Chapitre 15 – La voix de la mère

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Le téléphone vibra plusieurs fois avant que je n’ose décrocher.

Je savais que ce moment viendrait.

Je l’avais redouté, même dans mes rêves.

Mais je décrochai.

— Allô, maman ?

Sa voix était douce. Trop douce.

— Mon fils… Comment vas-tu ?

— Je vais bien, maman.

— Tu manges ? Tu dors ?

— Oui, maman.

Un silence pesa quelques secondes. Puis sa voix changea.

Ce ton-là, je le connaissais : celui d’avant la tempête.

Le ton qui porte une blessure sous des mots enveloppés de tendresse.

— Quelqu’un est venu me parler… à l’église.

Il a dit des choses.

Des choses sur toi.

Que tu aurais changé.

Que tu aurais perdu le bon chemin.

Mon cœur se serra, comme pris dans un étau invisible.

— Qu’est-ce qu’il t’a dit exactement ?

— Que tu ne marches plus dans la lumière. Que tu es devenu… un de ceux qu’on ne comprend pas.

Un de ceux qu’on regarde de loin.

Tu sais de quoi je parle, Jonathan.

Je fermai les yeux. Un instant, j’aurais voulu redevenir l’enfant innocent qui lisait les psaumes à haute voix.

Mais cet enfant était devenu un homme.

Et ce que je portais en moi n’était pas un choix : c’était ma vérité.

— Et toi, maman… tu le crois ?

Le silence qui suivit fut plus douloureux qu’un cri.

— Je ne veux pas y croire, murmura-t-elle. Je ne peux pas. Pas toi…

Il y avait tant de douleur dans sa voix que j’en eus les larmes aux yeux.

Ce n’était pas la colère qui parlait. C’était l’incompréhension, l’effroi devant l’inconnu.

— Tu étais si doux. Si pieux. Tu voulais honorer Dieu. Tu étais ma fierté…

Qu’est-ce que j’ai mal fait ?

— Rien, maman. Rien du tout.

Elle sanglota doucement à l’autre bout du fil.

— Alors pourquoi… ?

Je pris une profonde inspiration.

— Maman… J’ai prié. J’ai pleuré. J’ai supplié.

Mais ce n’est pas une faute.

Ce n’est pas un choix.

C’est ce que je suis.

Et ce que je suis ne t’a jamais aimée moins.

Au contraire.

Long silence.

— Je ne sais pas comment porter ça, Jonathan.

Je ne sais pas comment comprendre.

— Alors ne comprends pas tout de suite, maman.

Aime-moi d’abord.

Le reste… viendra avec le temps.

Elle pleura. Mais c’était une pluie douce. Pas un orage.

— Donne-moi du temps, mon fils.

— Je t’attendrai, maman. Aussi longtemps qu’il faudra.

Elle raccrocha doucement, comme si elle me berçait à distance.

Et je restai là, dans l’obscurité de ma chambre, le téléphone encore serré contre mon oreille.

Blessé. Mais debout.

Libre.

Et, quelque part au fond de moi, plein d’un espoir nouveau :

Le feu avait touché la maison. Mais il n’avait pas tout détruit.

Note de l’auteur :

Parfois, les mots les plus difficiles à dire sont aussi ceux qui nous libèrent. Ce chapitre parle d’amour, de foi, de vérité. Il est dédié à tous ceux qui ont un jour eu peur de ne plus être aimés pour ce qu’ils sont. Merci de lire avec le cœur.

Ce chapitre est un souffle fragile.

Il parle de ces liens que même la peur ne peut briser entièrement.

Il parle d’amour. De cet amour qui hésite, qui vacille parfois, mais qui reste debout malgré les vents contraires.

Merci d’être là. Merci de lire avec le cœur ouvert.

La Voix Qui Écrit

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