« Tremblants vacillements... »
Tremblants vacillements d’un monde qui s’écroule
Et le chant des lueurs et l’osmose du vide
Et les pierres du crâne emportées par la foule
Et l’indicible odeur d’un avenir putride ;
Démons mauvais, nombreux qu’invoque la débauche
Personnages si flous qu’on ne les connaît plus,
Phrases lancées, jamais achevées qu’on ébauche
Comme autant d’utopies fantasmées mais perdues ;
Astres de l’ombre autour desquels tournent les ombres,
Réverbère miteux, divin, sublime atoll
Dont le lagon diaphane qu'assiègent des eaux sombres
Semble un refuge pour ceux qu’a conquis l’alcool ;
Par le chaos brûlant de leur cœur qui chavire,
Les damnés immortels se laissent entraîner,
Avant que la rumeur du vent des fous n’empire,
Que la mer qu'est la nuit doive les séparer…
Nul jamais n'échappe à la faune abyssale,
Et chacun voit éclore en son esprit troublé
La fleur au pistil noir de la nausée fatale
Qui rompt le sentiment d’être un port ensablé ;
Et, enfin relâchés par les griffes du temps,
Les nuages humains dissipés dans l’espace
Anéantis, privés de but et titubant,
Retourneront chez eux vomir devant la glace.
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