Crissement, éclat blanc, ténèbres et silence
Crissement, éclat blanc, ténèbres et silence.
Telle une musique, l'opération recommençait, parfois plus forte, parfois plus douce, parfois plus droite, parfois plus abrupte.
Le trait s'intensifie, continue sa route avant d'être coupé, pour recommencer un peu plus loin.
Tout s'arrête, pendant quelques secondes, presque une minute.
Puis des traits disparaissent, se transforment en une masse informe, partant au vent.
Et l'opération recommença. Crissement, éclat blanc, ténèbres et silence.
Les traits se collent comme pour se protéger, se courbent comme pour saluer, dans une tempête de formes.
Puis tout s'arrête une nouvelle fois. Pas un nouveau trait, pas une nouvelle forme.
Les ténèbres, le silence. Durant plus d'une heure, rien ne se crée, rien ne s'efface, tout en une étrange tranquillité.
Puis tout recommence. Crissement, éclat blanc, ténèbres et silence. Des traits plus robustes, plus hésitants, plus gras, plus maigres apparaissent. La plume est séparée de la feuille en une fraction de seconde. L'effaceur d'encre est éloigné de la plume.
Les formes créent des lettres, les lettres créent des phrases, les phrases créent la lettre.
Jil déposa sa plume à côté de son texte, fatigué de la guerre qu'il a produit, fatigué de son acte.
Fatigué par son dernier acte.
Crissement, flash blanc, ténèbres... et silence.
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