APRES LE CONFINEMENT ou Le joli temps d'après
On me l'avait promis, il arrive, il m'inonde,
Le joli « temps d'après » et sa douceur féconde,
Que je découvre enfin avec étonnement,
Après longtemps de masque et de confinement !
« Rien ne sera pareil après la catastrophe !»
Nous disaient la télé, « twitter », le philosophe,
« Après ce grand péril et ces grandes douleurs,
Chacun va revenir vers d'honnêtes valeurs,
Donner du temps au temps, redécouvrir la pause,
Vivre avec la nature et défendre sa cause ! »
Pour ma part, le fait est : je me sens rajeuni !
Je suis un homme neuf, une sorte d'ovni
Qui trouve du plaisir à goûter l'ordinaire,
Cette simplicité qui m'agaçait naguère !
Ainsi je vous le dis, tout m'émeut aujourd'hui :
La lumière du jour, le sombre de la nuit,
L'araignée au plafond, le brame des trompettes,
Les arbres et les champs et les fruits en cagettes !
Je sens que je pourrais dans mes nouveaux habits
Adopter des poussins, des chèvres, des brebis,
Et même soutenir des sans-papiers en lutte,
Des chômeurs, des taulards et des joueurs de flûte !
Et chacun comme moi, dûment inoculé,
Ressent ce grand bonheur d'être un miraculé !
N'est-ce pas étonnant cet effet secondaire
Qui rend autrui plus doux et presque débonnaire,
Dans la rue, au boulot, et qui dorénavant
S'efface poliment pour nous laisser devant !
Chaque minute m'est source d'un pur délice,
Comme après un conflit, le jour de l'armistice,
Et je n'ai que le soin de m'ébattre au présent,
De côtoyer des gens, d'être partout content !
Oh ! bien sûr, je le sais, jamais pareille grâce
N'a freiné bien longtemps notre pente rapace
Et je devrai sous peu revenir à des jeux
Plus rudes, plus concrets, toujours plus sérieux,
Mais nul n'empêchera qu'en mon for je désire
Revivre ce moment de joie et de délire,
Ce shoot d'humanité que nous offre toujours
Un temps de retrouvailles et de beaux discours
Après en avoir pris assez dans la figure !
Puisse un autre virus ou quelque autre bavure
Se conclure à nouveau par un souffle d'amour
Et nous dessine encor l'homme à son meilleur jour.
A moins que d'ici là - projet que rien ne fonde -
L'on se trouve à fêter une Coupe du monde !
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