#26
La pleine lune a été pour moi l’occasion de m’échapper. Dans la nuit de mardi à mercredi, je suis parti à vélo dans les rues désertes de Bruxelles, je suis parti. Roulant à vélo, je n’ai croisé personne, si ce n’est quelques patrouilles de police et des travailleurs matinaux dans des transports en commun.
Bertrand Piccard le dit : « Il faut vivre dans l’instant présent. Il faut se connecter à soi-même, sur sa sensation d’exister dans son corps, dans la sensation du moment présent, dans ce qu’on fait, dans ce qu’on pense, dans ce qu’on dit aux autres, dans ce que les autres nous disent. Et ce qui est assez spectaculaire quand on arrive à faire ça, c’est que le temps ne compte plus. » Il y a de ça dans la contemplation béate de la lune, à travers mes jumelles. Ce monde lointain et vide m’a permis de m’arracher à la gravité de la situation. Assis dans une des rues du campus de l’Université Libre de Bruxelles, vidée de son animation coutumière, j’ai pu m’évader.
Je profite également du beau temps ainsi que de la chance d’avoir une terrasse pour planter la tente. À force d’être tout le temps coincé entre quatre murs, j’en viens à ressentir une certaine forme de claustrophobie. Entendre les sons de la nuit est une expérience nouvelle en pleine ville. Pourtant, ces sons servent de points d’appui à une pensée qui sans cela risquerait de partir à la dérive.
En attendant, je fais comme tout prisonnier : je garde ma colère bien à l’abri dans un coin de ma tête. Quand nous pourrons sortir enfin, je trouverai bien un moyen d’en faire un outil apte à faire changer le monde.
Annotations
Versions