En avril, ne te découvre pas d'un fil
Un jour d’avril, j’apprends qu’une certaine Térébenthine et ses copines partent faire un tour en Irlande. Un de mes lieux de prédilection. Elles s’y rendent visiblement pour passer du bon temps, mais je soupçonne l’une d’entre elles d’avoir comme objectif secret de rencontrer des roux. À quelle fin, je l’ignore. Comme elles me sont fort sympathiques, je m’attache à veiller sur elles afin qu’elles passent un excellent séjour.
Elles partent donc prendre l’air en Eire. Elles sont prêtes à se laisser fouetter le visage par la pluie, à affronter les embruns de l’Atlantique mêlés aux rafales venues du grand Ouest. C’est le Printemps et le temps pluvieux fait partie du charme du pays. Elles le savent, alors dans leurs petites valises destinées à aller en cabine, et non en soute, se retrouvent boudinés des chaussures de randonnées, des sous-vêtements en laine, des sweats chauds et tout ce genre de frusques fort chaudes, mais peu séduisantes. La météo annonce justement de la pluie et une température maximale de douze degrés. Seulement moi, en tant que divinité, je peux faire la pluie et le beau temps, comme je vous l’ai déjà dit et là, j’ai choisi le beau temps pour ces Miss, car elles le valent bien.
À trois heures du matin, leur heure d’arrivée sur cette terre légendaire, la météo ne s’apprécie guère et ce n’est que le lendemain matin que le Soleil leur souhaite la bienvenue et ne les quittera plus pendant tout le séjour. J’avoue avoir fait le maximum pour stabiliser l’anticyclone sur l’Irlande et aider ce peuple irlandais fort attachant qui n’a pas le soleil tous les jours. Alors oui, cette contrée est bien verte et cela signifie qu’il y pleut beaucoup. Mais qui dit vert éclatant, dit forcément pluie alliée au soleil.
Ce qui me fait plaisir c’est que mes héroïnes sont d’elles-mêmes arrivées à la conclusion qu’elles ont eu une chance météorologique inouïe. C’est ça le vrai optimisme. Elles débarquent donc dans une Irlande en plein été avec des valises hivernales infernales... J’avoue leur avoir joué un bon tour.
Derrière la fenêtre de leur chambre, nos quatre jouvencelles, Térébenthine, Marine, Clémentine et Jade, sont perplexes. À cette heure matinale, le soleil a l’air d’être déjà bien chaud. Elles se questionnent et s’étonnent. Marine interroge la météo sur son portable, Jade interroge les vêtements de sa valise, Clémentine envisage l’ordre dans lequel enfiler ses fringues et Térébenthine, rêveuse, n’a pas d’opinion sur la question.
Alors que vont-elles envisager ? Enfiler leurs affaires en polaire et transpirer toutes les gouttes de leur corps à chaque pas ou alors aller s’acheter de merveilleuses tenues colorées et estivales à la mode irlandaise ? La seconde option est bien évidemment celle qu’elles retiennent après avoir réalisé un brainstorming express face au contenant de ces valises ô combien décalées. Les voici, peu de temps après qui se précipitent en cabine d’essayage dans le grand magasin emblématique de la ville. Bingo. Elles s’en donnent à coeur joie. Du jaune, du rouge, du vert... bref, elles oublient clairement l’orange. J’avoue être un tantinet déçu.
Chacune trouve sa tenue affriolante qui lui va à merveille. L’essayer c’est l’adopter. L’adopter, c’est la porter. La porter c’est se sentir en été. Et l’été, c’est ici et maintenant parce qu’elles le valent bien.
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