L'EXOPLANETE

2 minutes de lecture

L'on vient de découvrir - mais la chose est secrète -

Comme un vaste rocher en forme de planète,

Quelque part dans le ciel, avec de l'air, de l'eau,

Du pétrole et du gaz, enfin tout ce qu'il faut !

Le sujet, en haut lieu, fait l'objet d'une étude

Pour savoir qui porter jusqu'à cette altitude,

Dès lors qu'il s'agira, car cela va de soi,

D'aller coloniser ce lieu qu'on aperçoit.

Les meilleurs d'entre nous, les premiers de cordée,

Depuis longtemps déjà caressent cette idée

D'aller construire ailleurs un monde de vertu,

Bien loin de celui-ci qu'ils nous disent foutu ;

Mais alors qu'il est temps de faire sa valise

Pour aller sans retour sur l'étoile promise,

Il ne s'en trouve aucun pour prendre le vaisseau,

Et quitter son chez-soi pour faire le grand saut !

Car si tous ont tiré des plans sur la comète

Et dépensé nos sous pour mener la conquête,

En laissant bien le soin à d'autres d'aller voir

Si le bonheur était dans le fond d'un trou noir,

Je n'ai pas entendu que ces gens de l'élite

Se pressent à partir se mettre sur orbite !

On ne les sent pas prêts pour aller de bon gré

S'installer loin d'ici tout comme un émigré,

Loin du réchauffement de notre bon vieux globe

Pourtant bien mal en point et partout xénophobe !

Alors il semblerait - à ce que l'on m'a dit -

Que les autorités et quelque autre érudit,

Portent cette autre idée, on ne peut plus stupide,

D'acheminer là-haut le rêveur, le candide,

Le poète bien sûr et d'autres effrontés

Qu'on trouve un peu partout et polluent nos cités.

Cette engeance, à mon sens, paraît insuffisante

Pour peupler ce caillou d'une horde imposante

Propre à bien exporter notre instinct prédateur

Et nos habiletés de civilisateur.

Le nombre n'est pas là, même en ratissant large,

Pour faire colonie et occuper la charge,

Pas plus que les talents dont sont dotés ces gens,

Trop enclins à l'aumône envers les indigents.

Non, ce qu'il nous faudrait comme candidatures,

Ce sont des médaillés, des cadors, des pointures,

Ces bas du front sanguins qui pullulent chez nous

Sans s'encombrer l'esprit de morale à deux sous,

Et qui, sans que jamais quelqu'un les sollicite,

Ont de ce monde-ci fait une réussite !

Je veux parler des cons - mais vous l'aurez compris -

Qu'on pourrait propulser manu militari,

En convois escortés, à des siècles lumières,

Pour croître et prospérer entre eux, à leurs manières.

On pourrait redouter - et j'entends l'argument -

Que la Terre, d'un coup, se vide énormément,

Car le con est ici comme dans son Royaume,

Et l'espace public est son petit « sweet home ! »

Alors je n'exclus pas - comme on le sait bougon -

Qu'il renâcle au moment d'entrer dans le wagon,

Sauf - et c'est là je crois ma clarté de génie -

Si se dégage un chef pour la cérémonie,

Capable par des mots, une intonation,

De propulser là-haut toute leur nation.

Il suffirait, ma foi, qu'il déclare en substance

Quelque chose qui soit vide et sans consistance,

Mais nous montre Raoul en costard de faucon :

« Un petit pas pour moi, un grand pas pour le con ! »

Me paraît suffisant pour transporter la foule

Jusque à ces hauts confins, avant qu'elle dessoûle.

Et les enfants émus, après les adieux,

Vers l'étoile des cons tourneraient leurs grands yeux.


















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