Invité de minuit
Une jeune femme se trouvait seule chez elle, assise sur le bord de son lit, l’esprit en ébullition. Depuis des semaines, ses nuits étaient sans repos, et chaque soir, elle luttait pour trouver le sommeil. Ce soir-là, pourtant, alors que le silence régnait, on frappa doucement à la porte.
Intriguée, elle se leva et alla ouvrir. Devant elle se tenait une silhouette apaisante, enveloppée d’une lumière tamisée. L’être dégageait une aura de tranquillité. Sans un mot, il entra dans la pièce, son regard bienveillant posé sur elle.
— Qui es-tu ? demanda-t-elle, bien qu'une partie d'elle connût déjà la réponse.
— Je suis Hypnos, le Sommeil, répondit-il doucement. Tu m’as cherché ces derniers temps, et ce soir, je viens à toi.
Elle le laissa s’asseoir sur une chaise près de la fenêtre. Une lune pâle éclairait la pièce, et dans cette ambiance feutrée, elle sentit ses épaules se relâcher, son corps enfin prêt à écouter.
— Pourquoi m’as-tu fuis si longtemps ? demanda-t-elle, une pointe de tristesse dans la voix.
— Ce n’est pas moi qui te fuis, murmura le Sommeil. Ton esprit est trop encombré. Je ne peux entrer là où règnent l’agitation et l’inquiétude. Tu me bloques, sans le savoir.
Elle baissa les yeux, son cœur lourd de questions.
— Mais comment puis-je t’accueillir ? Comment puis-je te retrouver quand tout semble me hanter ?
Hypnos sourit avec tendresse.
— Tu dois apprendre à me préparer un chemin. Chasser les pensées qui tourbillonnent sans fin, laisser le silence t’envelopper. Je ne demande pas grand-chose : juste un peu de paix pour que je puisse m’installer.
— Et les rêves ? demanda-t-elle, les yeux levés vers lui. Pourquoi certains me hantent, et d’autres s’envolent avant que je puisse m’en souvenir ?
— Les rêves sont des messagers, répondit-il. Certains viennent pour te guider, d’autres pour te libérer. Tous ne sont pas destinés à être retenus. Ce que tu dois comprendre, tu le comprendras, même si tu ne t’en souviens pas toujours.
Le silence tomba entre eux. Elle se rendit compte que sa respiration était devenue plus lente, plus profonde. Le poids qui alourdissait son esprit semblait s’alléger. Hypnos la regarda, puis se leva.
— Je vais partir pour cette nuit, mais je reviendrai à chaque fois que tu m’appelleras calmement. Je suis toujours là, près de toi, attendant d’être invité.
La jeune femme hocha la tête, les yeux à demi-fermés, déjà sur le point de sombrer dans cette douce étreinte qu’elle avait tant cherchée.
Hypnos s’éloigna, et à l’instant où la porte se referma derrière lui, elle glissa paisiblement dans le monde des rêves.
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