Cosmogonie des immeubles

Une minute de lecture

Au commencement, il y a la terre meuble.

Chaque saison des pâquerettes sans importance fleurissent là puis fanent.

La terre est retournée, la terre est retirée. Quand il pleut, des flaques de boue se forment dans le moindre creux avant d’être absorbées sous terre. On a posé les fondations : le béton coule et se raidit immanquablement autour des tiges d’acier qui semblent en fleurir ; mais c’est une illusion car c’est bien le béton qui s'enroule et qui monte le long de ces tuteurs.

Les grues manipulent les toles et les blocs; sur le chantier, chaque sac de sable et chaque poutre d'acier trouve son sens. Les échafaudages sont installés; ils croissent de concert avec l’immeuble qui cherche sa forme.

On a démonté les échafaudages. Les murs sont révélés, immaculés, d’un beau gris mat. Des vitres impeccables ponctuent la façade. On perçoit par les ouvertures, on devine parmi les angles, l’architecture du complexe, la volonté de conquête de tout espace.

Après ces murs, vivent les hommes, leurs immenses bonheurs et leurs longs ennuis d’hiver, leurs maladies et leurs naissances.

Le dernier homme s’en est allé. Les murs polis ont perdu leur éclat depuis longtemps.

Les plantes grimpantes s’attaquent aux façades, se faufilent dans les embrasures qu’entrouvrent la pluie et le vent.

Des ruines sont à peine devinables, là, sur la terre meuble.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Maelion ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0