#15
C’est comme si la pression du confinement servait de révélateur pour tout ce qui ne fonctionne pas autour de nous. En demandant à tout le monde de rester chez soi, on oublie qu’il y a une partie de la population plus importante qu’on ne le pensait pour qui « chez soi » n’est pas un concept si évident. On oublie que pour que certains puissent rester chez eux, d’autres doivent en sortir et risquer leur vie. On oublie que certains sont oubliés des aides de l’État qui les empêcheraient de sortir malgré tout, pour remplir les frigos. On fait un tri sommaire parmi tout le monde et on se rend compte qu’il y en a, des laissés-pour-compte.
On n’avait jusqu’à présent rien prévu pour eux parce qu’ils se débrouillaient dans les marges. Mais le confinement a supprimé les marges, il ne reste aucun endroit pour se cacher. En Italie, certains sont acculés et ont commencé à réagir, violemment. Le gouvernement italien leur débloque des fonds, sans avoir le choix. Que pourrait-il faire ? Enfermer les pauvres ? Devant ses propres contradictions, il choisit la solution pragmatique. Si certains n’ont pas d’argent pour payer leurs courses, on va leur en donner gratuitement, même s’ils n’ont pas cotisé.
Avec un peu de chances, nos représentants profiteront de cette crise pour avoir un sursaut de clairvoyance. Ils se rendront compte qu’un cataplasme de billets ou qu’une infusion de pièces ne soignent pas plus qu’une perfusion bancaire. Que culpabiliser la population qu’ils méprisent ne les sauvera pas et qu’il faudra à un moment oublier les profits pour faire preuve de solidarité.
Ce sera ça, ou la révolte.
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