Être heureux avec toi

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Un bruit sourd me sort de mon sommeil. Je ne me suis même pas aperçu que je m’étais endormi. Pourtant je n’ai pas envie de me réveiller. Je suis bien, plus que bien, même, et un sourire se dessine su mes lèvres quand je prends conscience que les bras qui m’entourent sont ceux d’Ange. Je fourre ma tête dans son torse nu, respirant son parfum que j’aime temps.

Il remue un peu et pousse un soupir adorable. Je relève le visage pour regarder le sien, et ses yeux s’ouvrent lentement, encore assoupis, pour se poser sur moi.
Ses lèvres se retroussent alors, et il me serre plus fort quand je dépose un baiser léger sur son épaule.

- J’espère que tu ne donnes des cours de théâtre à personne d’autre que moi, je murmure.

- T’en fais pas pour ça, t’es mon seul et unique élève, répond-il dans un sourire.

Mon cœur pétille à ces paroles, et j’embrasse sa joue avant de regarder l’heure sur mon réveil à côté de nous.

- Jules !

Je me fige. C’est ma mère. Il est plus tard que ce que je pensais.

- Oui !

Je reprends mes esprits et me redresse brusquement devant un Ange aux yeux écarquillés.

- C’est ta mère ? chuchote-t-il, paniqué.

- Oui.

- Je fais quoi ? Je m’en vais par la fenêtre ?

- Bien sûr que non.

Je ne sais pas quoi faire. Je me lève pour remettre en vitesse mes vêtements, alors que mon cerveau tourne à mille à l’heure. Il se casserait la jambe, s’il passait par la fenêtre. Et de toute façon, je ne veux pas qu’il s’en aille. Je ne veux pas reproduire la soirée d’Halloween.

- Rhabille-toi. On verra bien.

Ange ne dit rien et m’obéis. Je sais qu’il est dans ses pensées, qu’il se demande ce qu’il se passe dans les miennes. Je ne veux plus jamais le blesser, et je ne veux donc plus le cacher. J’ai envie de le présenter au monde entier, parce que je l’aime plus que je l’aurais jamais cru possible. Mais je ne sais pas si j’en suis capable. J’ai toujours peur. Et c’est de ma mère dont il est question, sa réaction est importante pour moi.

- Ta sœur n’est pas encore rentrée ? me demande-t-elle, sa voix un peu plus proche qu’il y a quelques secondes.

- Non, euh… Elle m’a dit qu’elle révisait chez une copine, ce soir.

Je recoiffe rapidement les cheveux ébouriffés d’Ange et il s’occupe des miens en silence, une mine affolée sur le visage.

- Après la danse ? ajoute-t-elle, et cette fois sa voix vient du palier, c’est certain.

- Oui.

Je prends Ange par la main et saute le pas : je n’ai pas d’autre choix. J’ouvre la porte de ma chambre avec une grande inspiration et tire Ange avec moi. Ma mère est en haut des escaliers, et ses yeux se posent immédiatement sur celui qui tient ma main. Son visage se peint d’un masque étonné.

- Maman, je te présente Ange, mon petit-ami.

Ca sonne plus étrange que copain. Mais je veux être le plus clair possible. Je veux qu’elle sache. Et je ne le fais pas pour Ange, mais pour moi. Je suis trop proche de ma mère pour lui cacher l’une des plus belles choses qui me soit jamais arrivé.

Elle prend une seconde pour analyser mes mots, ses yeux sondant mon visage pour être sûre de la portée de ces derniers.

- Oh, c’est un très joli prénom, Ange. Enchantée.

- Je le suis aussi, lui répond Ange, la voix moins assurée qu’à son habitude.

- Je ne savais pas que tu allais inviter quelqu’un ce soir, Jules, ça n’arrive pas souvent ! s’exclame ma mère, un sourire enjoué aux lèvres.

- Ouais, je suis désolé de ne pas t’avoir prévenu, ça s’est un peu fait à l’improviste.

- Ce n’est pas bien grave. Tu dînes avec nous, Ange ?

Mon cœur saute un battement : ma mère apprécie mon copain. Elle le traite de la même manière que s’il avait été une fille, et ça me soulage à un point inimaginable.

- Je…

Il pose le regard sur moi, me demandant silencieusement mon avis. Je lui adresse un petit sourire approbateur.

- … Serais vraiment ravi, si ça ne vous dérange.

- Parfait ! Je vais prévenir Emma et Michael.

Elle me caresse tendrement la joue avant de redescendre, son portable en main. Ange se tourne très lentement vers moi.

- Wow, souffle-t-il.

- Bienvenue dans la famille, je dis en souriant.

Mon cœur bat à mille à l’heure, j’ai l’impression d’avoir dévalé une pente que j’appréhendais depuis bien trop longtemps. J’essuie mes mains moites sur mon jean, et Ange capte mon regard, un air rassurant sur le visage.

- Tu vas supporter autant de nouveauté en si peu de temps ? me demande-t-il doucement.

- Je pense que je vais réussir à m’adapter à ce rythme.

Je le dis d’un ton assuré, et c’est peut-être l’adrénaline qui parle, mais j’y crois sincèrement.

- Je vais manger avec ta famille.

- Je sais.

- Rencontrer ton père.

Un petit pincement attaque mon cœur, mais je l’ignore.

- Je sais.

- Je crois que je suis un peu paniqué.

- Qui êtes-vous et qu’avez-vous fait à Ange ?

Il rigole et nous retournons dans ma chambre.

- Tu n’es pas obligé de rester, si ça te stresse trop.

- Ca devrait aller, me rassure-t-il.

- Tant mieux.

Je passe mes bras autour de son cou et l’embrasse sur le bout du nez, ce qui lui arrache un sourire. Mon téléphone vibre dans ma poche arrière.

Emma : ANGE MANGE A LA MAISON ? J’ai raté un épisode du genre « coming-out » ???

Jules : On avait pas prévu non plus, lol

Emma : Papa va faire une crise cardiaque. Il est pareil que toi, niveau rupture d’habitude.

Jules : Merci de me rassurer, sœurette <3

Je m’affale sur le lit, la tête posée sur les genoux d’Ange qui s’y est déjà assis. La main dans mes cheveux, il lance :

- Peut-être que je devrais aussi le dire à mon père. Vraiment, cette fois.

Je me rassois normalement, une main sur les siennes. Discussion sérieuse : position décente.

- Vraiment ?

- Oui. Peut-être que je devrais l’annoncer comme tu l’as dit à ta mère.

- Fais-le comme tu le sens. Je pourrais être là avec toi, si tu le souhaites.

Il hoche la tête, les yeux dans le vague, dans ses pensées. Cette situation le contrarie plus qu’il ne veut bien l’admettre, et j’en suis désolé pour lui.

- En tout cas, j’aurais été plus rapide à le dire à tout le monde que toi, je lance pour détendre l’atmosphère.

- Qui l’aurait cru, répond-t-il avec un sourire amusé.

Je l’embrasse sur la joue, empreint d’une affection qui m’empêche de me détacher de lui :

- Prends-ton temps, Ange. Ce n’est pas une obligation, de le dire. Il pourra très bien le découvrir à notre mariage…

- La semaine prochaine.

- … ou tu peux lui annoncer tout de suite. Mais si tu sortais avec une fille, tu n’aurais pas eu à le dire. C’est assez injuste, d’ailleurs. Ca ne tient qu’à toi. A l’importance que tu lui portes, ou que lui te porte.

Il acquiesce lentement en soupirant, et il se laisse retomber sur mon matelas en m’emportant dans sa chute. Ma tête contre son épaule, il murmure :

- Je t’aime. Je suis pas sûr qu’il mérite de te connaître. Mais j’en ai envie, pour qu’il voie que je n’ai pas besoin de lui pour être heureux. Et être heureux c’est être avec toi.

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