Eclipse
J'ai l'impression folle que tout clignote, comme mon monde était illuminé par des lumières stroboscopiques, si rapides qu'on avait l'impression permanente de tomber en avant. Je sens sur mes jours la douceur de mes larmes, car je pleure. Pourquoi ? Je ne pourrai le dire. Mais je sais que je suis en train de fuir, je descend les escaliers de cette maison inconnue à toute vitesse pour échapper à pmon père. Je me retourne et je le vois, ses yeux fixent le vide et son visage est gonflé. Sa bouche se tord en un rictus malsain. Sans que je ne m'en rende compte, je suis en ville, sur une grande place pavée. Il s'approche de moi, me pousse, sussure des horreurs à mon oreille, et lorsque je croise son regard, il sourit méchamment.
Pourtant, l'air autour de moi est agréable, juste assez frai pour que j'ai l'impression d'être dans de l'eau. J'aperçois des gens, je cours vers eux, mais mes pieds sont comme enlisés dans une mélasse invisible, et ils disparaissent avant que je n'arrive à les rejoindre. Le ricannement de mon père résonne dans mon dos, et je me met à hurler à tout vas qu'il est fou, retenez-le, il est fou, j'ai besoin d'aide ! Mais les passants ne m'entendent pas.
Je me retourne, le visage de mon père est à quelques centimètres du mien quand une pensée me vient : je peux arrêter ça. Ce n'est qu'un rêve, ici, je suis puissante. Et je ne veux pas voir mon père sombrer dans la démence.
Aussitôt il recula et disparus dans le brouillard épais. Je sens des grins de sables dans mes chaussures, je suis enfin seule. La mer est à quelques mètres devant moi, mais je préfère explorer la falaisse derrière moi qui est pour le moins surprenante : elle est creuse, sculpté comme un immense appartement. C'est une base militaire, je le sais. Je rentre dedans, et me retrouve au dernière étage, et découvre mon frère, accroupis derrière un bureau en pierre. Il a bien raison, ainsi, il ne risque pas de se faire tirer dessus par les hommes qui nous poursuivent. Mais nous ne pouvons pas rester là longtemps, ils finiraient par nous retrouver, même si nous tentions de nous cacher. Et je sais qu'en cas de confrontation ils nous tueront, nous n'avons pas la force de lutter contrer eux et leur machines de guerre.
Je prend mon frère par la main et nous dévallons la falaisse en volant à quelques centimètres du sol. Je ne regarde pas derrière moi, je sais qu'ils sont proche, et leur ombre s'étale déjà sur le sol. Le ciel est gris comme si il allait bientôt pleuvoir. Nous sortons de la forêt noire et trouvons une voiture de sport rouge vif. Tremblante, je rentre dedans et me place devant le volant, pendant que mon frère s'applatit sur les sièges arrière. Sans réfléchir, je démarre, et nous fonçons maintenant à une vitesse folle sur une autoroute entourée de pins. Je les entends qui arrive, en jetant un coup d'oeil, je vois leur avions percer les nuages, et deux hommes, dans une voiture militaire, roule à quelques mètres derrière nous. Des coups de feu retentissent, les balles passent à côté de moi, claque sur la carroserie. Je prend un virage brusque pour rentrer sur un parking, et j'entend un cri : c'est mon frère, qui tombe de la voiture avec une expression d'horreur sur le visage. Les deux hommes le percute de pleine face, j'entend encore des cris, puis plus rien.
Je dois fuir. Je dois fuir. Je dois fuir. C'est tout ce à quoi j'arrive à penser. Avec un effort mental colossal, je me téléporte vers la ville, avec ses hauts gratte-ciels. Je vole maintenant, grâce au sac en platisque qui me sert de parachute. Le vent s'engouffre dedans et m'emporte loin de ces gens affreux.
Peu à peu, je perd en altitude, puis finis par arriver sur ma maison. Je rentre de ma chambre, par le velux, et m'allonge dans mon lit. Mais il fait trop noir, je n'arrive plus à savoir où je suis. Et surtout, j'ai besoin de lumière pour savoir d'où viennent les bruits. Des craquements, des gémissements léger, une respiration. L'ombre s'atténue, je distinge une forme humanoïde au bout de mon lit, je la vois pencher son long cou au-dessus de moi, et j'essaye de crier mais ma bouche reste fermée, je n'arrive plus à faire le moindre mouvement, alors que je voudrai fuir, encore et encore. Je ne peux que rouler des yeux terrifiés. La chose tend sa main vers mon cou, ses longs doigts noir m'effleure, et j'arrive enfin à pousser un cri.
Et je me réveille enfin, dans la lumière blanche de mon ordinateur, en sueur et frissonnante.
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