenant son arme à deux mains, il la leva aussi haut qu’il le put avant de la planter dans le cœur du traître qui décéda dans un dernier soupire en tournant la tête vers son vieil ami gisant à ses côtés, un sourire aux lèvres. Valeur lâcha ensuite son arme et le trio se précipita vers Andreìs. Celui-ci, livide et baignant dans une flaque de sang mais souriant, leva une main faible que Valeur empoigna.
— Mon Prince…
Les yeux rougis par l’émotions, Valeur murmura.
— Mon ami. Je suis heureux de te revoir. Tout est fini. Tu as gagné. Tu as tenu tes promesses. Gregor va survivre, et mon père aussi. Tu m’entends ? Tu as gagné.
— Bien…
Le guerrier à terre tourna lentement la tête vers Assya, et le Prince s’écarta pour lui laisser sa place. Andreìs passa alors son gantelet poisseux de sang sur la joue de la jeune femme en y laissant une longue trace rouge.
— Comment va ton père ?
— Il risque de perdre sa jambe, mais il survivra.
— Bien… Alors dans ce cas, pourquoi pleures-tu ?
Assya secoua la tête comme pour chasser sa douleur avant de répondre sans pouvoir plus contenir ses larmes.
— Ce n’est pas juste… Nous n’avons presque aucun mort dans nos rangs… Alors pourquoi toi ?
Andreìs sourit.
— La vie n’est pas juste… Mais elle vaut quand même le coup de se battre, non ?
— Et d’en mourir ?
— Et d’en mourir… Est-ce que je t’ai déjà dit ?
Assya le regarda avec intensité.
— Dis quoi ? Dis quoi, Andreìs ?
— Est-ce que je t’ai déjà dit… Que… je… T…
La main du guerrier retomba lentement au sol, arrachant un cri de douleur à sa compagne qui hurla sa peine avant de se blottir contre le torse de son amant et pleurer. Debout à ses côtés, Edwin et Valeur restèrent interdits tandis qu’un autre bloc opératoire mobile arrivait en urgence.
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