Chapitre 48 : L'exigence de Christina

5 minutes de lecture

Christina

Alors que mes généraux et moi préparions la campagne à venir, un message des plus inattendus nous parvint : le roi Miroslaw était mort, assassiné, visiblement par des vampires soutenant la rébellion des hommes.

Le plus surprenant dans cette affaire fut l’envoi par son successeur, Nikolaj III, de demandes de paix à notre avantage. Pour peu que nous lui fournissions dix mille hommes afin de réprimer les humains dans son royaume, il était prêt à nous rétrocéder les conquêtes de Boleslaw. J’imagine que le royaume d’Aartov reçut la même proposition. Connaissant le roi Boris II, l’idée de récupérer ses terres et qui plus est d’avoir la possibilité de servir une noble cause en vengeant un souverain tué par des hérétiques pro-humains ne doit pas lui déplaire.

Seulement pour ma part ce n’est pas suffisant. Ces propositions de paix ne sont pas là que pour venger le roi. Orania n’est plus capable de soutenir une guerre prolongée, même avec l’appui d’Ishka. Les ligues de petits seigneurs ne se sont pas dissoutes à l’annonce du régicide. Le roi craint que son pays ne vacille s’il continue à extorquer or, chevaux et hommes à d’honnêtes seigneurs qui en sont de plus en plus dépourvus.

Et connaissant Orania, l’idée de spolier les grands seigneurs serait encore plus dangereuse. Ces derniers jurent fidélité tant qu’on ne touche pas à leurs biens personnels mais qu’on commence à les appauvrir et ils seraient capables de remettre en doute la légitimité de ce roi choisi et de le déposer.

Ce monarque prétend nous faire une fleur avec ces propositions alors qu'il se sauve lui-même mais ça ne prend pas ! Ceci dit je n’ai pas non plus intérêt à ce qu’Orania s’effondre, si un rapport de force équilibré peut renaitre comme avant Boleslaw, cela me conviendrait. Il y a néanmoins une demande sur laquelle je ne transigerai pas : je veux la tête du duc de Cracvonia en plus du retour de nos terres. Si ce roi a la moindre jugeote il saura qu’il ne pourra pas me la refuser.

Ma reine sera vengée et notre guerre victorieuse.

Lorsque j’annonçai ma décision à mon état-major presque tous me soutinrent. La destruction de Joltourmar était encore bien présente dans les esprits et il n’y avait pas un seigneur du royaume qui ne demandait pas vengeance. C’est à croire qu’entre le retour de nos terres et la tête du duc, la seconde était devenue plus importante. Seuls quelques seigneurs me conseillèrent d’accepter, dont le duc de Kulmar, pour qui « une paix victorieuse ne doit pas être gâchée par une vengeance, quand bien même cette dernière est légitime ». Il était rejoint en ce sens par le marquis de l’ouest. Selon lui la guerre était gagnée : le roi Miroslaw à cause de qui son père était mort avait été tué à son tour et sa vengeance contre Orania allait être accomplie lorsque ses terres seraient rendues à Isgar et Aartov. Il allait devoir s’en séparer d’une partie étant donné que son fief était à cheval sur l’ancienne frontière ; les marches de l’ouest avaient été ainsi créées par Boleslaw pour que, si une autre guerre se produisait, le marquis de l’ouest soit le plus motivé à résister de peur de voir ses terres divisées entre Isgar et Aartov. De toute évidence cela n’avait visiblement pas suffi. Enfin mon mari était aussi de leur avis, pour lui la vengeance d’un régicide était la noble quête dont il avait toujours rêvé mais son manque endémique de charisme ne participa pas à me faire changer d’avis.

Je refusai donc net les recommandations de mes quelques conseillers récalcitrants et j’envoyai une lettre à Nikolaj III lui ordonnant de me livrer le duc de Cracvonia vivant, en plus de me rendre mes terres, s’il veut que je daigne lui accorder mon aide afin de réprimer ces vils humains. Dans le même temps je fis parvenir une missive à Boris II pour le convaincre de ne pas faire de paix séparée en faisant jouer les liens familiaux qui nous unissaient et qu’un honorable vampire comme lui ne saurait trahir.

Godefroy

Tandis que notre entraînement continuait, que les jours raccourcissaient et que les températures baissaient, nous apprîmes la mort du roi Miroslaw. Cette nouvelle fut un choc, qui n’était ni bon ni mauvais… En fait nous ne savions pas vraiment comment réagir à ce décès. La suite nous permit de nous faire un meilleur avis, en effet le message d’Irina faisait état d’un assassinat commis par des vampires luttant pour l’égalité entre nos deux races, la « compagnie des semblables ». Selon ses dires cette dernière se dirigerait vers Urnia… En revanche le régicide avait attisé un vent de fureur contre les hommes en Orania et il semblait que la paix allait être signée entre notre ennemi, Isgar et Aartov…

Néanmoins le roi actuel n’était personnellement pas notre plus virulent adversaire mais tout son entourage le poussait à la guerre. Malgré tout il semblait qu’une ou deux victoires suffiraient à l’amener à la table des négociations. De mon point de vue négocier avec les vampires était une erreur, il fallait tous les exterminer, sans quoi tôt ou tard la guerre reprendrait. Renaud me fit toutefois remarquer que si on pouvait nous laisser un peu de temps pour renforcer notre royaume ainsi qu’améliorer notre armée une trêve ne serait pas un problème. Cela n’empêcherait en rien de repartir en guerre quelques temps après…

En ce qui concerne la compagnie des semblables, mon avis était mitigé. En effet il est illusoire de faire fraterniser humains et vampires. Cela ne peut pas marcher éternellement. Tôt ou tard des haines ressurgiront et une guerre éclatera. De plus le Grand Protecteur avait créé les vampires comme une épreuve pour les hommes, non comme des alliés. Toutefois le fait qu’une troupe visiblement motivée, entrainée et équipée se joigne ainsi à nous était inespéré ! De toute façon il sera toujours temps d’écraser ces maudits vampires après s’être servi d’eux.

En tout cas Renaud voulu aller les rencontrer au plus vite ; tous les officiers voulaient évidemment l’accompagner mais il ne pouvait naturellement pas tous nous emmener. Il décida donc de ne partir qu’avec les mieux gradés à savoir Louis et Albert. Pendant ce temps j’étais chargé de continuer à entrainer les nouvelles recrues et de superviser la reconstruction d’Arnov pour en faire la principale base logistique de notre prochaine campagne. Armes, nourriture, chevaux et tant d’autres choses devaient être regroupées ici afin de pouvoir supporter l’immense armée qui allait se déchainer contre les forces de potentiellement tous les royaumes vampires.

Je verrai ces semblables bien assez tôt et, une fois cela fait, il me suffira de feinter l’amitié avec ces vampires, du moins jusqu’à ce qu’ils soient les derniers représentants de leur espèce !

Annotations

Vous aimez lire Antoine Zwicky ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0