Retrouv(r)ails
Le téléphone a vibré, un son presque irréel dans le silence figé de ma chambre. J’ai sursauté, le cœur battant, comme si mon corps avait su avant moi que cet appel était important. Quand j’ai vu le numéro inconnu s’afficher, une peur sourde m’a envahie.
J’ai hésité une seconde, puis j’ai décroché.
"Allô ?"
Un silence. Puis, sa voix. Faible, brisée, tremblante.
"… C’est moi."
Un frisson m’a parcouru l’échine. C’était lui. Lui que j’avais hébergé, protégé du mieux que je pouvais avant que mes parents ne le mettent dehors, lui que j’avais perdu, lui pour qui j’avais pleuré jusqu’à l’épuisement.
Il était à l’hôpital.
Ses mots étaient saccadés, marqués par la fatigue, la douleur peut-être. Mais il était là. Il m’appelait. Il savait que je répondrais.
J’ai fermé les yeux un instant, essayant de ravaler les larmes qui me montaient à la gorge. J’aurais voulu être en colère, contre le monde, contre l’injustice, contre ceux qui l’avaient abandonné. Mais tout ce que je ressentais, c’était un soulagement intense, brûlant.
"Tu es en sécurité ?" ai-je murmuré, la voix tremblante.
"Je crois… Je voulais juste… entendre ta voix."
Mon cœur s’est serré. Je l’imaginais, seul dans une chambre d’hôpital, peut-être perdu, peut-être effrayé. Je n’ai pas réfléchi plus longtemps.
"Attends-moi."
Il n’a pas eu besoin de répondre. Je savais qu’il m’attendrait. Parce que c’était lui. Mon évidence. Mon bonheur.
Et cette fois, je ne le laisserais plus jamais tomber.
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