Chapitre 1 — Le Silence du cœur

2 minutes de lecture

5h30.

Le réveil n’avait même pas encore sonné que j’étais déjà réveillé.

Mon cœur cognait doucement, comme s’il avait passé la nuit à me secouer en silence.

Dans ma chambre, tout était figé : les murs nus, la petite croix au-dessus de mon lit, l’air lourd de choses qu’on ne dit pas. Je me levai, les pieds nus sur le carrelage froid. Puis je m’agenouillai.

— Seigneur… garde-moi aujourd’hui. Garde-moi de moi-même.

J’aurais pu nommer ce que je ressentais, mais non. Toujours pas. C’était encore trop dur de mettre des mots. Alors je disais juste “tentation”, “trouble”, comme si Dieu comprenait les silences mieux que moi-même.

Blouse blanche sur le dos, stéthoscope dans la poche, je me regardai vite fait dans le miroir. Ni trop souriant, ni trop fermé. Je voulais juste me fondre dans la masse, ne pas être vu… ou trop vu.

À l’hôpital, les pas pressés résonnaient déjà, les voix, les appels, les chariots, les urgences qui n’attendent pas qu’on aille bien pour s’imposer. Je descendis vers la médecine interne.

— Toujours à l’heure, toi, hein ! lança Lise avec un sourire.

— L’habitude, répondis-je.

Dans la salle de garde, je me mis au fond. Carnet en main.

Et puis Adrien entra.

Juste sa présence suffit. Je ne levai même pas les yeux, mais je sentais cette chaleur étrange dans la pièce. Comme un frisson qui me prenait par surprise.

Il avait cette voix… posée, calme, précise.

— On commence la transmission ?

J’écrivais, ou plutôt je faisais semblant. Mais j’entendais chaque soupir, chaque inflexion. Adrien ne parlait pas beaucoup, mais quand il le faisait, c’était comme s’il me parlait à moi.

Quand ce fut mon tour, je me levai. Je parlai d’un patient diabétique, d’un pied infecté, de traitements, d’évolution clinique. C’était net. Pro. Adrien hochait la tête.

— Tu gagnes en assurance, dit-il.

Juste ça. Rien de plus.

Mais je sentis mes entrailles se tordre. C’était un compliment banal. Sauf que pour moi, c’était comme s’il avait vu plus loin. Plus profond.

Après la réunion, je restai à ranger des papiers. La salle s’était vidée. Puis… je le sentis derrière moi.

— Tu as deux minutes ?

J’acquiesçai. Il entra, referma la porte.

— C’est personnel, t’inquiète pas. J’aimerais que tu participes à la prochaine revue de morbidité. Tu as une bonne analyse, j’aimerais te voir plus impliqué.

Mon cœur accéléra. C’était juste professionnel. Il fallait que ça le reste.

— Merci, docteur. Je ferai de mon mieux.

— Appelle-moi Adrien, dit-il en souriant.

Il sortit. Je restai seul.

Et le silence, ce silence-là, était plus bruyant que n’importe quelle urgence de l’hôpital. Je venais de comprendre que ce combat-là… allait être plus dur que tous les autres.

Note de l’auteur – La Voix Qui Écrit

Ce chapitre est né d’un silence.

D’un de ces silences lourds que l’on porte sans savoir s’ils viennent de nous ou de ce qu’on n’ose pas affronter.

Je voulais poser ici les premières vibrations d’un cœur qui se cherche, qui lutte entre foi, peur, désir… et cette chose qu’on n’ose pas encore appeler amour.

Si tu t’y reconnais, un peu, beaucoup, ou pas du tout… je t’invite à rester. À lire, à sentir, à laisser les mots faire écho là où peut-être toi aussi tu n’as pas encore osé poser les tiens.

Bienvenue dans mon univers.

Signé,

La Voix Qui Écrit

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