Chapitre 3 Réparer
Le rendez-vous était donné le lendemain aux agents pour remettre l’eau, l’électricité et le téléphone. Une fois le combiné raccroché il retrouva madame Roualdes, mamie Victoire, dans sa cuisine. Elle le connaissait depuis sa naissance et était ravie de le revoir. Calixte dû affronter une forte semonce pour ne pas être revenu depuis tant d’années. Il lui sourit et déposa un baiser sur sa joue pour faire la paix. Il l’avait toujours considérer comme sa grand-mère. Il finit sa tasse de café, l’embrassa de nouveau, la remercia pour le téléphone et sortit.
Il traversa la petite route bordée d’un ruisseau et s’arrêta un instant pour regarder l’état de la propriété. Le pommier avait besoin d’être taillé, le sapin, qu’il avait planté avec son père quand il avait dix ans, devrait être abattu. Il faisait trop d'ombre et mencer de tomber sur la maison. Ce n’était plus une cour mais une jungle. Il constata que des lauzes étaient tombées du toit. Si la vente de l’appartement de ses parents ne lui avait fait aucune peine, la maison, elle, il ne voulait pas s’en séparer. Une partie de lui, certes brisée, vivait toujours ici. Alors qu’il contemplait l’ancienne bâtisse et mesurait l’étendu du travail pour la remettre en état, il comprit que lui aussi avait besoin d’être réparer.
De retour à l’intérieur, il monta l’escalier de bois, les marches grincèrent. A l’étage se trouvaient les chambres qui donnaient toutes sur la cour. Il fallait tout ouvrir pour aérer. Il pénétra d’abord, dans la chambre de ses parents. L’émotion le submergea lorsque son regard se posa sur la coiffeuse de sa mère. S’y trouver quelques-unes de ses affaires : un flacon de parfum, un éventail et une coupelle dans laquelle restait une paire de boucles d’oreille. Les yeux de Calixte se perdirent dans le miroir. Il s’attendait à revoir le visage de sa maman mais ne vit que celui d’un homme aux traits tirés, les cheveux en pagaille et des larmes coulant sur ses joues. Il ouvrit la fenêtre et les volets, aspergea l’air de parfum. Un éphémère sourire passa sur ses lèvres.
Au bout du couloir se trouvait sa chambre. Il y entra. Rien n’avait bougé depuis sa dernière venue. La pièce n’était pas très grande, mais il adorait y passer des heures seul à lire ou flemmarder, s’égarant dans des aventures imaginaires. Il aimait le doux réveil de la lumière du matin qui s’immisçait par les persiennes à claire voie et le son des cloches des vaches. Il s’assit au bureau, il ouvrit le tiroir. A l’intérieur se trouvait son foulard scout, un opinel, un herbier, qu’il avait commencé aux louveteaux, et l’appareil photo instantané offert par son père à l’occasion de son dix-huitième anniversaire. Sur l’étagère au-dessus restaient quelques livres, l’île au trésor, le Seigneur des Anneaux, un Guide des oiseaux et une paire de jumelle. Fouiller dans sa chambre lui donnait l’impression de faire connaissance avec lui-même, le jeune Calixte qu’il avait essayé d’oublier. Il s’assit sur le bord du lit et inspecta le contenu de la table de chevet. Il y retrouva son carnet de vacances dans lequel il consignait par date ses activités et ses découvertes et le nombre de poisson pêchés. Une photo glissa par terre, il ne voulut pas la ramassait, il savait très bien qui se trouvaient dessus. La lettre et maintenant la photo, c’était trop. Il reposa vivement le carnet à sa place et redescendit. Onze heures sonna.
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