Petit péteux

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La plupart des passants s’absorbent dans leurs pensées et font mine d’ignorer les insultes qui résonnent dans le silence subit. Egoïsme et individualisme ont leur part belle dans le quotidien de mes semblables.

A ma gauche, à moitié caché par un pan de mur, le petit Anselme les fixe avec envie. Grand, rond comme une barrique, les yeux du même acabit, le poil terne et filandreux, le sourcil inexistant, un nez de cochon, des lèvres épaisses, ce garnement n’a rien pour attirer la sympathie au premier coup d’œil. Au second non plus. Je vais éviter de vous parler du troisième.

C’est le fils du chauffeur de car du numéro 5. Tel père tel fils. A force d’observer le monde derrière sa vitre, il envie l’action des autres en se complaisant dans l’inaction personnelle. Son visage rond suit l’avancée de Mama et ses yeux naviguent entre elle et les Santi.

L’envie de se faire remarquer par une vilénie semble le tarauder depuis quelques semaines. Un sourire mauvais orne ses lèvres adipeuses et il s’avance. Avant qu’il n’atteigne Mama, je quitte mon poste d’observation et me positionne négligemment entre lui et la Sénégalaise. Ma présence le coupe à la vue du groupe et le dissuade d’agir.

Le visage renfrogné et la colère rentrée, il fait demi-tour, direction l’arrêt de bus. Le petit péteux va évacuer sa frustration comme il peut, en tentant de soudoyer son père, qu’il va rejoindre, de quelques billets.

De colère Mama envoie une giclée de salive au pied des frères Santi. Elle n’a pas peur et répond avec ses propres arguments à leurs commentaires insultants. La flaque de salive manque de peu les baskets d’une marque dont je ne ferai pas la publicité ici (je sais qu’ils font travailler des enfants dans leurs usines) du cadet.

L’effet est similaire à de l’huile jetée sur le feu, et le groupe s’avance sur Mama dans un bel ensemble. Leurs yeux lancent des éclairs de rage, leurs poings sont serrés, leurs corps tendus. Quatre contre une femme, il n’y a plus d’honneur.

Pas stupide, Mama accélère le pas. Les jeunes aussi. Moi aussi.

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