Avant-Propos

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Laissez-moi tout d'abord me présenter. Mon nom est Benedict, ou Ben pour les intimes, mais je suis aussi connu comme Lephiareardechrodelemduc. Ce court diminutif est en réalité beaucoup plus souvent utilisé pour parler de moi. Cependant, je dois vous avouer que sa faible longueur ne rend que peu hommage à ma fonction. Pour que les choses soient plus claires pour ceux qui ne me connaissent pas encore, je suis Le Premier Historien Archéologue Et Archiveur de Chroniques de L'Empereur de L'Univers Connu. Oui, je pense à ceux qui, éventuellement, et de manière particulièrement surprenante, ne me connaîtraient pas encore. Cela reste une possibilité et je préfère rester prudent. Une possibilité certes infime à la vue du nombre d'exemplaires écoulés de mon précédent ouvrage, mais néanmoins non nulle.

Non, parler de ce succès interplanétaire n'est pas une manière déguisée de me pavaner devant vous. C'est tout simplement l'évocation nécessaire d'un fait réel et avéré, ayant significativement participé à la genèse de l'ouvrage que vous tenez entre vos mains. Eh oui, cher lecteur, c'est bien votre enthousiasme face à ma chronique des dernières guerres galactiques qui m'oblige à me remettre à la tâche pour vous livrer ce que vous attendez certainement depuis de longs mois (sans même en avoir pleinement conscience pour certains d'entre vous) : la suite.

Bon, pour être tout à fait honnête, votre enthousiasme n'est qu'un des facteurs pris en compte lors de l'élaboration de mon planning de travail, l'autre variable prépondérante étant le solde de mon compte à la banque impériale. Je ne voudrais pas passer pour une personne avide d'argent, je me contente de peu, mais je n'ai pas moins besoin de manger (et, je l'avoue, de voyager régulièrement vers Najol, cette planète habitée par des Narweens d'une irrésistible douceur).

Vous devez probablement vous demander comment une telle chose a pu se produire. Comment un historien de ma réputation a-t-il pu se retrouver sans le sou, après un succès commercial d'une telle ampleur pour son précédent ouvrage ?

Eh bien, la vérité est toute simple. Comme de bien souvent, l'écart entre cette vérité et ce que tout le monde s'accorde à considérer comme la chose la plus probable est monumental (sans exagérer, les royalties générées par mes chroniques dépassent l'entendement et pourraient aisément permettre la construction d'un monument). Je ne suis donc pas près de me prélasser dans une retraite anticipée, baignant dans une fortune dûment méritée, mais je suis, au contraire, au bord du gouffre financier, près de sombrer dans une dépression à la fois psychologique et économique sans précédent.

Pour le comprendre, il vous suffit de vous souvenir de ma fonction (il va vraiment falloir que vous fassiez un effort à ce niveau... ) pour vous rendre compte qu'un fonctionnaire travaillant pour l'Empereur ne peut prétendre à un autre salaire que celui décidé une fois pour toutes par son supérieur hiérarchique précité. Les sommes monumentales n'ont donc permis que d'alimenter les caisses de l'Empire et de construire des monuments à l'effigie de notre cher souverain, et non de votre fidèle serviteur.

Bien, maintenant que nous sommes d'accord sur le fait qu'il est nécessaire, pour une raison ou une autre, d'écrire cet ouvrage, de quoi y parlerons-nous ? Ah, je vois là naître une pointe d'impatience. Ne craignez rien, je vais vous répondre. En fait, non, je vous ai déjà répondu. Oui, c'est ça, nous évoquerons la suite, c'est-à-dire, tout ce qui s'est déroulé de significatif dans la galaxie depuis la fin.

Comment ? Un paradoxe, vous dites ? S'il y a une suite à la fin, alors celle-ci n'est plus une fin et il est aberrant de parler de la suite de cette fin ? Bien, je vois que l'auditoire est attentif et des plus exigeants. Je vous répondrai donc que nous allons changer cette fin, de manière à n'y voir qu'une fin intermédiaire plutôt qu'une fin définitive et ainsi briser dans l'oeuf vos paradoxes lexicographiques et éviter de vous rendre fou. Bien. Quoi ? Une autre question au fond ? De quelle galaxie nous parlons ici ? Je crois que je ne vais pas répondre à cette question... Et d'ailleurs, veuillez cesser de m'interrompre sans arrêt, je crois que je préfère encore ma vie de misérable fonctionnaire sans le sou à une vie passée à répondre à de telles interrogations sans intérêt.

Bien. Maintenant que les choses sont claires entre nous, nous allons pouvoir débuter ce récit. Par la fin donc. Celle que nous devons commencer par remanier pour pouvoir en écrire la suite.

Dans la dernière fin, j'évoquais le retour dans la boîte des protagonistes de l'Histoire et la fin réelle et totale de la galaxie. Si c'est vraiment ce dont vous vous souvenez, alors je comprends vos doutes sur la possibilité d'une suite. Je dois, avant toute chose, m'excuser auprès de vous pour le manque de finesse avec lequel j'ai abrégé cette fin à l'époque. Cela est inadmissible pour quelqu'un de ma profession, malgré tout un tas de circonstances atténuantes, comme le fait que la fatigue et la faim me brouillaient l'esprit après tout ce travail durement accompli, que la suite des événements n'avait que peu d'intérêt si l'on ne désirait pas en conter toutes les conséquences à long terme, et que ma bonté naturelle voulait vous épargner de nombreux questionnements et vous offrir la vue des Dieux. Bref, pour faire court, la véritable fin de l'Histoire des dernières guerres galactiques est bien plus longue que celle décrite dans la chronique officielle.

Pour commencer, les Dieux n'ont pas immédiatement extrait les vaisseaux de l'espace et démantelé la galaxie dès lors que le vainqueur vainquit. Non, ils étaient en réalité bien trop fatigués pour cela. Souvenez-vous, il était trois heures du matin passé et, après six heures de jeu intense, il paraissait plus raisonnable de remettre ce fastidieux rangement au lendemain (qui n'était en fait que le jour même, mais séparé du moment présent par quelques heures d'un sommeil réparateur et fort nécessaire).

La galaxie fut donc laissée à elle-même, les protagonistes libres de continuer leur existence et, qui plus est, pour une fois, totalement libérés de l'emprise des Dieux.

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